Clemenceau : la France doit s'expliquer auprès des autorités indiennes

Le 09/01/2006 à 17:15  

Clemenceau : la France doit s'expliquer auprès des autorités indiennes

Remorquage du Clemenceau en fin de vie pour l'Inde copyright ministère de la Défense "La France continuera d’apporter aux autorités indiennes, à tout niveau, les informations qui leur seront utiles"...Voici comment s'achève le dernier communiqué de presse du ministère de la Défense suite à l'avis négatif rendu vendredi dernier par la commission de contrôle des déchets toxiques de la Cour suprême de l'Inde à propos du désamiantage et démantèlement du porte-avions Clemenceau sur un site du Gujarat...


Désormais, c'est aussi en Inde que la question juridique de la violation de la convention de Bâle sur l'interdiction de transfert de déchets dangereux doit être tranchée. (voir aussi
précédent rédactionnel)

Sur la base des informations fournies à la commission de la Cour suprême indienne, son représentant le président G.Thyagrajande a déclaré qu'il "ne trouve pas encourageant d'autoriser ce navire à entrer en Inde" et qu'il restera "hors des eaux indiennes jusqu'à ce qu'une décision soit prise. Les informations sur l'amiante varient de 50 à 1 000 tonnes et en conséquence nous avons besoin d'informations supplémentaires pour rendre une décision finale". La prochaine réunion de cette commission est prévue pour le 20 janvier.

En réponse, le service de presse du ministère de la Défense a rappelé que " les opérations de désamiantage ont été majoritairement effectuées en France. Elles ont porté sur l’amiante friable directement visible et accessible et qui ne portent pas atteinte à l’intégrité du navire. Les travaux ont commencé le 05 octobre 2004 et ont été achevés en septembre 2005. Ils ont permis d’extraire 115 tonnes de produits contenant de l’amiante sur un total estimé à environ 160 tonnes. Il reste donc environ 45 tonnes de produits contenant de l’amiante soit moins de 0.2% de la masse de plus de 22 000 tonnes du porte-avions.

C’est la première fois que le démantèlement d’un navire est précédé d’une dépollution préalable aussi complète que possible. Par ailleurs la coque de l’ex-Clemenceau ne comporte ni hydrocarbures, ni PCB, ni un quelconque agent polluant.

Le désamiantage résiduel sera effectué sous encadrement de SDI qui se fixe pour objectif de garantir le respect de la réglementation européenne en matière de sécurité des travailleurs, de l’hygiène et de la protection de l’environnement.

Ainsi une formation complémentaire d’ingénieurs indiens qui encadreront le chantier de désamiantage a déjà été réalisée en France :

- une formation initiale : les 5 principaux responsables techniques du chantier indien ont reçu une formation qualifiante d’encadrement technique dans un organisme français accrédité. Cette formation s’est déroulée du 21 au 25 février 2005 à Mulhouse.

- une formation pratique : les 5 personnes formées ont été familiarisées avec les travaux sur le chantier de désamiantage de l’ex-Clemenceau à Toulon au mois d’août 2005.

Enfin, des matériels et des équipements de protection des travailleurs sont actuellement en cours d’acheminent vers le chantier indien. Il s’agit notamment de masques et de combinaison de protection, de déprimogènes et de générateurs de fumée dont l’emploi fera l’objet d’une formation sur place.

La France continuera d’apporter aux autorités indiennes, à tout niveau, les informations qui leur seront utiles."

Cette position n'est pas partagée par Pascal Husting, directeur général de Greenpeace France qui suite à la décision juiridique indienne a déclaré : "La position française affirmant que plus de 90% de l’amiante présente à bord du Clemenceau avait été enlevée était depuis plusieurs semaines intenable et aberrante. Maintenant que la commission confirme la grande toxicité du Clemenceau et donc son illégalité en Inde, les autorités françaises doivent rappeler le porte-avions et opérer un désamiantage complet avant son éventuelle exportation pour démolition."

Annie Thébaud, porte-parole de Ban Asbestos a ajouté :" Le cas spécifique du Clemenceau est symptomatique : l’Etat se croit tout puissant et se permet toutes les irrégularités mais derrière les chiffres ce sont des vies humaines, des conditions de travail indignes et des environnements qui sont en jeu. Il est absolument impératif de développer des filières propres de démantèlement. Alors que le ministre du travail français a annoncé la tolérance zéro pour les chantiers de désamiantage français, de quel droit le Gouvernement français se permet-il d’exporter son amiante vers l’Inde ? Le Clemenceau doit être le premier bateau symbolisant de nouvelles pratiques de coopération loyale nord-sud."