Carton recyclable vs. plastique réutilisable : le match

Le 15/12/2011 à 18:00  

Carton recyclable vs. plastique réutilisable : le match
plateau en carton ondulé Carton Ondulé de France (anciennement Ondef - voir notre article) a commandité une étude portant sur l’évaluation économique et environnementale de l’intérêt comparé entre bacs en plastique réutilisables et plateaux en carton ondulé recyclables. Cette étude a été réalisée par PwC, et menée en étroite collaboration avec Légumes de France (organisation représentative des producteurs de légumes). Elle a fait l'objet d'une revue critique associant Elipso et le Club Déméter. L'Ademe a également participé à ce processus, sans faire partie du comité de revue critique...

 Ont été comparés les coûts économiques entre la caisse en plastique réutilisable et le plateau en carton ondulé recyclable au cours du cycle de vie des emballages, depuis leur production jusqu’à leur fin de vie. Seuls ont été pris en compte les coûts relatifs aux étapes pour lesquelles les fonctions peuvent être différentes entre les 2 emballages, et ce au travers de 3 filières : l’endive, le melon et le champignon. Concernant les caisses en plastique, il a été considéré que le loueur exige la mise en paiement d’une consigne par le producteur, ainsi qu'un taux de perte des caisses inférieur à 1% par rotation (hypothèse optimiste). Compte tenu des coûts moyens de refacturation pratiqués par les loueurs, un montant de 3 euros par bac a été retenu. Un coût d’immobilisation des caisses supposé nul pour une durée de 15 jours a également été retenu ; au-delà, un coût de 5 centimes par jour et par caisse a été appliqué. Concernant les plateaux en carton ondulé recyclé, il a été considéré un prix de reprise du carton usagé de 60 euros par tonne (hypothèse pessimiste), et que les cartons achetés par les producteurs sont des cartons standards.

 On retiendra en premier lieu que, globalement, le système logistique passant par l’achat d’un plateau en carton ondulé est moins onéreux que celui passant par la location d’une caisse plastique à chaque rotation. Les coûts différentiels sont les suivants : 1 291 euros contre 1 584 euros (endive) ; 1 227 euros contre 1 459 euros (champignon) ; 1 437 euros contre 1 532 euros (melon). Autre constat : le recours à la caisse en plastique réutilisable engendre un surcoût pour les producteurs de légumes pour les 3 segments étudiés ; ce surcoût est de l’ordre de 20 à 40 centimes d’euros par caisse livré. A titre d’exemple, à l’échelle de la production nationale d’endives (200 000 tonnes annuelles), un recours généralisé à la caisse plastique réutilisable engendrerait un surcoût d’un peu plus de 8,5 millions d’euros pour le millier de producteurs hexagonaux. Par contre, le recours à la caisse en plastique réutilisable permet de réduire les coûts à la charge du distributeur (une dizaine de centimes d'euros en moyenne).

l'Analyse du Cycle de Vie (ACV) Concernant maintenant les impacts environnementaux, ce sont ceux traditionnellement évalués dans le cadre de l'Analyse du Cycle de Vie (ACV) : contribution à l’effet de serre, acidification, consommation d’énergie... Ils sont mesurés pour la livraison en grande distribution d'un camion semi-remorque d'endives, de champignons ou de melons. Il faut savoir que, chaque fois que 100 caisses sortent de chez le producteur avec leur chargement en légumes, 2 942 caisses avec 12 rotations (5 983 avec 6 rotations) se situent quelque part sur leur circuit de rotation. Ensuite, la logistique basée sur des caisses réutilisables accroît les besoins en transport routier en comparaison des caisses recyclables à usage unique. Ceci s’explique par : le volume et le poids plus important de la caisse réutilisable en plastique ; les étapes supplémentaires de transport nécessaires pour l’acheminement des caisses en plastique vers les centres de lavage. A noter : le volume de transport est 2 à 3 fois plus grand dans le cas des caisses en plastique que dans le cas des plateaux en carton ondulé (en t.km). Enfin, les performances environnementales des caisses en plastique dépendent étroitement du nombre d’utilisations des caisses sur leur durée de vie. Il n'existe cependant pas d’information quant au nombre d’utilisations effectives d’un emballage réutilisable sur sa durée de vie. Les chiffres avancés par les loueurs de bacs, de manière déclarative, ne peuvent être corroborés par des tiers externes.

 Principale conclusion : les impacts environnementaux sont limités quels que soient les emballages. Ces impacts sont équivalents à ceux engendrés en moyenne par quelques dizaines d'Européens sur une journée. Autre enseignement : le plateau en carton ondulé recyclable est meilleur ou équivalent à la caisse plastique réutilisable pour 3 impacts environnementaux sur 4 (la contribution à l'effet de serre, la consommation d'énergie, l'acidification atmosphérique). L'étude démontre également que l'impact environnemental dépend du nombre de rotations des caisses en plastique réutilisables, ainsi qu'une large zone d'équivalence entre les 2 emballages pour un nombre de rotations situé entre 15 et 50 (pour l'effet de serre et l'acidification). Enfin, on peut noter un bilan favorable des plateaux en carton ondulé pour moins de 15 utilisations des caisses en plastique sur leur durée de vie (consommation d'énergie non renouvelable, effet de serre et acidification).

bac en plastique Les enjeux environnementaux ne constituent donc pas un critère décisif de différenciation entre le plateau en carton ondulé recyclable à usage unique et le bac plastique réutilisable, et ce pour les 3 filières étudiées : endives, melons et champignons. Il est à noter cependant que plus les distances parcourues dans les chaines logistiques sont importantes (cas du melon), plus le bilan de la caisse réutilisable sur l’effet de serre et la consommation d’énergie non renouvelable se dégrade. Le bilan environnemental du bac plastique est fortement dépendant de son nombre d'utilisation et de l’efficacité de la chaine logistique qui la met en œuvre. "Aux regards des différents résultats obtenus dans cette étude, si les impacts environnementaux ne peuvent à eux seuls constituer un enjeu de différenciation, les incidences économiques, elles, le peuvent", conclut l'étude.