20 ans ! C’est dans la boite !!!

Cette semaine, Eco-Emballages, premier éco-organisme « à la française », officiellement né le 12 novembre 1992, fêtait ses 20 ans révolus. Deux décades effectives de communication, de sensibilisation, de prélèvements d’éco-taxe (alias le Point Vert) sur les producteurs d’emballages, histoire de lancer, de développer et surtout de faire progresser la collecte sélective des déchets d’emballages dans notre pays, lesquels envahissent les poubelles en raison de la déferlante qui s’est abattue sur notre pays et qui a débouché sur l’omniprésence de la grande distribution et de l’industrie agro-alimentaire dans le quotidien, au détriment des productions locales et ou plus confidentielles. Un sacré bout de chemin a été parcouru ; il séduit certains, mais suggère des critiques à d’autres : l’éco-organisme ne collecte pas que des compliments, en effet…
Eric Brac de la Perrière, directeur général d’Eco-Emballages et son équipe invitaient les 4 et 5 décembre de très nombreuses structures impliquées, des industriels, mais aussi des collectivités locales ayant emboité le pas de la collecte sélective, rapidement, ceci dans le cadre de débats organisés sous forme de tables rondes…




L’étude tend à montrer aussi (mais on ne sera pas surpris) que « c’est la faute au gouvernement » qui laisse faire, si l’environnement se dégrade. Les personnes interrogées attendent beaucoup des maires et notamment qu’ils s’impliquent, mais aussi des industriels qui devraient préciser les consignes de tri sur les emballages. Ce sera fait progressivement puisque la loi prévoit que cette information sera généralisée d’ici à 2015.

Les collectivités considérant volontiers que ce n’est pas assez puisque les sommes allouées ne couvrent que trop partiellement les coûts effectifs de ces collectes sélectives.
En face, des industriels qui payent leur obole (en répercutant sur le porte monnaie des consommateurs dans leur large majorité) : environ 50 000, ils ont tout mis en œuvre pour pratiquer l’éco-conception et produire des emballages nettement plus légers (avec à la clé des économies d’achat de matières premières, et une production moindre de déchets d’emballages en tonnage). C’est ainsi que l’on nous annonce par exemple, que grâce aux prouesses techniques, une bouteille d’eau en matière plastique pèse 30 grammes en moyenne, contre 45 gr, il y a 20 ans. Il en va de même des emballages en verre et en métal : tous les types d’emballage ont bel et bien « maigri » au fil de ces 20 dernières années.

Parce qu’il est question, légalement parlant, de couvrir 80% des coûts supportés par les collectivités dans le cadre de la collecte de ces déchets. Si Eric Brac de la Perrière se veut rassurant en déclarant que «nous sommes à 76%, nous y parviendrons» (et quand bien même, cela signifie aussi que le contribuable prend les 20% restant à sa charge, via la fiscalité locale).
A ce stade du débat, le sujet divise ; c’est le moins que l’on puisse en dire. Que ce soit le Cercle National du Recyclage ou Amorce, les deux principales associations regroupant les collectivités locales, râlent!

«Au lieu de cela, Eco-Emballages lie cet objectif de 80% à l’atteinte d’un taux de recyclage de 75% (contre environ 68% aujourd’hui)», poursuit le président d’Amorce qui précise d'ailleurs sa pensée, en dénonçant une aberration : consommateurs et contribuables paient 1,33 fois le coût effectif de la collecte!!! Et comme tout le monde n'est pas contribuable dans ce pays, inutile de dire que les contribuables qui trinquent ne le font pas à moitié!!!
A cela s'ajoute un autre argument de poids que le président d'Amorce envoie sans emballage ou fioriture : les dernières tonnes seront les plus chères à aller chercher ; pas question pour les collectivités locales d'aller les récupérer, sans billes dans le sac.
Et d'insister sur la part trop faible des sommes collectées qui sont reversées aux collectivités, mais aussi sur une pression insuffisante exercée par Eco-Emballages sur les industriels (lesquels sont actionnaires d'Eco-Emballages, faut-il le rappeler : est-ce facile pour les dirigeants d'une SA, de taper sur l'actionnariat? Ambigue que cette question là...).
Cela étant dit, ce n’est pas le tout de collecter ! Il faut aussi recycler !




Et d’ajouter que pour « l’industrie du verre, la matière recyclée a intégré le quotidien des usines depuis plus de 30 ans » en France…

Cela étant, s’il admet que recycler du plastique « coûte cher », il rappelle que 50% des cotisants à Eco-Emballages appartiennent au secteur de l’emballage plastique… « La question qu’il est bon de se poser, c’est de savoir jusqu’à quel seuil et jusqu’à quel prix, recycler »…
« On ne peut pas dire : on va tout faire et très vite. Il est fondamental d’être pragmatique. D’ores et déjà, Eco-Emballages a consacré 30 millions d’euros afin de développer le recyclage des matières plastiques »…

Pavé dans la mare ? Peut-être… Mais peu importe après tout, puisque la donne est en train de changer, afin de mettre progressivement en adéquation les réalités économiques du recyclage et le statut juridique de ce qui est trié et recyclé dans les règles de l’art…

« J’ai travaillé avec Eco-Emballages depuis ses débuts : les consignes de tri ayant été ce qu’elles étaient, j’ai désobéi et ai organisé quand même, sur mon département, la collecte des films plastiques » : 600 tonnes par an dans le Lot, ce qui correspond à environ 240 000 tonnes à l’échelle nationale.
« Pour autant, les films plastiques n’entraient pas dans les consignes de tri telles que prônées par Eco-Emballages. Trouvez-vous cela normal, quand des unités de recyclage françaises sont en quête de matières », interroge l’élu !? « Je le répète : il ne faut pas complexifier outre mesure… On a peut être empêché certains développements industriels en raison de ces consignes trop strictes »…




