Collecte huiles usagées : une filière bientôt autonome ?

Le 20/10/2011 à 12:31  

Collecte huiles usagées : une filière bientôt autonome ?
recyclage des huiles usagées Dans le cadre du financement de la collecte et du traitement des huiles usagées qu'elle assure, l'Ademe a mis en place un observatoire des flux physiques et économiques afin de suivre l'évolution des performances de la filière ; celui-ci produit chaque année un rapport. Les données 2010 font ressortir que plus de 90% des huiles usagées moteurs sont collectées et traitées pour 56% par valorisation énergétique et 44% par régénération (recyclage). Toujours l'an passé, le financement de la filière a mobilisé 7,2 millions d'euros, dans un contexte économique où l'attrait pour les huiles usagées s'est encore renforcé. Fait notable : la filière s’oriente vers une autonomie financière, sauf pour les DOM pour lesquels le besoin de soutien économique demeure...

 La synthèse du rapport "La filière des huiles usagées - Bilan de l'année 2010" indique que la collecte et le traitement des huiles usagées se sont appuyés l'an passé sur un réseau de 47 entreprises agréées de ramassage en métropole, 6 collecteurs dans les DOM, 36 exploitants d’installations de traitement agréés en France, ainsi que 5 sites autorisés situés en Allemagne, en Belgique et en Espagne. Les exploitants français des installations de traitement agréés se partagent une capacité annuelle exploitée de traitement de l'ordre de 433 400 tonnes, largement suffisante pour couvrir les besoins de traitement. Une seule unité de régénération d'huiles usagées noires existe en France mais totalise à elle seule une capacité de 125 000 tonnes par an. Les autres capacités de traitement sont détenues par des cimentiers, fabricants de chaux et autres centres de traitement de déchets qui utilisent les huiles usagées comme combustible.

 La gratuité de la collecte pour les détenteurs d'huiles usagées et le prix de vente des huiles usagées inférieur au coût de la collecte expliquent qu'un soutien économique a dû être apporté jusqu’à fin 2010 à cette filière. Il s’est traduit par une indemnisation des collecteurs d'huiles usagées, assurée par l'Ademe sur ses fonds et a nécessité la mobilisation de 7,2 millions d'euros. Le nouveau régime d’indemnisation de la filière huiles usagées, entré en vigueur le 1er janvier 2007, repose sur le versement par l’Agence aux collecteurs agréés d’une indemnité uniforme pour le ramassage des huiles usagées, en laissant les collecteurs négocier librement des contrats de livraison et des prix de reprise avec les exploitants d’installations de traitement agréés en France ou autorisés au plan européen. Ce régime est désormais bien assimilé par les opérateurs et a permis une hausse très significative du prix de vente des huiles usagées aux exploitants d’installations de traitement. Les prix de vente pratiqués en France sont désormais très proches voire équivalents aux valeurs moyennes européennes. L’écart entre le prix de vente et le coût de collecte a sensiblement diminué en 2010, dans la continuité de 2009, et s’est traduit par un taux d’indemnisation des collecteurs ramené à zéro début 2011.

huile de vidange "A la demande des préfectures de Martinique, Guyane, Guadeloupe (Départements français d’Amérique - DFA) et Mayotte, l’Ademe a accepté de reprendre en 2010 le financement de la filière huiles usagées dans ces départements dans la continuité du financement déjà assuré en métropole et à la Réunion. Compte tenu du fait que les huiles usagées des DFA sont acheminées par voie maritime en métropole pour y être traitées et que celles de Mayotte sont traitées à la Réunion et en métropole, le coût de la filière dans ces DOM est très élevé et sans commune mesure avec le coût métropolitain. Suivant les départements, il oscille entre 500 et 1 000 euros la tonne", précise Eric Lecointre, rédacteur du rapport.

 La collecte des huiles usagées noires s'est portée en 2010 à hauteur de 210 198 tonnes, en baisse sensible de près de -1,5% par rapport à 2009 après une année de nette baisse en 2009 par rapport à 2008. La légère baisse du marché de la lubrification enregistrée en 2010 a eu un effet, à la baisse, sur la collecte des huiles usagées moteurs, non compensé par la quasi stabilité de la collecte des huiles industrielles noires. La taille moyenne des lots enlevés a connu une nouvelle baisse significative génératrice de surcoût pour le ramassage. La collecte est réalisée pour près de 50% des tonnages auprès des professionnels de la réparation et de l'entretien automobile, le reste provenant des transporteurs, industriels, agriculteurs, collectivités entre autres. Sur la base de l'estimation du gisement d'huiles usagées, on estime que près de 95,3% des huiles usagées moteurs ont été collectées en France en 2010.

 Les huiles usagées noires collectées ont été traitées en 2010 pour 44,2% d'entre elles par voie de régénération et le restant en valorisation énergétique. Les huiles usagées ont été régénérées en grande majorité dans la seule entreprise de régénération française et pour un tonnage plus faible chez 4 régénérateurs allemands et espagnol. Les cimentiers ont consommé près de 35% des huiles utilisées en valorisation énergétique (baisse de 9,5% par rapport à 2009), le restant ayant été utilisé par des centres de traitement de déchets industriels et des fabricants de chaux. La part des huiles usagées collectées en France et traitées en Allemagne, Belgique et Espagne a fortement augmenté pour atteindre 11,4% des tonnages traités.

 Quid des perspectives 2011-2012 ?... "Après 2 années 2009 et 2010 marquées par la crise économique majeure et mondiale, l’année 2011 ne devrait pas voir une nette reprise du marché de la lubrification tant pour les véhicules que pour les usages industriels. Cette stabilité des quantités de lubrifiants mis sur le marché devrait donc entraîner une stabilité des quantités d’huiles usagées produites", indique l'Agence. "Malgré la crise économique, l’intérêt pour les huiles usagées avait permis de maintenir des prix d’achat à un niveau élevé en 2009 et 2010. Cet intérêt devrait être encore renforcé en 2011 avec une valeur telle que le besoin de financement de la filière de collecte et de traitement des huiles usagées en métropole sera ramené à zéro pour la première fois depuis le début du soutien économique à la filière dans les années 80".

 Pour télécharger l'intégralité du rapport de l'Ademe sur la filière des huiles usagées en 2010, rendez-vous ici (format PDF - 3 Mo).

source : Ademe