Biocarburants : le revers de la médaille

Le 04/10/2007 à 16:24  

Biocarburants : le revers de la médaille
sécheresse Un rapport de l'association Environmental Defense tire la sonnette d'alarme à propos des impacts environnementaux des biocarburants d'origine céréalière. La forte expansion de la filière bioéthanol dans les plaines centrales des Etats-Unis ferait peser d'importantes menaces sur les réserves en eau souterraine et sur les écosystèmes des prairies tempérées...

9 bio-raffineries sont actuellement en construction, pour une capacité annuelle totale de 2 420 millions de litres (contre 270 millions actuellement), dans des secteurs du centre sud des Etats-Unis où l'aquifère des Hautes-Plaines (aussi appelé Ogallala) a accusé les plus fortes baisses piézométriques de son histoire dans les dernières décennies. Cette vaste nappe souterraine (450 000 km² à cheval sur 8 Etats) constitue la principale réserve en eau de ces secteurs pour les usages agricoles (irrigation) et industriels. Or, l'élaboration d'un litre de bioéthanol consomme entre 3 et 6 litres d'eau. Ce sont donc plus de 10 millions de mètres cubes d'eau qui seraient extraits chaque année des zones déjà vulnérabilisées de cette nappe, au Texas et dans le Kansas notamment.

De plus, l'implantation de ces nouvelles raffineries inciterait au développement de nouvelles cultures de maïs à proximité, ce qui aggraverait le problème, sachant que la production d'un quintal de maïs nécessite pratiquement un mètre cube d'eau d'irrigation dans les secteurs concernés. Cela inciterait également à la mise en culture de vastes zones de prairies actuellement gelées par l'US Conservation Reserve Program (CRP), un programme du Département de l'Agriculture (USDA) qui assure un dédommagement aux agriculteurs acceptant de mettre en jachère des terres agricoles fragiles pendant une période contractuelle de 10 à 15 ans. Depuis son instauration, ce programme a permis de protéger près de 20 000 km² de terres sensibles à l'érosion situées à l'aplomb de l'aquifère Ogallala. Or, selon une estimation de l'USDA, 15% de ces terres seraient susceptibles d'être remis en culture à l'échéance des contrats dans les 4 prochaines années.

L'association recommande donc la mise en oeuvre de mesures de protection plus efficaces pour les eaux et les sols vulnérables à l'accroissement de la production de matières premières pour les bio-raffineries, ainsi que l'adoption de normes permettant de discriminer les biocarburants selon leur empreinte environnementale globale.

En rapport avec cet article, nous vous conseillons la lecture de notre dépêche : Les biocarburants sur le banc des accusés.