Déchets aveyronnais : Solena n’est pas encore sorti de terre…

Le 22/02/2017 à 17:20  

Déchets aveyronnais : Solena n’est pas encore sorti de terre…
Projet Après l'arrêt du site du Burgas à Sainte-Radegonde, c'est celui de Solozard qui fermera en 2019 à Villefranche-de-Rouergue : il y a donc urgence à réorganiser le traitement des déchets sur le département, et de mettre fin aux transferts de ceux-ci sur le département du Tarn. Solutions Environnement Aveyron, alias Solena, un projet consacré à l'installation d'une unité industrielle de traitement des déchets aveyronnais, porté par les entreprises Séché Environnement et Sévigné, finalisé en 2016, devrait déboucher sur une construction en 2019, une mise en service en 2020. Il sera implanté dans le bassin de Decazeville, sur les anciens terrains d'Umicore rachetés par Séché Environnement qui a pris en charge leur dépollution et qui y assure le suivi trentenaire...

Depuis environ 20 ans, le département cherche une solution pérenne pour traiter ses déchets in situ, sur son territoire, alors qu’ils sont expédiés par voie routière dans le département du Tarn et traités via Trifyl, et que la cette situation devra prendre fin en 2020. Le temps passant vite, les procédures nécessaires tout comme les oppositions obligées, ne manquant pas de faire durer l’aboutissement (ou non) d’un dossier, il devenait urgent pour le Sydom de plancher et de penser une solution  au problème posé.

 Si dans un premier temps, la société Sévigné a développé en solo un projet, en 2015, deux projets étaient en lice : l’un porté par Trifyl (qui traite les déchets du département depuis 2009) avec une proposition visant à augmenter sa capacité, le second, porté par Séché Environnement et la société Sévigné qui se sont unies pour travailler de concert afin de proposer une solution pérenne et locale de traitement et de stockage des déchets. En novembre 2015 en effet, les deux sociétés créent une société commune,  Solena (Solution environnementale pour l'environnement), Séché Environnement étant actionnaire à 60% et Sévigné à 40%.

Ces deux propositions ont été présentées au Syndicat départemental des ordures ménagères (Sydom) qui devait opter rapidement, puisqu'après l'arrêt du site du Burgas à Sainte-Radegonde, c'est celui de Solozard qui fermera en 2019 à Villefranche-de-Rouergue.
«Résolument tournées vers l'avenir, et inscrites dans une démarche d'économie circulaire, les solutions proposées permettront de valoriser plus de déchets sous forme de matières ou d'énergies (électricité, chaleur). L'Aveyron sera au rendez-vous de la Loi de Transition Énergétique et pourra, avec Solena, envisager sereinement une autonomie, à court terme, dans la gestion de ses déchets non dangereux (...) C'est un projet ambitieux pour le territoire, c'est aussi une opportunité de reconversion vers l'économie verte pour les terrains dépollués, et pour lesquels il n'y a pas de conflit d'usage avec des activités agricoles ou touristiques», avaient indiqué les deux entités dans un communiqué commun.

Solution locale, le projet de Solena (qui nécessitera un investissement d’environ de 40 millions d’euros, avec une quarantaine d’emplois sur le bassin de Decazeville) a été privilégié en mars 2016 puisqu'il répond aux objectifs de la LTECV, qui fixe des objectifs destinés à valoriser plus de déchets et diminuer ainsi ce qui ne pourra être recyclé. Il a été décidé que l’unité de traitement industrielle sera installée à Viviez, là où Séché Environnement a achevé la dépollution du site d’Umicore, un site qui n’est pas en concurrence avec d’autres activités, Séché s’étant porté acquéreur des terrains dans le cadre du suivi trentenaire (la pollution ne s’étant évidemment pas bornée au périmètre de l’ancien site d’Umicore, l’installation existante réalisée pour dépolluer le site industriel va également servir à dépolluer les terrains et jardins environnants, sur la commune).
Si le projet en tant que tel est finalisé depuis 2016, reste à déposer les dossiers d’autorisation de construire, une démarche actuellement en cours, la construction devant intervenir en 2019, pour une mise en service probable en 2020
Concrètement, il y avait en 2010 en Aveyron, environ 100 000 tonnes de déchets non valorisés. L’objectif à atteindre est de parvenir, en 2025, à 50 000 tonnes seulement : le projet est dimensionné pour ne recevoir que les déchets aveyronnais, calibré pour  augmenter le taux de valorisation matière, produire de l’énergie, puis à moyen terme, de fabriquer du compost. En d’autres termes, il s’agira de récupérer les déchets valorisables, de fabriquer des CSR grâce à la partie des déchets non recyclable mais ne manquant pas de potentiel énergétique, et méthaniser la partie organique pour produire le biogaz, la fraction ultime prendrait la direction du site de « l’Igue du mas », non loin de là.
Telle est la teneur du projet de traitement et de stockage, un sujet des plus sensibles pour certains, les opposants, qui ne croient pas à sa viabilité, étant regroupés au sein de l'association ADEBA - Association pour la Défense de l’Environnement du Bassin et ses Alentours-, tandis que de nombreux élus sont favorables à l’idée de concrétiser…

A ceux qui doutent, Jean-François Bigot, Directeur des Grands Projets chez Séché Environnement, avance des arguments  précis : « calibré pour réceptionner 110 000 tonnes par an, l’unité sera à même de traiter les 65 000 tonnes de «sacs noirs» (comprendre ordures ménagères), auxquelles il convient d’ajouter des refus de centres de tri, des déchets d'activités économiques et des déchets du monde agricole. On estime que 10 % des déchets OMR sont recyclables, ainsi que 10 % à 20 % sur le reste des différents types de déchets. De plus, la fraction organique des déchets sera destinée à la méthanisation. Notre outil pourra s'adapter en cas de collecte séparée des biodéchets qui pourront repartir dans le cycle agricole sous forme de compost. De la même manière pour les produits combustibles : 20 % valorisés en bons combustibles (CSR, combustibles solides de récupération). 40 % des OMR seront stockés en mode bioréacteur, produisant du biogaz qui sera réinjecté dans le réseau de biogaz passant à proximité».
Et pour ce qui est des coûts, chacun des protagonistes ayant défendu son projet en avançant qu’il est moins cher que celui du concurrent, il est difficile de déterminer avec certitude qui a raison, ou pas sur ce point qui divise évidemment les pro et les anti Solena…