Planète Ferrailles : le taureau par les cornes

Le 09/12/2015 à 18:57  

Planète Ferrailles : le taureau par les cornes

Planète ferrailles En dépit du climat délétère qui règne sur les marchés de matières premières de l’acier, un certain nombre de sidérurgistes européens ont décidé d’annoncer de prochaines hausses de prix des produits qu’ils mettront sur le marché. Prochaines hausses de coils sur le marché nord-européen, prochaines hausses de certains produits longs sur le marché italien. En matière de hausses de prix de l’acier par les temps qui courent, il y a parfois loin de la coupe aux lèvres, comprendre de l’annonce de la hausse à sa concrétisation sur le marché. Mais il fallait saluer ici le courage de ces sidérurgistes qui choisissent de « sortir de la victimisation » (victimes des importations chinoises à bas prix, victimes de la politique de la Commission Européenne qui veut les contraindre à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre) pour reprendre le combat et démontrer que la sidérurgie européenne à des qualités à faire valoir et qu’elle n’entend pas se laisser terrasser par le « Dragon chinois ».
 Cette volonté de faire décoller les prix de l’acier est confirmée en ce début de semaine par l’annonce faite par un des principaux acheteurs de ferrailles sur le marché français de hausser de 15 € le prix d’achat de ces ferrailles en décembre. Il y a fort à penser que cette hausse ne s’appliquera pas sur des volumes importants, mais elle sera dans le portefeuille du sidérurgiste pour discuter en début d’année prochaine le prix de ventes de ses aciers. Reste que la « calmitude » est présente sur le marché international des ferrailles en ce début décembre. A destination de la Turquie, la moyenne des prix s’est dégradée d’une paire de $ qui reflète tout autant le manque d’appétit des usines turques que la modestie du nombre de transactions constatées vers cette destination au cours de ces dernier jours. Un petit mouvement haussier d’une quinzaine de $ des ferrailles exportées du Japon vers la Corée fait l’évènement de la semaine. C’est loin de signifier que le marché du Sud-Est asiatique, qui reste sous la pression des exportations chinoises de produits finis et de billettes, est en train de s’enflammer. Sur le marché américain, d’après les premières indications, il semble que la reconduction des prix de novembre se soit plus ou moins confirmée. Reste également que nous évoluons dans un monde économique complétement ouvert, que les exportations chinoises ont dépassé avant le terme de l’année le cap des 100 millions et que les « grands mineurs » n’ont pas l’air, malgré l’effondrement du prix du minerai, malgré leur effondrement en bourse et malgré les pertes qu’ils enregistrent, de vouloir changer d’un iota leur stratégie sidérante.

 Longs
 Un sentiment négatif s’est installé. L’Association internationale des producteurs et exportateurs de produits longs, l’Irepas vient de publier une dernière note de conjoncture pour 2015 placée sous le signe de la désillusion. La tonalité généralement combative de ces notes a laissé place en décembre à un discours placé sur un mode mineur. La saison y est évidemment pour quelque chose. L’activité des usines va progressivement se rapprocher de zéro et les acheteurs ont sans doute désormais peu ou prou passé leurs dernières commandes. En Europe et aux Etats-Unis, les usines ont généralement obtenu des commandes pour ce qu’ils avaient l’intention de produire à des niveaux d’utilisation de capacité particulièrement bas. De plus, les usines américaines ont pris leurs précautions en proposant de sérieuses ristournes afin d’élever un rempart vis-à-vis des commandes sur le marché import au 1er trimestre 2016 et il semble que cette stratégie ait convenablement fonctionné. Les usines européennes ont bénéficié de la faiblesse de l’euro qui fait office de repoussoir pour bon nombre de produits importés et leur apporte un peu d’air.

Au mois de novembre, la demande de ronds à béton des Emirats Arabes Unis a connu une progression notable ce qui a permis au producteur local de relever ses prix de 8 $ sur ses livraisons de décembre.

La production de produits longs a connu un fort tassement à peu près partout dans le monde en raison de la pression qu’ont exercé les volumes exportés principalement par la Chine. Cette pression devrait continuer de s’exercer au cours des mois à venir si les conditions de production actuelles se maintiennent. Il est vraisemblable que dans ce contexte, un certain nombre d’entreprises sidérurgiques seront conduites à suspendre leur activité et en particulier celles qui ne sont pas suffisamment solides financièrement et qui pourraient être contraintes à se retirer du marché.
L’instabilité politique qui se perpétue dans certaines régions du monde et l’ambiance négative qui règne en Europe qui s’est encore dégradée au cours de ces dernières semaines avec la crise des réfugiés et les attentats n’est pas propice au développement des investissements. Les fonds qui étaient destinés à la rénovation des infrastructures en Allemagne seront finalement dépensés sous forme d’aides aux réfugiés.

La faiblesse du prix du minerai qui oscille désormais autour de 40 $ et dont on prévoit qu’il devrait en 2016 passer sous la ligne des 35 $ confère à la filière fonte un sérieux avantage compétitif. Les usines filière fonte installées en Europe qui bénéficieront d’un repli du prix du minerai au 1er trimestre 2016 devraient exercer davantage de pressions sur les prix des ferrailles.

Sur le front des ferrailles, le mois de novembre a débuté sur une amélioration des prix motivée par le résultat des élections qui se sont déroulées au début du mois. La mise en place d’une majorité parlementaire favorable au gouvernement a été le signe de reprise de la mise en place d’infrastructures et des projets de construction. Les usines turques ont donc pris la décision de remettre à niveau leurs stocks de ferrailles et les besoins pour jusqu’à la fin de l’année ont été couverts en l’espace d’une quinzaine de jours. Avec la montée des tensions entre le Turquie et la Russie, le mois de novembre s’est achevé avec quelques interrogations sur l’avenir des approvisionnements de la Turquie. Le marché est lentement parti à la dérive à la fin du mois avec des prix européens plutôt stables en raison de la faiblesse du disponible, le bas niveau de l’€ leur servant de protection.
Une action antidumping à l’encontre des importations chinoises de ronds à béton par les Britanniques devrait être en place en janvier. Il reste à savoir si cette action concernera le marché européen dans son ensemble ou si son impact sera limité au Royaume-Uni et à l’Irlande. Cette action pourrait avoir un impact positif sur les prix si des importations d’autre provenance n’arrivent pas à s’aligner sur le niveau de prix des aciers en provenance de Chine.

On constate des réductions de production au sein de l’union Européenne, en Turquie et en Asie et quelques fermetures d’usines en Chine. Des rumeurs circulent sur d’éventuelles nouvelles fermetures sur le marché britannique et l’Irepas s’interroge de savoir s’il ne faut pas voir là l’arrivée au bout d’un cycle caractérisé par la dégradation des conditions de marché. Quelques signes de réduction de surcapacité de production constituent le seul signe réellement positif sur le marché encore qu’il s’agisse d’un processus extrêmement lent. L’Association des producteurs chinois d’acier a indiqué en début de mois une diminution des capacités de production de 9 000 000 de t en 2016 par rapport à 2015 (alors que les exportations chinoises d’acier vont surement atteindre les 100 000 000 de t cette année !). La CISA a également estimé que la production chinoise devrait atteindre 806 000 000 de t en 2015 et que la consommation chinoise d’acier ne dépassera pas 668 000 000 t. En 2016, 783 000 000 t de production et 654 000 000 t de consommation.

La concurrence avec les producteurs chinois reste très vive en de nombreux points de marché, une concurrence souvent décrite comme déloyale par les opérateurs qui en sont victimes. Les producteurs de produits longs en Turquie auraient choisi de donner désormais plus d’importance aux prix qu’aux volumes. Dans ces conditions, il y a peu de chances que l’instabilité du marché se résorbe si la demande n’est pas suffisante par rapport à une offre surabondante nonobstant les incertitudes politiques et l’évolution des parités monétaires.
Les perspectives de marché constituent un véritable défi. L’impact des baisses du coût de l’énergie et du minerai de fer restent à voir. Les choses pourraient évoluer rapidement et les intervenants sur le marché devront réagir rapidement. Côté marché des ferrailles, l’Irepas estime que les perspectives de la demande au 1er trimestre devraient être convenablement orientées. Cela n’engage qu’elle (ndlr)

Eurofer satisfaite du nouveau paquet sur l’économie circulaire. «L’acier est un matériau permanent 100% recyclable», a déclaré Axel Eggert, directeur général d’Eurofer, soulignant qu’il était important que le paquet sur l’économie circulaire soutienne l’utilisation et le recyclage de l’acier et de ses sous-produits. Entre nous, on se demande à quoi servirait un paquet sur l’économie circulaire s’il ne soutenait pas le recyclage. L’association se déclare «globalement satisfaite» des propositions de la Commission. Elle souligne notamment une « amélioration du texte sur les sous-produits », de nouvelles mesures favorisant l’utilisation des matériaux durables et des produits recyclables (recyclés ?), et la promotion de systèmes de tri et de recyclage de haute qualité.

Eurofer estime néanmoins que certains éléments devraient être développés tels que le passage d’une gestion des déchets à celle des ressources ou encore la fixation d’un objectif de recyclage spécifique pour les déchets de construction et de démolition.
Jeudi prochain à Luxembourg une conférence sur le financement de l’économie circulaire organisée par la Commission européenne, le gouvernement luxembourgeois qui préside actuellement l’Union Européenne et la Banque européenne d’investissement (BEI).

 France  

 La faiblesse de l’€ n’a pas profité au commerce extérieur de l’acier. Les exportations françaises d’acier à destination des Pays-Tiers ont chuté de 23 % au cours des 9 premiers mois de l’année tandis que les importations en provenance de ces mêmes Pays-Tiers auraient progressé de 71 %. Les exportations de produits longs enregistrent un repli 14.3 % à tandis que celles de produits plats reculent de 24 %. A destination des autres pays de l’Union Européenne, les exportations françaises d’acier reculent de 5.8 %, celles de produits longs de 5.3 % et celle de produits plats de 6.2 %. Les importations d’aciers des Pays-Tiers ont progressé de 71.4 %. Tandis que les importations de produits longs reculaient de 33 %, celles de produits plats augmentaient de 150 %. Les importations d’acier en provenance des autres pays de l’Union Européenne ont progressé de 15.5 %, celle de produits longs de 16.5 % et celles de produits plats de 15.3 %.

Espagne

 Un chantier de démolition navale à Gijón. Après 3 ans de négociations diverses, Antonio Barredo a annoncé qu’il ouvrirait en juin 2016, un chantier de démolition navale dans le port de Gijón au Nord de l’Espagne. 3 millions d’€ ont été investis et 50 000 t de ferrailles devraient être produites par le chantier qui prendra en charge des petites et moyennes unités.

Tubos Reunidos : en route pour la diversification. La crise pétrolière a impacté le spécialiste espagnol des tubes. Au cours des 9 premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires de l’entreprise a reculé de 8 % à 275 millions d’€. Face à la crise, qui pourrait durer, l’adaptation aux conditions de marchés est nécessaire. Le secteur du gaz se porte un peu mieux tout comme l’aval du secteur pétrolier, le raffinage et la pétrochimie, alors que l’exploration et la production sont au plus mal. Cette diversification permettra sans doute de résister mais ne sera pas en mesure de compenser les pertes. Chez Tubacex, le constat est le même. Le spécialiste des tubes sans soudure en inox est rudement affecté par la chute de la demande sur les marchés du pétrole et du gaz.

 Royaume Uni
 Celsa Cardiff remise en route. 3 semaines après l’explosion du four de la filiale britannique du groupe espagnol qui a fait deux morts et plusieurs blessés l’usine a été remise en production en même temps que les investigations se prolongent pour mettre à jour les causes de ce drame.

 Turquie

 Les sidérurgistes inquiets sur l’avenir de leur relation avec la Russie. Au cours des 9 premiers mois de l’année, la Turquie a importé de Russie 7.3 millions de tonnes d’acier sous forme de produits finis et semi-finis. La Turquie exporte également vers ce pays des volumes non négligeables. Les exportateurs turcs d’acier se plaignent d’avoir été victimes de quelques « turpitudes » depuis que les relations politiques entre les deux pays se sont détériorées avec notamment quelques retours d’expédition.
Les exportations turques d’acier en repli. Au cours des 11 premiers mois de l‘année 2015, les exportations turques d’acier, à 14 700 000 t affichent un tassement de 7.2 %

 Russie

 Nettoyage de l’Arctique. Une nouvelle campagne de nettoyage de l’Arctique devrait débuter en juin prochain. Le but : récupérer les ferrailles disséminées sur ce territoire par les « activités » du Ministère de la Défense à l’époque soviétique et post soviétique. 4 600 t de déchets métalliques pourraient être collectés au cours de cette prochaine campagne. En 2015, l’armée russe a entrepris le nettoyage de 78 ha et rassemblé 4 300 t de ferrailles dont 1 800 tonnes ont été extraites de ces territoires et 2 500 t préparées pour la campagne 2016. Ces campagnes de nettoyage pourraient s’étendre jusqu’en 2016.

Ukraine 

 Exportations de ferrailles en hausse. Au cours des 11 premiers mois de l’année, les exportations ukrainiennes de ferrailles ont augmenté de 40.4 % pour atteindre 1 175 000 t.

Japon 

 Des signes de « reprise » sur le marché des ferrailles. Au cours de la seconde quinzaine de novembre, les prix de ferrailles au Japon ont manifesté le désir de mettre un terme à une longue phase de dégradation. Les négociants ne comptent sur une brutale remontée des cours, mais le marché semble vouloir mettre un terme à la baisse après 6 mois de tassement presqu’ininterrompu. Sur les marchés export, les prix des ferrailles ont également enregistré un léger mieux notamment à destination du Vietnam et de Taïwan. Ce sont d’ailleurs ces hausses qui ont convaincu les exploitants d’usines électriques domestiques à faire progresser leurs prix d’achat. Malgré cette timide amélioration des conditions de marché, personne ne rêve au Japon en estimant que la page de la crise est tournée mais par les temps qui courent, toute amélioration est bonne à prendre.

Chine

 Les exportations d’acier ont crevé le plafond des 100 000 000 de t. On n’attendait cette nouvelle qu’à la fin de l’année. 11 mois auront suffi à l’Empire du Milieu pour atteindre la prévision. Au cours des 11 premiers mois de l’année, la Chine a exporté 101 700 000 t d’acier : il se pourrait bien qu’en fin d’année on se soit sérieusement rapproché des 110 000 000 de t. Au mois de novembre, la Chine a exporté 9 610 000 t d’acier. Ce chiffre est légèrement en retrait par rapport au volume exporté en novembre 2014.Si les exportations chinoises d’acier n’ont pas retrouvé leur niveau mensuel record de 11 300 000 t atteint au mois de septembre, elles ont progressé de 0.6 % par rapport à leur niveau d’octobre. Au cours des 11 premiers mois de l’année, les exportations chinoises d’acier ont progressé de 21.7 % par rapport à la même période de 2014 en dépit des entraves de plus en plus nombreuses qui tentent de leur barrer le chemin. Fort discrètement, la Chine aurait annoncé qu’elle avait l’intention dès le 1er janvier prochain de réduire de 25 à 20 % la taxe qu’elle applique sur les exportations de billettes et qu’elle en profiterait également pour réduire la taxe à l’exportation sur la fonte marchande.

Les importations de ferrailles se tassent un peu plus encore. Au mois d’octobre dernier, la Chine a importé 163 000 t de ferrailles soit 11.6 % de moins qu’au mois d’octobre 2014. Par rapport au mois de septembre 2015, les importations de ferrailles de la Chine ont reculé de 15.4 %. Au mois d’octobre, le 1er fournisseur de la Chine a été le Japon qui lui a livré 149 000 t soit 91.4 % de ses achats extérieurs. Loin derrière en termes de tonnage, la Corée du Sud a livré 4 000 t à la Chine. Depuis le début de l’année, la Chine a importé 2 065 000 t. En 2015, la Chine devrait importer 2 500 000 t de ferrailles soit un tonnage à peu près équivalent à celui de l’an dernier. Il convient néanmoins de rappeler ici qu’entre 2014 et 2013, les importations chinoises de ferrailles avaient chuté de plus de 40 %.

La sidérurgie chinoise exporte massivement, ce qui ne l’empêche pas de perdre de l’argent. Selon l’agence Chine Nouvelle, les grandes et moyennes entreprises sidérurgiques ont enregistré une perte cumulée de 11 340 000 000 de $ au cours des 10 premiers mois de l’année. Ce qui ne représente guère qu’une perte moyenne de 16.8 $ à la tonne produite. Parmi les 101 entreprises sur lesquelles la CISA, la fédération chinoise de la sidérurgie a enquêté la marge moyenne réalisée sur les ventes a reculé de 1.5 % sur la période, le pire résultat jamais enregistré par la sidérurgie chinoise.
La production d’acier continuera de se tasser en 2016. Selon l’institut de planification de l’industrie métallurgique, la production chinoise d’acier reculera de 3.1 % à 781 000 000 t en 2016 entraînant une chute de 4.2 % de minerai de fer. Quant à la consommation d’acier en Chine l’an prochain, l’institut estime qu’elle reculera de 3 % par rapport à 2015 à 648 000 000 t. Nonobstant que la Chine, malgré la crise, continue d’importer de l’acier par-ci, par-là, la production devrait dépasser la consommation d’environ 133 000 000 de t, ce qui nous laisse augurer de nouveaux bonheurs.

Minerai de fer 

 Bien installé sous 40 $. Le prix du minerai 62 % pour livraison immédiate sur le port de Tianjin a reculé de 0.3 % mardi pour s’établir à 38.80 $. La chute de la demande d’acier en Chine conduit progressivement les sidérurgistes à ralentir leur production voire à la stopper quand c’est possible. On ne se précipite pas à acheter et les stocks sur les ports enflent comme des vaches qui ont mangé de l’herbe humide. Ils ont atteint récemment 90 millions de t, leur niveau le plus élevé depuis le mois de mai. Un certain d’analystes estiment que le minerai est en train de se diriger tranquillement vers les 30 $. Un certain John Kovacs estime même que sous 40 $, les grands mineurs qui conduisent la politique d’accroissement de la production alors que la demande se tasse, pourraient se retrouver coincer dans leur propre piège. Les bourses ont manifesté leur méfiance un peu partout dans le monde à l’encontre des grands producteurs. Vale a retrouvé à Sao Paulo sa cotation la plus faible depuis 2003 et BHP a affiché à Sydney son cours le plus faible depuis 2005.
Malgré la situation désastreuse dans laquelle les mineurs sont entrain de conduire la sidérurgie mondiale, ils continuent de justifier leur politique en expliquant aux « abrutis » qui n’y comprennent rien qu’ils mènent, eux, « une politique à long terme ».