Acquisition de Metallo par Aurubis : un problème de concurrence

Le 20/11/2019 à 16:34  
Acquisition de Metallo par Aurubis : un problème de concurrence
 La Commission européenne vient d'ouvrir une enquête approfondie afin d'examiner le projet d'acquisition de Metallo par Aurubis, à la lumière des règles de l'UE en matière de concentrations. Elle craint en effet que cette acquisition ne réduise la concurrence sur le marché des achats de débris de cuivre destinés au raffinage...

 Aurubis, établie en Allemagne, est un fournisseur mondial de métaux non ferreux et le plus grand producteur intégré de cuivre en Europe. L'entreprise valorise des concentrés et des débris de cuivre et fabrique des cathodes de cuivre et des sous-produits issus du processus de raffinage du cuivre. Elle fournit également des formes en cuivre et des produits semi-finis en cuivre et en alliages de cuivre, tels que des produits laminés plats, des barres et des fils. Metallo, établie en Belgique, est active dans les domaines du recyclage, de valorisation et de la commercialisation de métaux non ferreux. Plus particulièrement, la société pratique le raffinage des débris de cuivre pour produire des anodes et cathodes de cuivre, de l'étain, du plomb et d'autres sous-produits issus du processus de raffinage.

 La concentration réunirait ainsi les 2 plus grandes entreprises d'achat et de raffinage de débris de cuivre en Europe, ce qui gonflerait considérablement les parts de marché cumulées dans les secteurs de l'achat et du raffinage de ces produits. L'enquête laisse entendre, dans sa phase préliminaire, que les 2 entreprises sont les plus proches concurrentes l'une de l'autre, notamment en ce qui concerne l'achat et le raffinage de débris de cuivre complexes et contenant de l'étain. Pour les entreprises qui fournissent ces matériaux, Aurubis et Metallo pourraient devenir les 2 seuls acquéreurs envisageables.

 L'enquête initiale suggère en outre que l'exportation de certains types de débris de cuivre pourrait ne pas constituer une solution de remplacement viable, dès lors qu'il semble exister des limites réglementaires à l'exportation de certains types de déchets et que les coûts du transport longue distance, ainsi que d'autres facteurs, pourraient faire obstacle à la rentabilité des exportations.

 Par conséquent, la Commission craint, à ce stade, que l'opération confère à l'entité issue de la concentration une position dominante dans le secteur de l'achat de débris de cuivre à raffiner, la dotant ainsi d'une puissance d'achat accrue pour négocier à la baisse le prix des débris de cuivre qu'elle achète. En empêchant la concurrence par les prix, l'opération pourrait ainsi perturber le fonctionnement normal du secteur du recyclage du cuivre, détournant ainsi les recycleurs de la collecte et du tri des débris de cuivre.
 La Commission examinera également plus en profondeur les points suivants:
 Une baisse du prix des débris de cuivre pourrait se traduire par des coûts plus élevés pour les fabricants industriels qui génèrent des débris de cuivre, sous la forme de sous-produits, dans le cadre de leur production industrielle. Ces fabricants pourraient répercuter sur leurs clients l'augmentation globale de leurs coûts, avec le risque d'observer une hausse des prix des produits manufacturés.
 Au sein de l'Espace Economique Européen (EEE), Aurubis est le plus grand producteur sur les marchés en aval des cathodes de cuivre et du fil machine. En acquérant Metallo, l'entreprise pourrait prendre le contrôle du marché de la fourniture de matières premières indispensables à la fabrication de ces produits. La Commission examinera plus avant la question de savoir si la concentration augmentera l'intérêt qu'a Aurubis, ainsi que sa capacité, à restreindre la capacité de ses concurrents actuels ou potentiels à exercer une concurrence effective.
 L'opération avait été notifiée au départ à la Commission le 30 août 2019 avant d'être retirée. L'opération lui a été notifiée une nouvelle fois le 14 octobre dernier. Aurubis et Metallo ont décidé que, pendant l'enquête initiale, elles ne présenteraient pas d'engagements visant à répondre aux préoccupations exprimées par la Commission à titre préliminaire. Celle‑ci dispose à présent de 90 jours ouvrables, soit jusqu'au 3 avril 2020, pour prendre une décision. L'ouverture d'une enquête approfondie ne préjuge pas de l'issue de la procédure.