Centre de stockage de GDE : 10 ans de combats et 26 décisions de justice...
30 millions d'euros investis, 3 jours de fonctionnement (avant que les opposants au site n'en barrent les accès, se relayant pendant 346 jours afin qu'aucune activité ne puisse avoir lieu) et depuis, parce que la zone sur laquelle est construite le centre de tri et d’enfouissement des déchets de Guy Dauphin Environnement (GDE) à Nonant-le-Pin (Orne), est jugée inondable par certains et fiables pour d'autres, c'est l'enlisement et un incroyable bras de fer judiciaire, avec moult rebondissements... Le dernier en date concerne la décision de la cour administrative d’appel de Nantes qui, suivant l'avis du rapporteur public, a annulé hier, 20 mai, l'autorisation d'exploiter le site... 

Il reste que ce site a engendré une quarantaine de procédures (dont une quinzaine sont encore en cours), ce qui constitue une sorte de record...
Ce 17 mai, le rapporteur public, qui a estimé un risque de pollution des eaux avéré dans ce dossier, et ce malgré le drain prévu par GDE, rappelant que des déchets « très hétérogènes » (caoutchouc, ferraille, verre…) seront stockés sur le site, établi dans une zone humide soumise à des « risques d’immersion en période de hautes eaux » et donc de « migration des polluants », qui a rappelé la liste de manquements impressionnantes de la part de l'industriel, a préconisé la fermeture du site devant la cour administrative d'appel de Nantes, qui devait examiner l’autorisation d’exploitation délivrée 2011, au spécialiste du recyclage de ferrailles et métaux par le tribunal administratif de Caen (février 2011) et la préfecture de l’Orne (qui avait détaillé les conditions d’exploitation en juillet 2011).

Côté associatif, les avocats ont mis l'accent sur la « désinvolture totale » de l’industriel, qui a fait preuve de « dissimulation systématique » dans le cadre de l’instruction de son dossier.
Côté GDE, après que le Directeur général Hugues Moutouh a rappelé le montant de l'investissement (30 millions d’euros) pour la mise en œuvre de ce projet vieux de 10 ans (c'est en effet en 2006 que le recycleur a acheté 50 ha pour implanter son centre de tri et de stockage, qui était sensé réceptionner 150 000 tonnes de déchets par an, pendant 17 ans, soit un total de 2,3 millions de tonnes), mettant en garde les juges nantais contre « l’insécurité juridique » dans laquelle ils pourraient plonger « tous les industriels de France » s'ils en venaient à annuler une autorisation qui a bel et bien été délivrée, on a justifié le choix du site par la voix de maître Harada, qui a sollicité la réouverture de l'instruction sur les base d'un rapport que l'industriel juge favorable
« La cour appréciera si des éléments nouveaux sont de nature à rouvrir l'instruction », a conclu le président, avant d'annoncer que la décision sera rendue vendredi 20 mai, à 14h.

La société GDE a immédiatement fait savoir qu'elle engage un recours en cassation devant le conseil d’État pour demander l’annulation de l’arrêt prononcé ce 20 mai 2016.
