Déchet, es-tu là ???...

Le 27/01/2014 à 13:06  

Déchet, es-tu là ???...

De l'utilité de localiser le déchet... Une chose est avérée : les professionnels de la propreté étendent les usages de la Carte... C'est ce qui ressort d'une conférence consacrée à "L’information Géographique appliquée aux métiers de la propreté" qui a été organisée par Esri France en 2013. Force est de constater que l’information géographique devient le nouvel outil indispensable aux métiers dédiés à la collecte des déchets : hier, pour gérer les tournées de ramassage ou de collecte, demain comme outil intégré de gestion commerciale, financière ou de facturation : l’intégration de la carte dans le système d’information de l’entreprise, de la production jusqu’au GPS embarqué en cabine, multiplie les nouveaux usages possibles...

Peut-on encore organiser des tournées de collecte d’ordures ménagères sans système d’information géographique (SIG) ? Certes oui, mais cela n’est pas vraiment aussi efficace. Ni pour optimiser les trajets, ni pour maximiser les tournées, ni pour suivre les consignes de sécurité, ni pour respecter les règles de circulation. Etant entendu que les maitrise des trajets impacte la maitrise des coûts... La plupart des professionnels réunis par Esri lors d’une journée dédiée à "L’information Géographique appliquée aux métiers de la propreté" en sont convaincus. D’autres voient déjà plus loin, à l’image de Coved (Groupe Saur), Veolia Propreté, Eurobios, Sabatier Géolocalisation ou Nokia qui planchent sur de nouvelles fonctions, accessibles aux non-informaticiens et aux non-géomaticiens, pour intégrer la cartographie numérique au système d’information de l’entreprise : pour la prospection commerciale, la facturation individualisée, la planification embarquée ou le calcul 2D/ 3D en temps réel. Une vision nouvelle du métier et des usages est en marche. Hubert d’Erceville a concocté une revue de détail...

Ainsi, chez Veolia, la démarche SIG se globalise au sein du système d’information d’entreprise : les fonctionnalités cartographiques et les composants ArcGIS intègrent le projet de refonte de Diva, l’outil "maison" de gestion et d’exploitation pour la collecte des déchets. Avec une migration des applications sous .net (Microsoft), de nouvelles technologies de développement et une méthodologie projet sous Agile. « Le SIG apporte une vision nouvelle du métier. À l'usage, ces nouveaux outils améliorent la prospection commerciale, l’exploitation et l'analyse des prestations », indique Jérémy Sandrin, chef de projet cartographique (optimisation et traçabilité) chez Veolia Propreté à Nanterre en Ile-de-France. L’interface homme machine (IHM) est particulièrement soignée et offre une plus grande visibilité aux agents de planning et logisticiens qui organisent tous les jours les tournées de collecte. « Auparavant, le trajet des tournées était étudié sans recourir à des notions géographiques ou cartographiques. Maintenant, il apporte un éclairage nouveau au travers de cartes 2D/3D sur les plannings du personnel et les parcours des véhicules de collecte ». La mise en place du projet est opérée selon la démarche POC (Proof of concept). Les bases ont été réalisées en 10 jours avec un expert Esri en régie dans les locaux de Veolia, avec une démarche d'amélioration continue des outils. D’autres fonctionnalités, accessibles à tous les métiers, sont prévues, comme le calcul des émissions de CO2 et de l’écotaxe (obligatoire fin 2013), la proposition de planning des tournées par isochrones, l’analyse spatiale pour la prospection commerciale. Le retour sur investissement comme argument commercial

Autre entreprise, même démarche : Coved (Groupe Saur) exploite depuis quelques années son application « Opale » de gestion des tournées pour le ramassage des ordures ménagères. Là encore, « il s’agit d’abord de répondre aux obligations contractuelles de fournir les plans de tournées et d’optimiser les parcours », note Claude Rouche, Directeur métiers Propreté & Ingénierie à la DSI du Groupe Saur. Le SIG est aussi utilisé à des fins de prospection commerciales pour répondre à des appels d’offres. « D’abord, parce qu’une bonne carte est plus parlante qu’un long discours, et que la mesure du retour sur investissement est le meilleur argument commercial car la gestion optimisée des tournées fait gagner du temps et du carburant ». Les cartes sont également travaillées en géolocalisation avec le système Masternaut : le SIG est alors embarqué sur un GPS intelligent issu d’Opale pour piloter le machiniste sur le parcours. « C’est très utile pour former et informer rapidement les chauffeurs ou piloter à distance les remplaçants ».

 Oui ! Et Jezebel Vittori, Directrice de la communication d’Eurobios le confirme en soulignant que « le SIG apporte des gains en terme de maîtrise des coûts, de réactivité face aux changements du territoire, de protection de l’environnement ». Cet éditeur de progiciels, spécialiste de la résolution des problèmes liés aux systèmes complexes, diffuse « Waste Optimiser » et « Operations Planner » auprès des services de la collecte des déchets pour les collectivités locales. Ces solutions basées sur ArcGIS répondent à des problématiques opérationnelles intégrant des paramètres de plus en plus complexes : le poids des bacs, les zones de demi-tour autorisé, la collecte unilatérale, la composition des équipes, la saisonnalité, …. Le trajet est calculé sur ces bases et restitué avec des indicateurs de performance : kilomètres parcourus, temps de travail, points réels de collecte, consommation, efficacité, etc. « À l’avenir, la redevance au poids va progressivement devenir obligatoire, prévoit Jezebel Vittori. Le client payera alors selon l’information du bac à trier. Ce travail est déjà opéré sur les points à collecter, il sera donc simple de faire le lien avec une base de données des usagers et aboutir à une facturation individualisée ».

La solution « EPI » mise au point par Sabatier Géolocalisation complète ce processus. Modulaire, elle se plie à divers contextes métier, possédant chacun ses spécificités. Pour Eric Vieux-Combe aussi, Directeur Général de Sabatier Géolocalisation, le retour sur investissement est rapide. « Une fois les calculs d’itinéraires établis, l’application est embarquée dans les camions de ramassage avec un GPS qui guide le chauffeur sur le terrain, indique les changements de direction, le côté du ramassage ». Exemple pratique à la Communauté des 17 communes de l’Agglopôle Provence Salon et Berre l’Étang qui exploite l’application depuis deux ans pour améliorer la circulation des camions : aujourd’hui 5 engins suffisent à réaliser toutes les tournées, alors qu’il en fallait 7 auparavant.

géolocalisation Au coeur du dispositif, les opérateurs doivent désormais intégrer des données toujours plus précises, telles que la hauteur des ponts, les limites de vitesse ou de poids, les restrictions de transport des matières dangereuses et autres paramètres tout aussi importants pour gagner en efficacité. C’est le défi relevé par Nokia/Navtech via son nouveau service « Here » (here.com) qui inclut aussi des données historiques et statistiques relatives au trafic routier. « Pas vraiment indispensable pour éviter un embouteillage ponctuel en direct, admet Pascal Boyeau, directeur marketing chez Here Enterprise Europe du Sud, mais très pratique pour planifier à l‘avance les rotations selon les pics de circulation horaire, quotidienne, hebdomadaire ou annuelle ».
Et de rappeler que la qualité des données est fondamentalement importante pour positionner le client de manière précise : ce programme intègre les polygones des codes postaux afin de réaliser des études de marché, mesurer l’efficacité d’un service, mettre en place un géo-décisionnel ou faire du géomarketing. Autant de fonctions novatrices qui feront gagner du temps aux opérateurs et aux prestataires (et donc de l'argent, car pour ces professionnels, l’information géographique est sans conteste devenue l'une des clefs de leur rentabilité.