Compostage urbain : et si Paris relevait le pari ?

Le 25/10/2011 à 15:34  

Compostage urbain : et si Paris relevait le pari ?
lombricompostage Chaque année, les Parisiens produisent plus de 180 000 tonnes de biodéchets (chiffres 2010 du Syctom) : épluchures de fruits et légumes, restes de repas (domicile, cantines, restaurants), déchets de supermarchés, déchets verts, bois d’élagage... Aujourd'hui ils sont principalement incinérés ou mis en décharge (CET - Centre d’Enfouissement Technique), bien qu’une meilleure alternative existe : la valorisation biologique par compostage ou lombricompostage. Ben oui, à Paris, il n'y a pas que les tickets de métro qui se compostent !...

 Incinération et mise en décharge ne font pas bon ménage avec les biodéchets... La composition de ces derniers, de 50 à 80% à base d’eau, réduit la combustion et donc le rendement de l’incinération, obligeant à utiliser davantage d’énergie. De plus, leur stockage en CET produit un jus de décharge, le lixiviat, devant être traité avant rejet dans l’environnement pour éviter la contamination des sols et des eaux souterraines. Du biogaz est également produit, contribuant au réchauffement climatique s’il n’est pas capté puisque principalement constitué de GES (CO2 et méthane).

 La valorisation biologique par compostage ou lombricompostage est une alternative beaucoup plus avantageuse sur les plans écologique et économique. Cette technique produit, par décomposition de déchets fermentescibles sous l'action de microorganismes, une sorte d’humus bien connue de nos lecteurs : le compost. C’est donc une substance organique permettant de fertiliser les sols, directement utilisable pour les plantes, jardins et/ espaces verts. Outre l’atténuation des inconvénients de l'incinération et de la mise en décharge, cette technique de valorisation biologique présente ainsi de nombreux avantages, parmi lesquels :

   la fabrication gratuite d’une alternative aux engrais et aux terreaux commerciaux ;

   la réduction du volume de déchets à prendre en charge : moins de véhicules de collecte sont nécessaires, permettant ainsi une diminution des coûts de ramassage et de traitement, des émissions de GES et des nuisances sonores ;

   la réduction de la majeure partie des nuisances de la poubelle (mauvaises odeurs, écoulements, moucherons) ;

   la préservation des ressources naturelles : les engrais de synthèse nécessitent pour leur fabrication beaucoup d’énergie ainsi que des ressources non renouvelables (phosphore, potasse) ;

   l'amélioration de l’infiltration et de la rétention de l’eau dans la terre amendée par ce compost ;

   la création de liens sociaux : des personnes de générations et de cultures différentes peuvent se rencontrer, échanger, passer des moments de convivialité autour de cette pratique (voir notre entretien).

Les Amis de la Terre Face à ces multiples constats, l'association Les Amis de la Terre a décidé d'apporter sa pierre à l'édifice concernant ce procédé de recyclage des déchets organiques ; elle vient de publier un "Guide du compostage et du lombricompostage". Ce dernier vise à promouvoir ces techniques de valorisation trop peu utilisées alors qu'elles sont tout à fait applicables à Paris, malgré la forte densité de population. Il fournit les informations nécessaires au montage d’un projet de compostage collectif et à l’utilisation d’un lombricomposteur. On peut également y trouver des témoignages de personnes ayant mis en place ces types de valorisation sur Paris. Pour le télécharger, rendez-vous ici.