Attention au plastique dans les biodéchets et le compost...

Le 14/05/2018 à 14:44  
Attention au plastique dans les biodéchets et le compost...
 A la lumière des politiques sur l'économie circulaire et de la priorité accordée à la valorisation de la fraction organique, la collecte séparée des biodéchets sera obligatoire dans toute l'Europe dès 2023. La contamination croissante par les plastiques non compostables, surtout dans les grands centres urbains, est en train de devenir une priorité pour de nombreux pays européens. Cette question essentielle a été abordée lors de la conférence allemande "Kasseler Abfall - und Ressourcenforum 2018" consacrée à la gestion des déchets, dont la 30ème édition s'est tenue à Kassel du 10 au 12 avril derniers...

 Lors de cette conférence, de nombreux débats ont eu lieu entre les représentants des associations nationales des industriels du compostage d'Allemagne, d'Autriche, de Suisse et d'Italie, 4 pays européens possédant une expérience de longue durée et établie dans le secteur de la collecte des déchets organiques en Europe.

 La session "La problématique des plastiques présents dans les biodéchets et dans le compost - Comparaison dans 4 pays européens entre la situation actuelle et les solutions à venir" s'est tenue le 11 avril dernier au Palais des congrès de Kassel, avec la participation de Hubert Seiringer de KBV (Association des entreprises de compostage autrichienne), Marco Ricci Jürgensen du CIC (Consortium italien des entreprises de compostage), Konrad Schleiss de Biomasse Suisse, et Bertram Kehres de BGK (Association allemande pour la qualité des composts).

 Le CIC a présenté le système italien et exposé les résultats, rendus publics le 9 octobre 2017 à Milan, des 45 analyses effectuées dans 27 sites de valorisation organique (15 plateformes de compostage et 12 usines de méthanisation avec compostage) dans le cadre du projet "Di che plastica ?" ("Quel est votre plastique ?"), réalisé en collaboration avec Assobioplastiche, Conai et Corepla. Les suivis effectués par le Consortium ont montré que la contamination par les plastiques des déchets alimentaires collectés en Italie est inférieure à 4,9%. Il s'agit principalement de plastiques non compostables. 44 % des sacs utilisés pour la collecte des déchets de cuisine sont encore en plastique "traditionnel". On rencontre des situations analogues dans d'autres pays européens, en Allemagne, en Suisse et en Autriche par exemple.

 En Autriche, le KBV a lancé, avec le soutien du Ministère de l'Environnement, de l'Agriculture et du Tourisme, la campagne "Tout en Bio - Alliance pour une Autriche sans sacs plastique". L'objectif est la promulgation d'une loi interdisant la commercialisation des sacs de caisse à usage unique et des sacs pour fruits et légumes en plastique non compostable, comme cela a été fait en Italie et en France (voir notre article), et comme cela sera fait en Espagne à partir de 2020. Le but est d'obtenir une nette amélioration de la qualité de la fraction organique. Le projet a été présenté par Hubert Seiringer, président de KBVÖ (Kompost & Biogas Verband Österreich), l'Association nationale autrichienne pour la production de compost et de biogaz qui regroupe 486 exploitants d'usines et 56 entreprises dans le pays. Cette campagne a été également soutenue par Konrad Schleiss (Biomasse Suisse), qui a déclaré que l'initiative autrichienne concernant les sacs compostables pour fruits et légumes pourrait être élargie aux autres pays et devenir ainsi une initiative européenne.

 Les résultats des analyses mercéologiques effectuées en Suisse et ceux des analyses effectuées en Allemagne par Kehres ont mis en relief une contamination supérieure par des plastiques traditionnels des digestats obtenus par digestion anaérobie, en comparaison avec les composts obtenus par biodégradation aérobie. En Suisse en 2017, 26,7% des composts analysés n'ont pas été conformes en termes de qualité, alors que seulement la moitié des digestats analysés étaient conformes aux exigences légales de qualité. Toujours en 2017, en Allemagne, 18,7% des échantillons des composts et 10,8% des échantillons de digestat n'étaient pas conformes (à noter que les données ne sont pas comparables car les critères suisses sont plus exigeants).
 La source de cette pollution non négligeable réside dans les outils de pré-traitement utilisés en méthanisation qui, étant plus intensif, a tendance à fragmenter davantage les plastiques qui entrent dans le process et qui finissent par polluer le compost. La conclusion unanime qui en résulte souligne la nécessité de limiter au maximum et dès l'amont la présence de plastiques non compostables dans le process. "L'un des objectifs primordiaux de la collecte séparée des déchets organiques est de garantir un compost d'excellente qualité apte pour une utilisation en agriculture pour un retour au sol de qualité", ont conclu les différents partenaires.