Changement de nom, changement de ton…

Il y a quinze ans tout juste, un visionnaire, ardent défenseur de l'indépendance de l'entreprise, créait le Groupement national des PME du déchet et de l’environnement. « Il ne faudrait pas oublier que nos entreprises qui créent de la valeur et des emplois chaque jour sont les partenaires naturels des collectivités territoriales »… Reprise des mots de Maurice Théaud, président du groupement récemment rebaptisé « Les entrepreneurs de la filière déchets », qui lance une invitation à l'adresse des maires et des collectivités locales…
Le groupement a changé de nom. Pourquoi ?
Avec quelques entrepreneurs un peu visionnaires, nous avions identifié, très tôt, la nécessité de nous regrouper au sein d’une organisation professionnelle pour mieux faire connaître nos métiers et pour promouvoir les valeurs auxquelles nous continuons de croire : celles de l’environnement et celles de l’entrepreneur.En changeant de nom, nous changeons aussi de ton. Nous voulons désormais insister plus fortement sur la nécessité qu’il y a à ce que cette dernière spécificité soit mieux reconnue et respectée car elle est en danger.


Aujourd’hui, la crise fait rage et avec elle, la guerre des prix ! Nous sommes surpris de voir tous les jours à quel point les leaders du secteur n’hésitent pas à jouer à la baisse pour grignoter des parts de marché supplémentaires. Nous n’avons pas leur trésorerie pléthorique et nous ne pouvons pas travailler à perte…
D’autant que nous n’avons pas l’habitude de recourir au rééquilibrage des marchés à postériori…


Nous savons très bien que des marchés traités à bas coût sont souvent relevés par des avenants. La renégociation a postériori, c’est quelque chose que nous ne pratiquons pas et c’est même une « méthode » qui ne nous paraît pas conforme à l’idée qui veut qu’un prix donné soit un prix qui engage…
D’ailleurs, le prix d’un marché public est révisable afin de tenir compte des variations économiques. Les formules et les modalités sont inscrites dans les marchés et concernent l’évolution de certains coûts comme les salaires et le carburant.
Nous pensons qu’un vrai professionnel doit pouvoir évaluer correctement les choses avant de remettre un prix. Nos entreprises fournissent souvent des prestations liées à notre culture de service du client et à notre proximité, qui ne sont jamais facturées. S’il arrive un « pépin » un dimanche matin, sur un site, nous sommes les premiers à dépanner la collectivité et à accompagner les élus dans leurs difficultés quotidiennes…



Echaudées sans doute, et on peut le comprendre, par les pratiques que je viens d’évoquer plus haut, elles ont de plus en plus tendance à recourir à la mise en régie.
Cette solution peut être pertinente dans certains cas de figures, mais c’est loin d’être la panacée. Nos métiers sont des métiers souvent durs, pour lesquels nous formons soigneusement notre personnel et que nous faisons évoluer dans nos entreprises pour éviter la routine et la pénibilité. Je me souviens avoir croisé le regard d’employés municipaux à l’oeuvre sur des sites de traitement de déchets… Je ne suis pas sûr que le choix de leurs élus soulève chez eux beaucoup d’enthousiasme. Je ne suis pas sûr, non plus, que la solution soit aussi économique que cela paraisse. On observe néanmoins certaines collectivités revenir au régime de la délégation. Il y a sans doute des raisons à cela !


La présence d’un tissu fort d’entrepreneurs indépendants est un élément indispensable de la régulation du marché. Ensuite, il convient d’introduire un peu de bon sens dans les exigences réglementaires pour lesquelles nous assistons à une véritable inflation.
Complexifier à l’extrême la réglementation freine l’accès des marchés publics aux PME et on assiste finalement à une distorsion des règles de la libre concurrence.
Loin de nous de contester la nécessité de disposer de qualifications supplémentaires ou de ne pas répondre favorablement aux dispositions du Grenelle de l’environnement. Nous ne sommes pas rétrogrades. D’ailleurs, ce sont souvent nos entreprises qui donnent l’exemple.
Mais de grâce : simplifions un peu, les choses !!!

La collectivité devrait avoir présente à l’esprit cette notion de responsabilité « sociétale » lorsqu’elle rend sa décision et réfléchir, peut-être avec nous, aux moyens, tout en restant résolument dans le cadre de la loi des marchés publics, de prendre cette dimension en compte. Lorsque nous affirmons que nous sommes les partenaires naturels des collectivités, c’est pour bien faire toucher du doigt aux élus que la pluralité des acteurs de toutes tailles dans une filière aussi stratégique que celle des déchets est la condition impérative de l’équilibre des territoires, de la professionnalisation et de la qualité des services rendus. Ce sont les messages que nous souhaitons faire passer et nous allons profiter des échéances de 2012 pour lancer une invitation aux principaux candidats à venir débattre avec nous et à entendre nos propositions.
La machine est lancée et nous allons faire parler de nous !

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