Déchets : Clermont Ferrand modernise la valorisation

Le 16/12/2013 à 17:14  

Déchets : Clermont Ferrand modernise la valorisation

Vernéa L'installation, pilotée par Sita, aura pour mission de traiter 230 000 tonnes annuelles. La filiale de Suez Environnement, a inauguré son centre de valorisation des déchets ménagers basé dans Puy-de-Dôme, ce vendredi 13 décembre. Ce petit bijou auvergnant occupera 51 collaborateurs...

Laurent Battut, président du Valtom, Syndicat pour la valorisation et le traitement des déchets ménagers du Puy-de-Dôme et du Nord de la Haute Loire, et Christophe Cros, Directeur Général adjoint de Suez Environnement en charge de l’activité Déchets Europe, étaient sur place, le 13 décembre dernier, à l’occasion de sa mise en service industrielle. Installé à Beaulieu, non loin de Clermont-Ferrand, il est basé non loin du Centre d’enfouissement technique de Puy Long qui reçoit des déchets ménagers, des boues de station d’épuration et des déchets industriels banals à hauteur de 235 000 tonnes par an (chiffres2004).

Quand on anticipe l'avenir...
déchets ménagers en conteneurs Installation jugée à la pointe de la performance énergétique et environnementale, Vernéa est un pôle de valorisation énergétique et biologique. Le Valtom a confié à Sita la construction et l’exploitation du pôle Vernéa pour 20 ans. Le site, occipera 51 personnes et réceptionnera  230 000 tonnes de déchets par an, qui seront collectés auprès des 650 000 habitants des régions Puy-de-Dôme et du nord de la Haute-Loire. Les déchets seront triés mécaniquement afin de distinguer deux familles : les déchets organiques qui seront transformés en biogaz et en compost et les déchets secs, qui seront préparés pour être utilisés en qualité de combustibles.
Ce pôle permettra de fournir de l’électricité à plus de 70 000 personnes et de produire 6 500 tonnes de compost certifié par an à partir des déchets locaux. Les déchets du territoire seront ainsi valorisés à près de 70%, au lieu de 35% actuellement.

 Pour mémoire, le PDEDMA, révisé en juillet 2002, prévoit des objectifs ambitieux de prévention, de valorisation et de traitement. Il préconise notamment une augmentation de la quantité de déchets d’emballages, une mise en place progressive de la collecte des biodéchets, une augmentation de la masse de déchets verts collectés en déchèteries, une amélioration des taux de valorisation, ainsi que la limitation des tonnages à enfouir. Le stockage en CSDU est réservé aux seuls déchets ultimes, définis comme la fraction non « récupérable » et «non valorisable» des déchets ménagers.
Parmi les 12 principales mesures prévues au PDEDMA, 2 seront réalisées sur le Pôle Vernéa :
une Unité de Valorisation Biologique (UVB) dédiée aux déchets organiques et verts issus de la collecte séparée des biodéchets. Cette UVB, d’une capacité de 26 500 tonnes/an, associe un méthaniseur et une plate-forme de compostage.
une Unité de Valorisation Energétique (UVE) d’une capacité de 170 000 tonnes/an pour traiter les déchets résiduels (ordures ménagères résiduelles, déchets encombrants incinérables, refus des centres de tri, refus de l’unité de valorisation biologique).

déchets ménagers Ce projet assure la maîtrise des coûts de traitement fixés par le syndicat avec un prix équivalent à 69 euros la tonne entrante. De plus,il intègre les évolutions techniques et réglementaires présentes et à venir :
le tri mécanique allié à l’unité de stabilisation biologique permet de limiter la quantité enfouie (600 000 tonnes de déchets évités sur 20 ans) et d’améliorer la qualité des déchets stockés (moins de lixiviats et de biogaz)
le respect de l’objectif de la circulaire «Voynet» de 1998 : plus de 50% des déchets à la charge des collectivités locales doivent être collectés en vue d’une valorisation matière ou biologique dès 2010
la cohérence avec l’objectif fi xé en 2005 par le Ministère de l’Ecologie : moins de 250 kg enfouis ou incinérés par an et par habitant en 2010, moins de 200 kg en 2015
l’anticipation des orientations européennes en matière de déchets et d’énergie : apporter à l’UVE la totalité de la fraction combustible des ordures ménagères.
 

Vernéa
Une installation conçue pour traiter plus
D’un point de vue technique, le site dispose d’une unité de tri mécanique des ordures ménagères résiduelles, d’une capacité maximale de 205 500 tonnes par an, qui traite toutes les ordures ménagères résiduelles réceptionnées sur le site permettant ainsi l’optimisation de la valorisation matière, énergétique et organique...

compostage de FFOM « Le tri mécanique des ordures ménagères résiduelles issues de la collecte traditionnelle, permet de séparer, par criblage, les différentes fractions de déchets, à savoir les déchets recyclables (tels que les métaux ferreux) qui sont extraits en vue de leur valorisation, via une filière spécifique, mais également les déchets résiduels organiques sont destinés à être stabilisés. Lors de la phase transitoire correspondant à la montée en puissance de la collecte sélective de la FFOM, une partie de ces déchets sera dirigée vers l’Unité de Valorisation Biologique après affinage. Celle-ci pourra donc fonctionner à pleine capacité dès l’ouverture du Pôle. Les déchets secs à haut pouvoir calorifique rejoignent l’Unité de Valorisation Énergétique pour être incinérés », indique l’opérateur.

 L’Unité de Valorisation Biologique utilise deux procédés selon qu’il s’agisse du traitement des biodéchets (FFOM) ou des déchets verts : la méthanisation et le compostage. « Les biodéchets, ou fraction fermentescible des ordures ménagères représentent entre 30 et 50 % du poids des ordures ménagères et produisent beaucoup de méthane lors de leur dégradation. Ils seront méthanisés. Les déchets verts de jardins, d’espaces verts ont un très faible pouvoir méthanogène. Ils seront compostés. Les deux équipements fonctionneront en totale synergie : le digestat issu du méthaniseur sera composté avec les refus ligneux de préparation des déchets verts. Les deux types de compost produits répondront chacun à la norme NF 44-051 révisée, gage de qualité et de traçabilité », explique Sita.
Vernéa L’unité de méthanisation pour le traitement des biodéchets : le biogaz, qui va être valorisé sur l’Unité de Valorisation Energétique, et le digestat, qui, après maturation par compostage, va constituer du compost. L’unité de méthanisation de la fraction fermentescible des ordures ménagères, d’une capacité de 18 000 tonnes par an, est une filière de valorisation jugée avantageuse qui permet la conversion de la biomasse en énergie et produit un amendement organique.
La plateforme de compostage pour le traitement des déchets verts : « le compost de qualité obtenu après affinage et maturation de l’humus va constituer un amendement organique de qualité. L’unité de compostage des déchets verts, d’une capacité de 8 500 tonnes par an, permet non seulement la valorisation organique des déchets, mais aussi l’enrichissement des sols, plus spécifiquement agricoles de la région»...

 Complémentaire des équipements prévus par le PDEDMA, la stabilisation biologique permet de réduire d’environ 35% la masse des déchets biodégradables et de limiter encore plus la quantité de déchets à enfouir ainsi que les nuisances des CSDU (lixiviats et biogaz). Elle fonctionne sur le principe d’un compostage aérobie (en présence d’oxygène) accéléré. D'une capacité de 51 500 tonnes par an, elle pourra accueillir 41 500 tonnes de fractions fermentescibles issues du tri mécanique et 10 000 tonnes de boues de station d’épuration. La stabilisation permet d’obtenir, après fermentation et évaporation, un résidu stable du point de vue organique : le stabilat. Celui-ci sera enfoui en centre de stockage des déchets ultimes de classe 2.

incinération Une unité de valorisation énergétique d’une capacité limitée à 150 000 tonnes par an, qui permet le traitement thermique de la fraction combustible avec valorisation énergétique. Il est bon de rappeler même si tous n’aime pas le procédé, que l’incinération permet de diminuer la quantité des déchets ultimes à enfouir tant au niveau du volume (90%) que de la masse (70%). A la clé, une production électrique de 127 500 MWh, dont 20% sont utilisés pour les besoins du Pôle, et l’excédent revendu à EDF (ce qui correspond aux besoins d’une ville de plus de 50 000 habitants). Les mâchefers ou résidus solides (37 400 tonnes par an) seront utilisés en sous couches routières ou remblais, après valorisation sur la plate-forme dédiée (criblage, déferraillage, maturation).

 Et dans la rubrique « on pense à tout »... En cas d’arrêts techniques programmés ou accidentels, Sita précise que les déchets destinés à l’incinération sont mis en balles, c’est-à dire compactés et enveloppés d’un film plastique les rendant étanches, et stockés à proximité des fosses de stockage des ordures ménagères résiduelles en attendant leur traitement, ce qui offre une certaine souplesse vis-à-vis de l’exploitation de l’UVE...