Déchets alimentaires : l'Europe et l'ONUAA synergisent

Le 05/10/2017 à 15:11  
Déchets alimentaires : l'Europe et l'ONUAA synergisent
 L'Union Européenne et l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture unissent leurs forces pour prendre des mesures en vue de lutter contre le gaspillage alimentaire et la résistance aux antimicrobiens...

 Dans une lettre d'intention signée la semaine passée, l'UE et l'ONUAA prennent l'engagement de collaborer étroitement afin de réduire de moitié le volume de déchets alimentaires par habitant d'ici à 2030, un objectif établi dans le nouvel agenda mondial regroupant les objectifs de développement durable. Par cette lettre, les 2 organisations s'engagent également à intensifier leur coopération en matière de lutte contre la propagation de la résistance aux antimicrobiens (RAM) dans les exploitations agricoles et dans les systèmes alimentaires.

 A l'échelle du globe, un tiers des produits alimentaires destinés à la consommation humaine (1,3 milliard de tonnes) sont perdus ou jetés chaque année, ce qui entraîne des pertes financières considérables et constitue un gaspillage des ressources naturelles. Rien qu'en Europe, quelque 88 millions de tonnes de denrées alimentaires sont gaspillées chaque année, les coûts associés s'élevant, selon des estimations de l'UE, à 143 milliards d'euros.

 Dans le même temps, l'utilisation accrue, voire l'abus, de médicaments antimicrobiens dans les secteurs de la santé humaine et animale a contribué à une augmentation du nombre de microbes pathogènes résistants aux médicaments antimicrobiens utilisés pour les combattre comme les antibiotiques. La RAM constitue donc une menace croissante qui, selon certaines études, pourrait provoquer pas moins de 10 millions de décès par an et engendrer, pour l'économie mondiale, plus de 85 millions d'euros de pertes d'ici à 2050. Outre les risques pour la santé publique, la RAM a également des répercussions sur la sécurité alimentaire ainsi que sur le bien-être économique de millions de ménages agricoles dans le monde entier.

 Le partenariat renforcé entre l'UE et l'ONUAA démontre que les priorités des 2 organisations se recoupent dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments et de la sécurité alimentaire. L'ONUAA mène un effort international pour améliorer la mesure des pertes et des gaspillages alimentaires au niveau mondial, notamment grâce à la publication d'un indice des pertes alimentaires mondiales annuelles. La Commission Européenne travaille également à la mise au point d'une méthodologie pour mesurer le gaspillage alimentaire, dans le cadre de son plan d'action en faveur de l'économie circulaire. L'ONUAA est déjà un membre actif de la plate-forme de l'UE sur les pertes et le gaspillage alimentaires.

 En juin dernier, la Commission Européenne a adopté un nouveau plan d'action de l'UE sur la résistance aux antimicrobiens, fondé sur le concept "Une seule santé" et pleinement conforme au plan d'action mondial de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la RAM, ainsi qu'au plan d'action de l'ONUAA sur la RAM 2016-2020, qui se concentre spécifiquement sur ce problème au sein des chaînes alimentaires.
 Les possibilités d'une exploitation stratégique des connaissances et ressources disponibles dans les 2 organisations sont multiples. On peut citer notamment:
 la synchronisation des efforts pour quantifier les pertes et le gaspillage alimentaires à chaque étape de la chaîne alimentaire ;
 le renforcement de l'échange d'informations et d'éléments probants concernant l'utilisation d'agents antimicrobiens dans la production alimentaire ainsi que les meilleures pratiques en matière de gestion de la RAM ;
 des actions conjointes de sensibilisation et d'éducation en vue de promouvoir une utilisation responsable des antimicrobiens et d'améliorer l'hygiène au niveau des exploitations agricoles afin de limiter en premier lieu la nécessité de les utiliser ;
 l'aide apportée aux pays dans l'élaboration de leur législation en matière d'utilisation des antimicrobiens ;
 la réalisation de formations communes et le renforcement des capacités afin d'améliorer les capacités nationales à suivre l'utilisation des antibiotiques dans les systèmes alimentaires et à "cartographier" la présence de la RAM.