Compostage : une solution de valorisation pour le plastique PLA?

Le 05/12/2018 à 20:15  

Compostage : une solution de valorisation pour le plastique PLA?

Emballages plastiques en PLA Une expérimentation prochaine visant à tesre le compostage des emballages fabriqués à partir d'acide polylactique (PLA), d'origine végétale, issu de la fermentation du sucre, est dans les tuyaux. Mis sur le marché mais ne bénéficiant pas de filière de recyclage dédiée, il est nécessaire de chercher des solutions viables, le malus étant annoncé pour les emballages qui ne connaîtraient pas d'autre exutoire que l'élimination. Citéo et Les Alchimistes, partenaires dans cette affaire, sont aux manettes depuis cet automne et devraient rendre compte des résultats de ces premiers travaux au printemps prochain...

 Si l’acide polylactique (PLA), un polymère produit industriellement à partir de ressources végétales, se présente comme une alternative aux autres polymères synthétiques, il ne rentre en l'état, dans aucune filière de recyclage existante. Au vu des pénalités probables à venir, pour les matériaux mis en marché sans prendre en considération le recyclage une fois l'emballage devenu déchet, l'éco-organisme Citéo et Les Alchimistes (basés à l'Ile Saint Denis, en Saine Saint Denis, se lancent dans une expérimentation visant à composter ces déchets d'emballages avec les biodéchets collectés en ville. A Paris, plus précisément.
Les Alchimistes se sont donnés pour mission « de collecter les déchets organiques des professionnels (restaurateurs, GMS, bureaux d’entreprises, établissements publics…) en circuit court afin de réduire par 20 le nombre de kilomètres parcourus par les biodéchets. Nous proposons ainsi une collecte de proximité créant un métier valorisant, celui de « super concierge » de quartier. Notre service se compose d’un accompagnement à la mise en place du tri, d’une formation de vos équipes puis d’une collecte régulière avec échange de bacs pour garantir la propreté de vos locaux. Notre installation possède un agrément sanitaire pour traiter tout types de déchets alimentaires, y compris d’origine animale ».
L'idée développée par l'entreprise francilienne est de composter les biodéchets en ville, grâce à un composteur électro-mécanique, une technologie qui permet, selon ses promoteurs, « de garantir un processus de compostage rapide tout en évitant les traditionnelles nuisances olfactives du compostage ou la présence de nuisibles, mais éfalement de produire un compost de qualité » (à la norme NFU 44-051) qui est ensuite commercialisé.
 Pour en revenir à l’acide polylactique, en l'état actuel du marché, ce sont 100 tonnes qui sont diffusées sous formes d'emballages plastiqes (contre 300 000 tonnes de PET recyclable), pas suffisant pour constituer une filière à part, mais assez pour perturber l'équilivre du tri couplé au recyclage mis en place de fait, il ne peut être recyclé en mélange avec les polymères synthétiques, dans les filières classiques dont il vient perturber la qualité des matériaux en sortie. De plus, le PLA nécessite un procédé de compostage industriel puisqu'il ne peut être composté à domicile avec les biodéchets des particuliers.
D'où l'expérience menée par les deux partenaires visant à trouver une solution viable économiquement, celle-ci se déclinant en trois étapes :
Le pré-traitement, qui permet de trier les emballages réceptionnés, de les broyer en paillettes de fine granulométrie puis de les mélanger
Le compostage, qui passe par une maturation dans un conteneur fermé ce qui assure une dégradation rapide (6 semaines), grâce notamment à un mélange régulier du compost à l’aide de palles mécaniques et à un système d’aération permettant une oxygénation complète. Le processus proposé est garanti sans nuisance olfactive grâce à la présence d’un biofiltre en sortie d’aération, tandisque le composteur peut traiter jusqu’à 120 kgs de déchets alimentaires par jour, soit 25 à 35 tonnes par an, selon la fréquence de remplissage ;
Les opérations post compostage qui permettront de tester et analyser le compost dans ses phases de maturation, l'objectif étant bien évidemment d'obtenir avec le PLA, la labellisation du compost (norme NFU 44 051) afin de le distribuer, comme  le 1er compost « fabriqué à Paris » issu des emballages compostables et des biodéchets.

L’objectif de cette expérimentation est double : certifier que le compostage industriel répond aux normes de qualité du compost et trouver un mode de collecte adapté pour ces emballages, proche du bassin de consommation. En perspective, s'affiche la volonté aussi, de développer des circuits de collecte permettant l’émergence rapide d’une nouvelle filière en milieu urbain, mais également d'identifier des circuits de collecte, en premier lieu auprès des professionnels, avec comme objectif de collecter un minimum de 500 bouteilles en PLA pour démarrer (les bouteilles en PLA sont collectées dans plusieurs restaurants et boutiques les distribuant, en même temps que d’autres biodéchets).
Des bacs ou des sacs sont mis à disposition des restaurants et magasins pour faciliter le travail du collecteur. Dans le cadre de l’expérimentation, l’utilisation du système d’information développé par Les Alchimistes permet de gérer la traçabilité des bouteilles collectées et émettre des documents d’accompagnement commerciaux.
Un test de collecte auprès des consommateurs sera également déployé via les magasins et lors d’événements afin de sensibiliser au compostage de cette famille d'emballages plastique.
 

Photo explicative du process proposé
Photo explicative du composteur  Les Alchimistes