Contrefaçons : des déchets qui coûtent bonbon…

Le 09/11/2015 à 23:23  
Contrefaçons : des déchets qui coûtent bonbon...
Douanes L’incinération sert les Douanes plus souvent qu’on ne le pense puisque les articles saisis pour contrefaçon ne sont jamais valorisés autrement qu’en partant en fumée. Tout récemment, l'Unité de traitement des ordures ménagères (Utom) de Saran dans le Loiret, a de nouveau mis ses fours à la disposition de la direction régionale des Douanes qui assiste à la destruction de ce qui est saisi sur le territoire du Centre Val de Loire et se sert de ces destructions massives comme d'un outil de communication sans pareil... C'est ainsi un peu partout en France.

 La contrefaçon, qui représenterait, selon une enquête de l'OCDE de février 2011, réactualisée par la Chambre de commerce international, 5 à 7 % du commerce mondial, constitue un phénomène en augmentation constante qui profite de la mondialisation des échanges et qui n’épargne aucun secteur de l’activité économique. 
Depuis plus de 15 ans, le phénomène de la contrefaçon a connu une formidable expansion.
Les saisies douanières sont passées en France de 200 000 articles en 1994 à 4,6 millions en 2012.  Les saisies opérées dans le fret postal et le fret express, mode d’acheminement privilégié de la contrefaçon vendue sur Internet, représentaient environ 1 % des articles saisis en 2005, 16% en 2011 et 30 % en 2012 (avec 1,4 million d'articles saisis).  La France réalise aujourd'hui 25 % des saisies douanières de contrefaçons, en Europe, soit 8,8 millions d’articles pour la seule année 2014...

 Il y a de tout, ou presque : si les montres, foulards, vêtements, sacs, parfums, et autres paires de chaussures comptent parmi les grands classiques, la gamme des produits contrefaits ne cesse de se diversifier ; le fléau est même une menace grave pour la santé (puisque les médicaments sont sans conteste les produits les plus contrefaits -principe actif mal dosé ou inexistant -, tandis que l'on vend du matériel médical contrefait lui aussi), mais aussi pour la sécurité des personnes : les pneus, les pesticides, pièces de rechange de véhicules automobiles et même des tailles haies peuvent être contrefaits. Le bureau des Douanes de Châteauroux a ainsi été étonné, au printemps dernier, de constater un dédouanement important de tailles haies achetés par un particulier, sur Internet, destinés à la vente aux particuliers sur un site de vente en ligne bien connu, a indiqué un Douanier de l'Indre. De fait, les outils en question, ressemblant à du matériel japonais bien connu, étaient en fait fabriqué en Chine et se sont révélés particulièrement dangereux.
C’est sans compter que le commerce de ces objets sous le manteau, grève l’économie nationale.
Coûteux à récupérer puis à détruire, mais lucratifs pour les trafiquants (de l’ordre de 250 milliards de dollars annuels), cette criminalité organisée serait positionnée dans le classement, juste derrière celle des stupéfiants…

Dans ce contexte, depuis plusieurs années maintenant, les Douanes organisent la destruction au rouleau compresseur, ou par incinération, de ces objets de manière plus médiatique qu’auparavant, de sorte à sensibiliser le public sur les dangers des produits contrefaits (puisqu’il en va de va sécurité dans bien des cas)… Il y a quelques jours, dans 21 sites en France,  les douaniers ont détruit des milliers d’articles contrefaits en présence du public et de la presse.
Dans le Centre, 120 000 articles ont été saisis ou retenus par les douanes en 2014 ; début novembre 2015, ce sont déjà 190 000 articles contrefaits qui ont été récupérés. Ce 5 novembre, 90 % des 18 684 articles incinérés avaient été saisis par les seules équipes de contrôles routiers de Bourges et Tours : c’étaient surtout des vêtements.
La veille, mardi 4 novembre, c’était la direction des douanes de Basse-Normandie, qui procédait par le même mode opératoire, à la destruction de près de 9 100 contrefaçons (plus de deux tonnes) saisies depuis le mois de mars dans la région : c’est l’UIOM de Colombelles, dans l'agglomération caennaise qui a été sollicitée pour menée à bien cette élimination ; en Basse Normandie, ce sont déjà 5,4 tonnes de contrefaçons qui ont été détruites (saisies sur les marchés locaux mais parfois aussi dans des magasins ayant pignon sur rue...
Ecostu’air, un établissement qui valorise en électricité la vapeur créée grâce à l’incinération des déchets, près du Havre a lui aussi, « traité » des articles de contrefaçon, issus de saisies douanières effectuées en Haute-Normandie ces derniers mois. Au total, 143 510 produits ont été incinérés...
Mais il est des façons de faire qui peuvent être différentes et moins coûteuses que l’incinération : ainsi, les services des douanes de Nantes qui avaient démantelé en 2014, un réseau d’importation de chaussures contrefaites, se soldant par une saisie de 12 tonnes de marchandise, ont retenu Barbazanges Tri Ouest, en ce début d'année, pour transformer ces baskets en CSR, lequel a été absorbé par un four cimentier...