CSR : pour bien se préparer à l'avenir...

Préparer l'avenir et investir, exige certes du courage, surtout en période de morosité économique, mais bien évidemment également, de croire au devenir de son métier, de son entreprise, et d'imaginer de manière constructive, une passation de pouvoir ultérieure à sa descendance, avec en perspective, la transmission d'un outil parfaitement adapté aux nouvelles donnes du marché : recevoir le recyclage en héritage n'est pas antinomique avec la modernité...


Investir encore et toujours, pour un jour passer la main, prouve s'il en est besoin que l'on croit au lendemain, à l'avenir d'un vieux métier que l'on sait depuis des générations adapter à des réalités nouvelles. C'est le choix de Pascal Secula (voir Côte d'Or : quand le déchet "donne chaud"), qui préside cette société indépendante et familiale, que d'avoir opté pour la modernité et tablé sur l'ouverture du marché des Combustibles de Substitution issus du Recyclage, à moyen ou plus long terme ...
A quelques jours près, dix huit mois se sont écoulés entre l'inauguration de cette unité de production de CSR (Voir Bourgogne Recyclage ne manque pas d'énergie) installée à Ruffey-lès-Beaune et aujourd'hui ; belle opportunité pour faire un point, avec Geoffroy, fils aîné du dirigeant, quant aux performances de l'unité, mais également sur les perspectives du marché du CSR... Geoffroy Secula étant ravi d'annoncer au tout début de l'entretien, qu'après sa sœur Virginie, le « petit dernier » de la fratrie, Guillaume, âgé de 26 ans, a rejoint l'entreprise familiale fin 2015, après avoir suivi le cursus d'une école de commerce (tout comme son aîné, ndlr). « Dans un premier temps, il s'imprégnera de nos métiers, via un passage obligé sur chacun des sites de la société afin d'en comprendre parfaitement le fonctionnement ».


Il faut toujours un laps de temps pour s'approprier l'outil, apprendre à l'alimenter et à le maîtriser.
Tester les machines, les solliciter pour obtenir le réglage optimal, afin d'apporter une amélioration en continu, était bien évidemment prévu à notre programme initial. A l'usage, il nous est apparu opportun d'ajouter à l'unité un compacteur, qui se substitue à la benne que nous avions installée, ce qui permet d'optimiser le rapport volume/poids des déchets en PVC qui ne font pas partie des ingrédients composant nos CSR, et qui au préalable, tombaient dans une benne. Nous limitons ainsi le nombre de rotations.
L'unité assure 12h30 par jour de production, tandis que chacun des 6 collaborateurs affectés en permanence à celle-ci, auxquels s'ajoutent 2 personnes pour assurer la maintenance pendant la production, travaillent 4 jours par semaine. Les équipes étant constituées dans le respect des 35 h de travail hebdomadaire.


Il est probable que bientôt, les cimentiers, actuellement principaux consommateurs de CSR, ne seront plus seuls sur les rangs ; d'ores et déjà, d'autres utilisateurs potentiellement intéressés, se font connaître. Le curseur change peu à peu de position ; nous assistons au début d'un changement en profondeur des usages.

Solution efficace pour limiter le taux d'enfouissement, condamné à baisser au vu des dernières dispositions réglementaires, la production de CSR constitue une autre manière de procéder à la valorisation des déchets ; une manière supplémentaire et complémentaire. Une fois ces paramètres intégrés, il suffit de se lancer...
L'enjeu pour nous, n'était pas tant de travailler davantage sur les entrants, mais de mettre en place une solution intelligente afin d'optimiser la gestion de nos refus. Etant entendu qu'il va de soit que les tonnes de proximité, tout comme les tonnes de qualité, qui se présentent, apportent un potentiel qu'il ne nous faut pas négliger.
La filière des combustibles solides de récupération est encore marginale en France, mais cela ne pourra pas perdurer ; avoir choisi d'investir dans ce domaine est un plus.
Commercialement parlant, nous avons maintenu nos prix, tout en faisant savoir que nous sommes désormais à même de proposer une nouvelle solution à nos clients, à savoir une solution dédiée à la valorisation maximale, ce qui renforce par ailleurs, notre image de recycleur.
Au demeurant, notre entreprise étant implantée dans la région de longue date, nous n'avons rencontré aucun problème d'acceptabilité, au contraire, ce qui renforce notre crédibilité en qualité d'industriel.


Je suis partisan d'une hausse de la TGAP qui ne devra pas pour autant atteindre des sommets, je le répète, ceci constituant un effet de levier favorisant les investissements au sein de nos entreprises.
C'est si vrai que partout en France où l'enfouissement coûte peu cher, où il n'est pas denrée rare, il n'existe quasiment pas d'unité de production de CSR ; en revanche, dès lors que l'enfouissement est plus onéreux, on assiste à la construction de ce type d'installations. Si la filière n'a pas encore acquis sa maturité, elle se construit peu à peu, notamment là où le prix de l'enfouissement est élevé, ce qui démontre qu'une TGAP ajustée favoriserait la production de ces combustibles qui trouveraient preneurs facilement dans la mesure où nous ne rencontrons guère de difficultés pour les écouler, pour autant que nous fournissions la qualité souhaitée par nos clients.

Cela étant dit, il faut faire la part des choses et tenir compte des réalités : ne perdons pas de vue qu'une décharge, même aux normes existantes, n'a rien à voir avec un outil industriel ; au demeurant, les coûts d'exploitation ne sont pas comparables...
Le contexte est ce qu'il est aujourd'hui. Pour autant, notre choix d'avoir construit cette unité dédiée à la production de CSR est raisonné et basé sur une vision à moyen et long terme : la fiscalité évoluera afin d'encourager les investissements visant à réduire la part des déchets ultimes, de la même manière qu'en parallèle, les marchés vont s'ouvrir...





Je serais tenté de dire que l'enjeu est d'ordre culturel. Arrêtons d'assimiler utilisation de CSR et incinération puisque ça n'en est pas : on ne broie pas du déchet, nous travaillons des déchets non dangereux pour en faire un combustible, ce qui n'est pas du tout la même chose ! Nous préparons en effet, des déchets pour en faire une matière qui réponde à des critères précis, ce qui fait de nous des fournisseurs d'énergie renouvelable ou des fournisseurs d'énergie non fossile. Le sujet CSR est sensible en raison de cet amalgame qui est trop souvent fait entre l'incinération des déchets et la production d'une matière qui vient se substituer à une énergie fossile ; c'est là que le bât blesse.


.jpg)




