Collecte des déchets : 3ème semaine de grève sur la Métropole Lyonnaise

Le 05/04/2019 à 15:08  

Collecte des déchets : 3ème semaine de grève sur la Métropole Lyonnaise

Collecte déchets (photo métropole Lyon) La collecte des déchets est très perturbée depuis le 19 mars, en raison d'une grève des éboueurs du service public opérant sur la métropole de Lyon; les trottoirs regorgent de déchets sur le territoire des communes touchées par le mouvement, largement suivi, récemment rejoint part les opérateurs du secteur privé, tandis que l'usine d'incinération  a été elle aussi, bloquée. Tous souhaitent de meilleures conditions de travail, des augmentations de salaires (+ 200 € /mois pour les employés de la métropole, + 300 € pour les éboueurs du privé). La Métropole lyonnaise a haussé le ton en ce tout début de semaine, en portant l'affaire devant le tribunal administratif afin de libérer les accès des sites de traitement...
 Point de départ d'un mouvement qui dure depuis le 19 mars, le refus d'un projet visant à mettre en place des collectes l'après-midi, ne plus systématiser les deux éboueurs à l'arrière du camion, notamment : dès lors, les collectes ne sont plus réalisées dans les villes de la métropole, à l’exception de Lyon et Villeurbanne (puisqu'elles sont réalisées par le privé). Les personnels (éboueurs mais aussi certains cadres) qui expriment leur attachement au service public, exigent une reconnaissance et par ailleurs une meilleure rémunération, d'aucuns relevant que la collectivité souhaite faire des économies substantielles sur les coûts de collecte, au détriment des personnels. Aussi, un courrier a été adressé au président de la métropole de Lyon (59 communes pour près de 1,3 million d'habitants), David Kimelfeld, afin qu'il organise une concertation avec les agents. "N'ayant obtenu aucune certitude sur la pérennisation de leurs conditions de travail, la direction étant fermée à toutes négociations malgré les efforts fournis par leurs agents ces dernières années", avaient un peu plus tard, confirmé les syndicats dans un communiqué.

 A partir de là, le bras de fer semblait non évitable. Les propositions de la collectivité (augmentations brutes de 82 € à 159 € /mois, en fonction de la situation de chaque agent, plus le recrutement de vingt personnes avant le 1er juillet) n'ayant pas satisfait de nombreux grévistes, la situation s'est durcie. De plus, les salariés du privé ont rejoint le mouvement : depuis hier matin en effet, les salariés de Pizzorno,  en charge de la collecte des ordures ménagères sur Lyon et Villeurbanne, sont eux aussi en grève.
Aux conteneurs et sacs contenant les déchets, s'amoncelant un peu partout depuis le début du conflit, avec les risques sanitaires mis en avant,  s'ajoutait le blocage des sites de traitement (usines d'incinérations de Gerland et de Rillieux-la-Pape) et celui des dépôts.

Aussi, le Président de la métropole a lui aussi, durci le ton en annonçant par communiqué, avoir saisi la justice afin de permettre le déblocage de l’accès aux usines d’incinération de l’agglomération, David Kimelfeld certifiant que si "le mouvement devait durer, (il prendrait) toutes les mesures nécessaires pour permettre l’organisation du service de la collecte (…) Si nécessaire, je n’hésiterais pas à recourir à des réquisitions".
Il faut préciser que le maire de Rillieux-la-Pape, Alexandre Vincendet, s'est insurgé contre la métropole : après plus de deux semaines de grève, l'élu a en effet souhaité voir la situation se régler dans sa commune de l'agglomération lyonnaise et, a mis en demeure, par un arrêté municipal, David Kimelfeld, en exigeant un enlèvement des déchets sur la voie publique sous 24h ; à défaut, il a affirmé qu'il procèderait à des réquisitions matérielles et humaines pour assurer une collecte des ordures, aux frais de la métropole (qui comprendraient également les préjudices subis par la municipalité, habitants, commerçants, associations, entreprises et salariés dès lors qu'ils seront estimables).

Le tribunal administratif a fait débloquer l’ouverture de l’UIOM de Rillieux, désormais placée sous surveillance policière. Puis, aujourd'hui, c’est le tribunal de grande instance qui devait statuer en référé pour faire libérer l’accès de celle de Gerland : ce dernier point de blocage a finalement été levé par les grévistes. Les dépôts ne sont plus bloqués, eux non plus. Cela permet une reprise partielle de la collecte pour le secteur Nord et Est du territoire, tandis que les usines d’incinération pourront reprendre une activité normale dans quelques jours.
La reprise du travail par les éboueurs du service public n’est pas encore annoncée (ils demandent une revalorisation de salaire de l'ordre de 150 euros net, ainsi que les mêmes avantages pour tous les agents quand plusieurs statuts cohabitent) ; le mouvement entamé par les salariés de Pizzorno se poursuit. Il sera nécessaire de patienter encore quelques jours pour que soit évacuée la masse des déchets entassée sur les trottoirs.