Algues vertes : l'enquête suite au décès d'un joggeur est classée sans suite

Le 04/04/2017 à 19:07  

Algues vertes : l'enquête suite au décès d'un joggeur est classée sans suite

algues vertes "Les causes du décès restant au terme de l'enquête médicalement incertaines, il ne pourrait être juridiquement établi aucun lien de causalité direct et certain avec une éventuelle faute constitutive d'une éventuelle infraction", a expliqué le procureur. C'est ainsi que l'enquête sur le décès d'un coureur à pied, dans une vasière à l'embouchure du Gouessant (Côtes-d'Armor), début septembre 2016, a été classée sans suite par le parquet de Saint-Brieuc... Ceci étant établi, il en est qui ne lâcheront pas prise, des médecins spécialisés en toxicologie, considérant que des signes concordants vont vers une intoxication aigüe au sulfure d'hydrogène...

 Âgé de 50 ans, sportif et habitué des lieux, le joggeur avait été retrouvé mort à Hillion le 8 septembre 2016, dans la vase, à l'embouchure d'un fleuve côtier, le Gouessant, dans la baie de Saint-Brieuc.

 En apprenant le lieu du décès, des associations s'étaient immédiatement interrogées sur le lien avec les algues vertes, qui, en se décomposant, émettent du sulfure d'hydrogène (H2S), un gaz extrêmement toxique à forte dose.
A l'été 2011, en effet, 36 sangliers avaient été retrouvés morts dans cet estuaire; en 2014, par un arrêt en date du 21 juillet 2014, la cour administrative d’appel de Nantes a donné raison à Monsieur Vincent Petit, défendu par le Cabinet Huglo Lepage, dont le cheval était décédé des suites de l’inhalation du sulfure d’hydrogène dégagé par les algues (voir notre article).

Or, dans le cas qui nous occupe, "l'hypothèse d'une intoxication par le sulfure d'hydrogène (H2S) est la plus probable, sans pouvoir néanmoins affirmer qu'il s'agit du seul facteur contributif de la mortalité massive", a considéré l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire) dans un rapport.

 Pour le joggeur, le parquet de Saint-Brieuc avait ordonné, mais seulement deux semaines après les faits, n'ayant pas fait immédiatement le rapprochement avec les algues vertes, l'exhumation du corps pour pratiquer une autopsie et des analyses toxicologiques.
Leurs résultats n'avaient pas permis pas de déterminer clairement les causes du décès. Le procureur de la République de Saint-Brieuc, Bertrand Leclerc, avait toutefois précisé, dans son communiqué, que l’aspect des poumons du joggeur "était compatible avec une asphyxie œdémateuse orientant vers une cause d'origine centrale qui peut survenir tant sous l'effet de toxiques, dont l’H2S, que d’une privation brutale d’oxygène résultant d'un arrêt cardiaque".
Deux associations avaient alors contesté les conclusions du parquet, "Bretagne terres d’eau pure" regrettant pour sa part que les investigations initiales aient évité les prélèvements sanguins au moment du décès, "alors qu’il est d’usage d’en pratiquer immédiatement pour la recherche du dosage d’H2S".

 De leur côté, des médecins, dont plusieurs spécialistes en toxicologie, avaient affirmé que les informations communiquées par le procureur de la République montraient "des signes concordants d'une intoxication aiguë au sulfure d'hydrogène" du joggeur dont la famille, informée lundi du classement sans suite, n'a jusqu'à présent pas porté plainte.
Dans un communiqué, Yves-Marie Le Lay, président de l'association Sauvegarde du Trégor, a fait part de son "trouble" après la décision du classement sans suite. Une "décision qui colle à toutes celles déjà prises par les administrations préfectorales et judiciaires chaque fois que se produit une intoxication à l’hydrogène sulfuré issu de la décomposition des marées vertes" ?
"Nous, on ne va pas classer cette affaire sans suite", a assuré, notamment auprès de l'AFP, André Ollivro, coprésident avec M. Le Lay de l'association Halte aux marées vertes, qui envisage "de porter plainte" contre X "pour mise en danger de la vie d'autrui".