Compostage des boues de STEP : une filière en danger?

Le 13/03/2019 à 9:02  

Compostage des boues de STEP : une filière en danger?

Déchargement de boues compostées  Montée au front de plusieurs associations d'élus, conjointement avec les professionnels de l’assainissement et de la valorisation organique, à savoir l'AMF, Amorce, la Fnade, la FNCCR, FP2E, RISPO, et le Syprea, qui souhaitent que la filière du compostage des boues de STEP, productrice de matières fertilisantes normalisées et  hygiénisées, soit encouragée, alors que tout laisse à penser qu'elle pourrait être plantée. Le volet agricole de la FREC a en effet été présenté lors du salon de l’agriculture et le principe mis en avant, visant un traitement séparé des différents flux de déchets organiques, pourrait, selon les structures précitées, conduire à une interdiction de mélanger les boues et les déchets verts, ce qui condamnerait la filière de compostage, alors qu'il s'agit, selon les protagonistes, de la première voie de valorisation de fertilisants exogènes à l’agriculture puisque chaque année 6 millions de tonnes de boues urbaines sont épandues sur les sols agricoles dont près de 3 millions de tonnes après compostage.

 L'épandage et la méthanisation des boues issues du traitement des eaux usées seraient menacées par les évolutions réglementaires, dont la Frec : le volet agricole de celle-ci a en effet été présenté lors que Salon de l'Agriculture et met en avant un traitement séparé des différents flux de déchets organiques, ce qui pourrait déboucher sur une interdiction de mélanger les boues et les déchets verts, et condamnerait la filière de compostage. Dans ce contexte, plusieurs associations d'élus sont vent debout et organisent un branle bas pour tenter d'inverser la tendance qui se dessine...

Voilà donc l’affaire qui occupe au plus haut point l'AMF, Amorce, la Fnade, la FNCCR, FP2E, RISPO, et le Syprea (Syndicat des Professionnels du Recyclage en Agriculture, l'un des 8 syndicats de la Fnade), qui mettent en avant que la valorisation agricole des boues d’épuration des collectivités est en grand danger, car deux mesures menacent actuellement le retour à la terre de ces matières organiques, alors que l'on est clairement "dans la logique de cercle vertueux de l’économie circulaire, en faisant en sorte que les boues récupérées après le traitement des eaux usées municipales soient utilisées pour amender les sols agricoles". Et de souligner que chaque année, "le retour au sol des boues d’épuration se substitue à la production de 40 000 tonnes d’azote et de 40 000 tonnes de phosphore ce qui permet d’économiser des ressources non renouvelables ou fossiles le plus souvent situées en dehors de l’Union Européenne" (le phosphore par exemple, qui est principalement produit en Chine, aux Etats Unis et au Maroc). "C’est ainsi que l’émission de 225 000 tonnes de CO2 peut être évitée. Ces bénéfices sont reconnus au travers de la marque Fertilisant Durable qui accompagne la mise sur le marché de plus d’un million de tonnes de matières fertilisantes issues de l’économie circulaire".

 Autre rgument avancé par les structures citées plus gaut, depuis plus de 40 ans, grâce à la mise en place de la police des rejets non domestiques dans les réseaux d’assainissement, "la qualité des boues d’épuration s’est considérablement améliorée". A titre d’exemple, "les concentrations en mercure ont été divisées par 5 et celles en cadmium et en plomb par 10. De ce fait les composts de boues respectent sans difficultés les mêmes critères de qualité que ceux applicables aux composts de bio-déchets sensu stricto". Par ailleurs, "l’hygiénisation permise par le compostage est garante de la totale maîtrise des risques sanitaires. Enfin, la traçabilité réclamée par le volet agricole de la FREC s’applique déjà de longue date au traitement et au retour au sol des boues d’épuration. Les composts de boues répondent donc parfaitement aux exigences de sécurité alimentaire exprimées lors des Etats Généraux de l’Alimentation."

Les sept instances mobilisées rappellent bien volontiers que le compostage est aujourd’hui en France la voie majoritaire pour le traitement des boues d’épuration ; en conséquence de quoi, "cette filière doit continuer à être encouragée". Des partenariats étroits se sont ainsi noués entre près de 300 agri-composteurs et les collectivités pour optimiser localement le traitement des boues et des déchets verts. "Le compost de boues permet également de lutter efficacement contre le déclin des teneurs en matière organique des sols en parfaite adéquation avec l’initiative 4/1000 lancée par la France lors de la COP 21. Stabilisé et hygiénisé, il bénéficie d’une bonne acceptabilité sociale. Interdire de façon dogmatique le mélange des déchets organiques reviendrait donc à condamner le compostage des boues, voire le principe même de leur retour au sol. La seule alternative serait alors de les incinérer ce qui aurait un impact significatif sur le prix des services d’eau, réduisant le pouvoir d’achat des Français. Enfin, dans ces conditions, un des objectifs majeurs du volet agricole de la FREC qui consiste à augmenter la part des fertilisants issus de ressources renouvelables ne pourra être atteint".