Ascoval : le bout du tunnel, enfin!

Après plusieurs années d’incertitudes, et de combat, la décision du tribunal de Strasbourg, qui devait être rendue ce 2 mai, est tombée en ce début d'après midi : l’aciérie Ascoval de Saint-Saulve (Hauts-de-France), consommatrice de ferrailles issues du recyclage, est fixée sur son avenir, quatre ans après sa première restructuration. Le sidérurgiste britannique British Steel a été désigné comme repreneur de ex-filiale de Vallourec, et deviendra officiellement propriétaire le 15 mai prochain.
Créée en 1975 par Vallourec et devenue Ascoval en 2017, l'aciérie qui fabrique des tubes d'aciers spéciaux attend un repreneur depuis la liquidation judiciaire en février 2018 du groupe Asco Industries, auquel le sidérurgiste Vallourec avait cédé 60% de l'usine.

De son côté, le chef de l’État assurait en novembre dernier sa volonté de «sauver» Ascoval, avant qu’un mois plus tard, un plan de financement «solide» soit trouvé avec le groupe Altifort, une offre qui sera validée le 19 décembre 2018 avant de sombrer deux mois plus tard du fait de « difficultés de financement», avait-t-on déclaré à l’époque, dans l’entourage du président de région, Xavier Bertrand. Dans celui du ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, le ton était plus âpre : « Altifort a trompé tout le monde»... L’offre d’Altifort a donc été retirée et l’affaire renvoyée au 27 mars, puis au 24 avril, puis au… jeudi 2 mai, des sursis accordés par la justice pour éviter le pire..

Trois autres offres étaient à l'étude des juges de la chambre commerciale du tribunal de grande instance (TGI) de Strasbourg. La première, Calvi Networks fabricant italien d'aciers spéciaux, dont le projet était jugé solide, a rapidement retiré sa candidature faute d’avoir pu boucler son plan de financement. Venaient ensuite le fonds SecuFund Industry et l’industriel régional Pascal Cochez : ces deux offres semblaient faibles face au «seul projet sérieux», selon les termes de l’avocat de l’entreprise, Me Guilhem Brémond, à savoir celui du britannique.

« Jusqu'au milieu des années 1990, l'État français avait largement accompagné la restructuration de la sidérurgie française via la nationalisation d'Usinor. La création d'Arcelor en 2002 puis le rachat d'Arcelor par l'indien Mittal, son principal concurrent, a dépossédé l'État français de tout levier d'action dans ce secteur. Mais l'impuissance de l'État n'est pas due qu'à sa faiblesse actionnariale. Elle est aussi le produit d'une absence de stratégie industrielle de moyen et long terme. Depuis la fin de la planification à la française, et en raison des règles européennes qui consacrent le principe d'une concurrence 'libre et non faussée', l'État semble avoir abandonné toute volonté d'intervenir sur l'appareil productif français. Les privatisations et la financiarisation ont fortement nui au dynamisme de l'industrie en France », avaient d'ailleurs analysé les deux économistes David Cayla et Henri Sterdyniak, soulignant que le sort de l'aciérie d'Ascoval est loin d'être isolé.

Pour l'heure et par faute de commandes, la production de l’aciérie est à l’arrêt jusqu’au 13 mai, mais Ascoval compense la perte de salaire engendrée par le chômage technique.
