Autolib' : voitures à réemployer, ou VHU à recycler ?

Le 31/07/2018 à 10:24  

Autolib' : voitures à réemployer, ou VHU à recycler ?

Autolib' Paris Suite à la rupture de contrat décidé par la mairie de Paris (majoritaire au sein du Syndicat Autolib' Vélib' Métropole) on assiste depuis le 2 juillet dernier à une réduction progressive du nombre de stations et de véhicules disponibles. Au 31 juillet, s'en sera terminé des petites voitures électriques en autopartage mis à la disposition des parisiens et franciliens. Si certains des 4000 véhicules pourraient être « recyclés » dans d'autres villes souhaitant mettre en œuvre ou développer un service de même nature, ce qui à ce jour n'est pas assuré, d'autres le seront en allant directement à la casse comme des VHU, alors qu'ils sont en bon état, et donc à même de rouler. Les amateurs de vaste gâchis apprécieront...

 Le syndicat Autolib' Vélib' Métropole, le SAVM, qui regroupe une centaine de communes d'IDF, présidé par Catherine Baratti-Elbaz (par ailleurs maire PS du XIIe arrondissement de Paris) au sein duquel la mairie de Paris est majoritaire, a signé l'arrêt de mort du dispositif de voitures électriques en libre-partage exploité par le groupe Bolloré qui bénéficiait d'une délégation pour ce faire, qui devait courir jusqu'à 2023, et ce depuis 2011. Le 21 juin dernier, la résiliation du contrat était actée, sur fond de désaccords profonds... notamment liés à un déficit chronique et donc à une compensation de 230 millions d'euros qui selon Bolloré, auraient dû être pris en charge par le syndicat, ce que ce dernier à catégoriquement refusé.

L'histoire ne s'arrête pas là : « en exigeant le versement par les communes de sommes astronomiques, le groupe Bolloré ne nous a pas laissé le choix», avait déclaré Catherine Baratti-Elbaz... Sauf que ce n'est pas aussi simple que cela, évidemment : un certain nombre de communes de la petite et grande couronne de Paris, qui n'ont pas apprécié du tout d'avoir été tenues à l'écart (selon elles) de la décision d'en finir avec Autolib' et d'avoir à régler des sommes potentiellement coquettes, évoquent à mots à peine couvert un excès de pouvoir de la mairie de Paris et affichent la volonté de ne pas se laisser faire... Pour Arnaud Gibert, adjoint au maire de Bezons (Val d'Oise), «la messe est dite. Les choses se sont décidées entre le groupe Bolloré et la mairie de Paris », a renchéri Benoît Blot, pour le Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine)...

De son côté, Bolloré n'a pas été long à faire savoir que cette rupture de contrat coûterait la bagatelle de 150 millions d'euros au syndicat, étant entendu qu'il faut compter avec le transfert des salariés d'Autolib' (500 personnes sont concernées dont 267 emplois directs), « la reprise des véhicules et des bornes électriques à la valeur nette comptable, le dédommagement des clients ».
Toujours est-il que les 150 000 clients/abonnés au service sont dans l'expectative quant à savoir notamment, comment seront gérés les abonnements en cours de validité (Autolib' sera remplacé par Moov’in. Paris, proposé par Renault, dès septembre), et que dans quelques jours, le 31 juillet prochain, s'en sera fini de ces petites voitures électriques qui avaient intégré le paysage urbain parisien et francilien.
La question qui reste en suspens consiste à savoir si après le fiasco, on assistera à un gâchis monumental...
Que faire en effet, du parc des 4000 voitures électriques installées, alors que le torchon brûle et que le rachat par les municipalités membres du syndicat ne pouvait leur être imposé (elles sont uniquement soumises à l'obligation contractuelle de racheter les bornes de charge, et non les véhicules). Les réallouer à d'autres services du même type, avec lesquels Bolloré à contracté, tels que Bordeaux ou Lyon?
Les vendre à des particuliers ou des entreprises?
Toutes les pistes seraient à l'étude... quand il est certain que lmes fameuses Bluecar ont bel et bien commencé à quitter la capitale... 

Le malheur des uns fait le bonheur des autres a-t-on coutume de dire ; et pour le coup, il y a au moins une entreprise qui pourrait se frotter les mains. Car elles sont quelques centaines à avoir été convoyées sur Romorantin-Lanthenay dans le Loir et Cher, quartier général de l'entreprise Indra (ReSource Industrie), spécialisée dans la déconstruction et le recyclage automobile. En d'autres termes, des voitures en état de marche risquent bien d'être désossées, à l'instar de ce qui se pratique pour des VHU... et ce quand bien même leur constructeur assurait il y a encore peu de temps, que ce sont des autos qui se réparent facilement et « que leur moteur, comme leur batterie, sont d'une fiabilité proverbiale ».
Notre confrère La Nouvelle République daté du 21 juillet, évoque en effet l'arrivée de près de 500 de ces véhicules sur l'ancien site de Matra, désormais occupé par le recycleur, et montre image à l'appui un parking bel et bien bien garni de ces petites voitures reconnaissables entre toutes...
Du côté de Pruniers en Sologne, chez Indra/Re-Source Industrie, il a été précisé que « rien n'est confirmé ; nous n’avons pas de contrat avec Bolloré (...) Ils ont trouvé à Romorantin un grand site et ils devaient les sortir de région parisienne »... tandis que le porte parole du groupe Bolloré a indiqué récemment, à notre confrère Challenges, que certaines voitures (et donc pas toutes) pourraient rejoindre la flotte d’autopartage d’autres villes françaises ou européennes toujours équipées en Bluecar... En fait , seuls « 500 véhicules sur les 4 000 en service seront affectés à d’autres villes », a précisé Marie Bolloré, directrice de la mobilité du groupe ; les autres sont donc bonnes pour la casse.
On ne sait toujours pas qui sera chargé de cette besogne. Affaire à suivre, donc.