Contamination du Rhône aux PCBs : un Tchernobyl à la française !

Le 23/08/2007 à 19:29  

Contamination du Rhône aux PCBs : un Tchernobyl à la française !
Poison Déjà interdites dans les départements du Rhône, de l’Ain, de L’Isère et de la Drôme, la consommation et la commercialisation des poissons du Rhône sont désormais suspendues dans les départements du Vaucluse, du Gard et des Bouches-du- Rhône par un arrêté préfectoral du 7 août 2007.
Cet arrêté à été pris après résultat d’études, péniblement obtenues, révélant la présence dans le fleuve de pyralènes (PCB), produits chimiques industriels, listés par l’ONU comme l’un des douze salopards : Polluants Organiques Persistants (POP, protocole d'Aarhus de juin 1998 et convention de Stockholm de mai 2001)... Il serait temps de prendre et d'assumer certaines responsabilités!

Les POP sont persistants dans l’environnement par une résistance aux dégradations biologiques naturelles. Ils s’accumulent dans les tissus adipeux des êtres vivants jusqu’à atteindre des concentrations très élevées en haut de la chaîne alimentaire. A cet égard, le WWF rappelle l’extrême toxicité des POP pour la faune et pour l’organisme humain avec une dégradation du système immunitaire, des effets sur la reproduction et le développement de cancers.

Une pollution prévisible !
Le PCBs n’étant plus autorisé à la vente depuis 1987, la présence de cette catégorie de POP dans les sédiments du Rhône date d’une époque industrielle aujourd’hui presque totalement révolue.
Le silence apposé jusqu’ici sur cette pollution est indigne de notre démocratie, et fait pressentir le pire sur l’étendue de cette catastrophe écologique.
L'usine Tredi de Saint-Vulbas est l'une des deux usines autorisées en France au titre des ICPE (Installations Classées Pour l’Environnement) à traiter les pyralènes encore contenu dans les transformateurs EDF. Cette usine continue à rejeter ces produits chimiques dans le Rhône. L'association se demande quelles quantités de pyralène, présentes dans les transformateurs EDF, doivent encore être traitées. Elle demande par ailleurs qu’une étude sur l’étendue de cette contamination soit ouverte dans les plus brefs délais
Quelles sont les conséquences exactes de cette pollution sur la faune ?
Quel est le taux de contamination de la chaîne alimentaire (phyto et zooplancton, invertébrés aquatiques, poissons d’eau douce, oiseaux piscivores, mammifères aquatiques, et poissons marins) ?
Quelle est l’étendue géographique de cette pollution : qu’en est-il pour l’estuaire du Rhône et la Camargue (Zone Humide Ramsar), pour la mer Méditerranée ?

Que faire des sédiments contaminés ?
Il est du devoir des autorités publiques de traiter les centaines de milliers de tonnes de sédiments contaminés. Ce coût de dépollution risque d’être exorbitant. Il serait inacceptable que les pouvoirs publics fassent porter cette charge aux contribuables. Bernard Cressens, directeur des programmes de WWF s’interroge aussi sur la capacité de la France à appliquer concrètement ses obligations européennes en matière de qualité des eaux douces pour le maintien de la biodiversité (la DCE de 2002 et la Directive 2006/44/CE du Parlement Européen et du Conseil de septembre 2006 ).

Sans parler des conséquences économiques...
La contamination des écosystèmes aquatiques aux PCBs entraîne des conséquences économiques graves immédiates pour le secteur de la pêche professionnelle en eau douce et la pêche récréative à terme.
Comme le déclarent Philippe Boisneau, président des pêcheurs professionnels en eau douce (CNAPPED) et Didier Bretin, Président de l'association interdépartementale des Pêcheurs Professionnels de la Saône et du Haut-Rhône : « Les pêcheurs sont dans l’obligation d’honorer leurs nombreuses charges (loyer à l'Etat, charges sociales…) sans pouvoir percevoir de recettes puisque la vente des poissons leur est interdite. Il ne faut pas minimiser l’impact et les conséquences économiques de cette pollution.»
La pêche récréative, n’est pas, en soit, interdite : les pêcheurs de loisirs peuvent continuer leur hobby sous respect du principe « no kill » (la remise à l’eau du poisson pêché). Mais à terme (2008), alors qu’ils payent les droits de pêche à l’Etat sur le Domaine Public Fluvial, le nombre de cartes de pêche délivrées par les Fédérations Départementales de pêche concernées par cette pollution risque de baisser.
Le WWF, en soutien aux professionnels de la pêche en eau douce et aux pêcheurs récréatifs, interpelle l’Etat pour qu’une indemnisation pour perte de revenus leur soit débloquée.