Crise alimentaire et Diester : le biocarburant n’affame pas

Le 22/04/2008 à 16:48  

Crise alimentaire et Diester : le biocarburant n’affame pas

Colza Alors que l’idée reçue qui prétend que les biocarburants sont la cause principale de la faim dans le monde se répand, la filière Diester tient à rappeler en quoi le développement du Diester à partir du colza et du tournesol produit en France est une production qui permet, au contraire, d’accroître les disponibilités de matières premières au niveau mondial. Par ailleurs, si l’urgence est aujourd’hui d’assurer l’approvisionnement alimentaire des pays pauvres, c’est par l’investissement dans les filières agricoles que se trouvent les réponses sur le long terme. Le cours des matières premières agricoles actuel est une opportunité à saisir pour cela… Tel est en substance, le message que nous a délivré la filière.

Une série de facteurs qui a conduit à l’augmentation des prix des matières premières

C’est la conjonction de nombreux facteurs qui a conduit à l’augmentation des cours des matières premières agricoles :

une série de mauvaises années et d’accidents climatiques qui ont limité la production agricole en Australie ; facteur sur lequel le réchauffement climatique est en partie responsable ;

l’évolution des niveaux de vie en Asie qui fait exploser les importations de céréales, d’huiles et de protéines végétales vers ce continent ; la Chine et l’Inde, qui représentent 1/3 de la population mondiale, ont vu leur consommation de matière première alimentaire augmenter de 7 à 8% par an ces dix dernières années ;

l’augmentation des cours du pétrole qui tire l’ensemble des marchés vers le haut ;

et la spéculation financière renforcée sur les marchés des matières premières agricoles depuis la crise des subprimes.

Le développement européen de la filière biodiesel, marché sur lequel le Diester est leader, se fait de manière progressive et raisonnée. S’il a un impact sur les cours des oléagineux et des huiles, il n’est que relatif au regard de l’ensemble des facteurs mis en cause.

Le Diester, un biocarburant au développement maîtrisé

En France, en 2010, 2,5 millions d’hectares d’oléagineux (colza et tournesol) seront produits pour satisfaire les besoins en huiles alimentaires et l’objectif d’incorporation de 7% de biodiesel dans les gazoles. Ce développement se fait dans un cadre réglementé en Europe et est encore plus encadré en France avec le système des agréments.

L’accompagnement par les Pouvoirs publics de la production de Diester en France se justifie non seulement pour l’intérêt environnemental du produit mais également pour l’intérêt que représentent les coproduits du Diester pour l’alimentation animale. Rappelons que la France est dépendante à plus de 45 % d’importations de protéines végétales pour ses élevages.

Le Diester favorise la disponibilité mondiale de matières premières alimentaires

Pour chaque litre de Diester produit en France, 1,5 kg d’aliment pour les élevages est produit sous forme de tourteau. Cet aliment riche en protéines remplace le tourteau de soja traditionnellement importé du continent américain.

En 2010, ce sont ainsi près de 3,5 millions de tonnes de tourteaux qui seront produits en France et c’est autant de tourteaux de soja qui resteront disponibles sur les marchés mondiaux.

Cela peut sans doute sembler paradoxal, mais la production française de Diester à partir de colza et de tournesol est clairement une réponse aux besoins alimentaires en viandes et en produits animaux.

Construire des filières agricoles compétitives dans les pays pauvres

Enfin, le niveau des cours des matières premières agricoles atteints aujourd’hui doit être également vu comme l’opportunité de construire des filières agricoles compétitives et économiquement viables dans les pays pauvres, et notamment en Afrique.

L’aide alimentaire vers ces pays est une urgence aujourd’hui. La réflexion doit également se porter sur les moyens de s’affranchir de cette aide. C’est par la coopération et par l’investissement dans les infrastructures agricoles que se trouvent les réponses. En Afrique, 500 millions d’hectares sont cultivables en agriculture semi-pluviale mais des infrastructures restent à construire.

D’ores et déjà, la filière Proléa a conduit des initiatives en matière de coopération, de développement et de transfert de technologies, notamment en Afrique sub-saharienne.