Biopôle : fermeture à durée indéterminée

Le traitement des déchets sur la communauté d’Angers est un sujet qui fâche… tout le monde. A telle enseigne que Veolia, exploitant de l’installation, via l’une de ses filiales, est allée jusqu’à oser fermer la porte aux déchets, mettre le site de tri mécano-biologique, de compostage et de méthanisation à l’arrêt, ce qui oblige évidemment à les faire traiter ailleurs… Chacun se renvoyant la balle, la justice, saisie de cet épineux dossier, risque d’avoir quelques difficultés à tirer l’affaire au clair et mettre les parties prenantes devant leurs responsabilités…
C’est l'histoire d'un mariage à trois qui bat de l’aile, puis qui vole en éclat… C’est l’histoire d’exploitant (Geval filiale deVeolia) constatant qu'il ne peut pas exploiter l'outil de traitement des déchets qui lui a été confié (Biopôle) et pour lequel il a signé une délégation de service public avec une collectivité, Angers Loire Métropole (voir Vinci Environnement/Angers Loire Métropole : le torchon brûle).
Ce qui devait arriver arriva : subissant un manque à gagner évident, l'exploitant a attaqué l'agglomération en justice, laquelle estime qu’elle n’est en aucune manière responsable des dysfonctionnements de l’unité de tri mécano-biologique, de compostage et de méthanisation ; fort de ses convictions, elle attaque, donc en justice, le constructeur (Vinci Environnement), qui n’entend pas trinquer à la place de qui que ce soit… De fait, il ne change pas de cap et maintient que c'est l'exploitant qui exploite mal.



Pour éviter les nuisances olfactives à l’extérieur, source de conflits avec les populations locales, l’usine a été très bien cloisonnée. Le revers de la médaille, c’est qu’à l’intérieur, les taux d’ammoniac et de poussières seraient très (trop) importants.

Combien de temps pareille situation pourra-t-elle durer ? Et à quel prix ?
Si la protection des salariés est mise en avant, l’autre facette du dossier est très clairement d’ordre économique : selon Veolia, en bout de traitement on récupère 65% de refus de tri, « 80 à 85% de ces refus partent en effet vers l’usine d’incinération de Lasse exploitée par Veolia », tandis que le reste est mis dans le centre d’enfouissement. A la clé, un surcout qui n’était pas prévu au programme et que doit encaisser Geval (dont les pertes d’exploitation seraient de l’ordre de 2,5 millions d'euros par an)…
Pour le coup, ce seront jusqu’à nouvel ordre, 100% des déchets normalement destinés à Biopôle qui seront traités ailleurs, par incinération et par enfouissement…


Vinci pour sa part, considère d’une part, que la quantité et la qualité des déchets traités ne correspondent pas à ce qui était prévu, et d’autre part, que les conditions d’exploitation de l'usine notamment en terme de maintenance, ne sont pas optimales.
So what ? On a bien compris que le conflit est total et complètement enlisé, chacune des trois parties étant figée sur sa position… Sauf que plus de 60 millions d’euros ont été mis sur la table, afin de traiter les déchets localement et proprement… Il faudra bien sortir de l'ornière : il serait dommage qu'un investissement de ce montant finisse à la poubelle...
