Biomasse et transition énergétique : le potentiel forestier

Le 02/03/2016 à 14:48  
Biomasse et transition énergétique : le potentiel forestier
 L’Ademe vient de dévoiler une étude d’évaluation nationale des disponibilités en biomasse forestière pour l’industrie et l’énergie, à l’horizon 2035. La biomasse est en effet la première source d’énergie renouvelable en France, qui dispose d’une importante surface forestière. Menée avec l’Institut national de l’information géographique et forestière (IGN) et l’institut technologique FCBA, en collaboration avec les Ministères en charge de l’Environnement et de l’Agriculture, cette étude fournit des informations de référence concernant les volumes de bois exploitables dans le futur. Elle confirme que les forêts françaises sont disponibles et mobilisables pour développer le bois-matériau et le bois-énergie à l’horizon 2035…

 L’étude d’évaluation nationale sur les disponibilités en bois d’origine forestière pour l’industrie et l’énergie confirme le potentiel de ressource de la forêt française et la possibilité d’augmenter significativement les prélèvements, jusqu’à +20 millions de m3 par an d’ici 2035. Le niveau de prélèvement actuel étant de 66 millions de m3. Elle se base sur de nouvelles données de l’IGN et de l’institut technologique FCBA. Les disponibilités en bois sont analysées selon 2 scénarios :
 le scénario de sylviculture constante, qui simule un maintien des pratiques actuelles de gestion pendant les 20 prochaines années ;
 le scénario de gestion dynamique progressif, plus ambitieux, qui fixe l’hypothèse d’une intensification globale de la gestion forestière, calquée sur les pratiques les plus dynamiques (mise en gestion de nouvelles forêts privées, rattrapage de peuplement en retard d’éclaircie, etc.), en tenant compte de la préservation de l’équilibre des écosystèmes forestiers.

 Dans les 2 cas, les prélèvements restent largement inférieurs à l’accroissement biologique annuel de la forêt. Cette sylviculture permet en parallèle de renouveler les peuplements ainsi que d’adapter la forêt et la rendre moins vulnérable au changement climatique. L’analyse montre que près de 80% de la ressource supplémentaire concerne les essences feuillues ; en revanche, les disponibilités des essences résineuses sont très limitées. Elle montre également la complémentarité des filières : environ la moitié de la ressource supplémentaire disponible pour l’énergie et l’industrie est conditionnée à la mobilisation du bois d’œuvre.

 L’étude confirme également qu’environ 60% de la ressource supplémentaire mobilisable à l’horizon 2035 se trouve chez les propriétaires privés, et en particulier chez les propriétaires de moins de 25 ha, le reste venant des communes forestières. L’Appel à Manifestations d’Intérêt (AMI) "Dynamic Bois", lancé en 2015 par les Ministères en charge de l’Environnement et de l’Agriculture (voir notre dépêche), a pour objectif de mobiliser davantage de biomasse et d’optimiser les usages et la gestion durable de la forêt. Les 24 projets lauréats, soutenus par l’Ademe dans le cadre du Fonds Chaleur, portent sur des actions d’amélioration des peuplements forestiers, d’investissement matériel et d’animation de la filière. Ils devront permettre de mobiliser un peu plus de 4 millions de m3 sur 3 ans pour l’ensemble des usages. Forte du succès de ce premier AMI, le Ministère de l'Environnement vient de lancer une nouvelle édition de "Dynamic Bois", dotée d’une enveloppe de 20 millions d’euros (voir notre article).

 La forêt française constitue un puits de carbone très important, en séquestrant chaque année l’équivalent de 15% des émissions nationales. Elle fournit aussi de la ressource pour produire des matériaux et de l’énergie. La mobilisation additionnelle de la ressource forestière pour du bois-matériau et du bois-énergie dans le cadre d’une gestion durable comporte plusieurs avantages : elle permet de substituer l’usage de combustibles fossiles, de matériaux impactant le changement climatique, et de prolonger le stockage de carbone des arbres dans les produits bois, contribuant ainsi à terme à atténuer l’effet de serre. La récolte de bois contribue à dynamiser l’activité économique locale, notamment dans les régions rurales, et également à favoriser les démarches d’économie circulaire en utilisant tout le bois, du tronc pour le bois-matériau aux petites branches pour le bois-énergie. Enfin, la mobilisation durable de la biomasse facilite l’adaptation de la forêt française aux conséquences du changement climatique.
 Pour plus d'informations et consulter / télécharger cette étude de l'Ademe sur la biomasse forestière, rendez-vous ici.