A Paris, le compostage collectif fertilise le lien social


Nous avons fêté le premier anniversaire de nos composteurs l’été dernier. Sur les 560 logements que compte la résidence, 50 foyers participent à l’expérimentation. Chacun met ses déchets organiques dans un seau (épluchures de fruits et légumes, marc de café, restes de pâtes, coquilles d’oeufs, papiers, fleurs flânées...) et, 2 fois par semaine en moyenne, vide son seau dans l’un des 4 composteurs installés dans le jardin. En même temps, il faut y ajouter de la matière sèche comme de la sciure de bois ou, si la saison s’y prête, des feuilles sèches.
Pour faire du compost, il faut respecter un équilibre entre les matières vertes, molles et humides (déchets de cuisine) qui sont des matières azotées, et les matières sèches, brunes et carbonées (feuilles mortes, brindilles, bois d’élagage broyé, sciure de bois...), selon un rapport de 40/60 environ. Quand le compost arrive à maturité, les participants l’utilisent dans leurs jardinières. On l’a également étendu sur une parcelle destinée à devenir un potager où chacun pourra cultiver son lopin de terre. On voit bien le cycle vertueux de l’économie circulaire où le déchet devient une ressource. Il ne s’agit pas d’amener la campagne à Paris mais de passer à l’acte pour faire quelque chose de nos déchets.

Les déchets organiques représentent 30% du poids de nos poubelles. Si on les recycle, ce sont autant de résidus qui ne sont pas traités dans le circuit habituel. Les déchets de cuisine comportent parfois jusqu’à 90% d’eau. Quand il est possible de les dégrader biologiquement sur place, il est aberrant de mettre des camions sur les routes pour les collecter, les transporter et ensuite les brûler. On sait transformer les déchets organiques en compost depuis la nuit des temps. Le défi, c'est de le faire en milieu urbain dense. Mais Paris ne manque pas de bouts de jardin.

Il faut compter 8 à 10 mois pour avoir du compost mûr. C’est une décomposition maîtrisée des déchets organiques par des micro-organismes : des bactéries, des champignons, puis, qui viennent du sol, des invertébrés comme les vers de terre. Dans la nature, cela prendrait 2 à 3 ans. Nous accélérons le processus en veillant à optimiser l’oxygène, l’humidité et l’équilibre des matières azotées et carbonées. Chacun s’est engagé par exemple à aérer régulièrement le mélange. De temps à autre, on donne un grand coup de fourche. Quand le compost est mûr, il a une bonne odeur de terre et de forêt.

Si le processus est conduit dans les règles de l’art, il n’y a pas d’odeur. Par ailleurs, au début du processus, il y a une montée en température qui peut aller jusqu’à 70°C : cela tue les germes pathogènes éventuels. Il n’y a pas de plaintes à propos des odeurs.

Faire du compost, c’est participer à un écosystème naturel porteur de sens. Le compost fertilise non seulement le sol mais aussi le lien social ! Des personnes qui ne se croisaient pas se rencontrent et se parlent. On retourne ensemble le compost, on le passe au tamis, les enfants s’amusent à le tamiser, on prend l’apéritif ensemble... C’est une aventure collective, un partage de vie.

source : Syctom de l'Agglomération parisienne
