Déchets et gestion de crise

Le 23/09/2011 à 19:18  
Déchets et gestion de crise
Dégâts de la tempête Xynthia Quand la crise, catastrophe naturelle ou conflit social, bloque la chaîne de l’élimination des déchets ou au contraire entraîne un surplus de déchets…. Dans un tel contexte hors normes, comment assurer la collecte, comment organiser les filières de traitement, comment protéger les infrastructures, comment organiser l’intervention des différents acteurs, comment préparer le retour à la normale… et plus génériquement, comment anticipe-t-on ces situations ? Tel était le thème d’un atelier qui s’est déroulé dans le cadre des 11ème assises des déchets qui se sont tenues à Nantes…

 Autant que questions auxquelles ont tenté de répondre Olivier André, responsable des services techniques chez Trivalis, Olivier David, du service prévention des nuisances de la DGPR au Ministère de l’Ecologie, Jacky Bonnemains, président de Robin des Bois, Clio Borghese, consultante, Fabrice Dumas, chef du bureau de la planification pour Zone défense et de sécurité de Paris et Roland Sylvain, directeur adjoint de la division gestion des déchets pour le Grand Lyon…

Pour mieux planter le décor, un exemple : Xynthia.
En quelques heures, 1 million de tonnes de gravats, 200 000 tonnes de ferrailles, 500 000 ordinateurs devenus DEEE, 40 transformateurs au tapis… Tout a pu être transporté dès le 12 septembre dans une décharge fermée parce que saturée, réouverte pour cette triste occasion…
« En d’autres termes, la tempête a généré en quelques heures, plus de déchets que de déchets ménagers en France pendant un an…
Comment collecter, comment s’organiser comment trier, avec quelles installations disponibles. Telles sont les questions auxquelles il faut répondre dans l’urgence
», explique Olivier David…
« Notre objectif était d’évacuer au plus vite encombrants et rebuts de la mer enchevêtrés », complète Olivier André. « Pour ce faire, parce qu’on n’était pas préparés, on a réquisitionné dans l’urgence un parking et trois sites de transferts non imperméabilisés… 7 000 tonnes de déchets en tous genres, représentaient pour nos deux petites communes, l’équivalent de 12 ans de collecte d’encombrants. Il a fallu faire le maximum en un temps record ; on a pu se débrouiller en 48 heures parce que on a à faire à de petites communes. Si tel n’avait pas été le cas on n’aurait pas pu faire face », poursuit l’orateur. Au demeurant, Trivalis, grâce à son unité de commandement s’en est globalement mieux sortie que les Charentes Maritimes qui comptaient beaucoup plus de parties prenantes…

Dégâts du tsunami au Japon « Après le cataclysme, on assiste à des situations post catastrophes très difficiles, confirme Jacky Bonnemains : au Japon, au monde où nous parlons, il y a encore 200 000 tonnes de poissons pourris à traiter avec les invasions de moustiques qui vont de pair… Au vu de l’hyper urgence à certains endroits, on a dû, tout mis bout à bout, procéder à l’immersion en mer de 55 0000 tonnes de ces poissons… Il faut se servir des expériences pour prévoir à l’avance des sites de transferts et mettre en place des référents responsables… La cartographie existe : on connaît les zones inondables, les zones susceptibles de sécheresse, les zones où on risque les feux de forêts, les sites industriels avec les risques Seveso… Ailleurs, c’est vrai qu’il faut avoir une boule de cristal. Cela étant, il y a suffisamment d’endroits à risques connus pour que l’on mette en œuvre une politique responsable afin d’éviter de graves pollutions post catastrophes »…

« En 1910, on a vécu en Ile de France une crue cumulée de la Seine, de la Marne et de l’Oise, rappelle Fabrice Dumas qui confirme par ailleurs que « le secrétariat général à la Défense travaille contre le risque, parce que l’Ile de France c’est à la fois une très forte densité d’habitat, de population, d’infrastructures, d’établissements de santé, tandis que la région représente à elle seule 28% du PIB ».
Avec un effet domino évident en cas de kata…
De 1910 à 1960, nous avons subi 6 crues de plus de 6 mètres à l’échelle du Pont d’Austerlitz. Depuis 1980, une seule crue de plus de 6 mètres…
Au vu des projections, ce serait 30 000 tonnes de déchets à évacuer et à traiter par jour… Tiru ne pourrait plus fournir le réseau de chauffage urbain… On en passe et des meilleures.
Aussi, « le scénario Kata est prêt et les réponses aux problèmes qui ont pu être anticipés, existent ». Dans le schéma catastrophe, tout a été mis en œuvre pour que l’autoroute du nord, l’autoroute du sud et le périphérique, restent accessibles, toutes les lignes de métro et une belle partie du réseau RER seraient, elles, HS…
A l’énoncé de ces propos Jacky Bonnemais ne peut s’empêcher de réagir… « Vous n’avez pas tenu compte des déchets d’inondation dans vos chiffrages et tonnages »…, tandis qu’Olivier David manifestait sa satisfaction au vu de la qualité du travail d’anticipation fournir : « Il faudrait impérativement multiplier ce type de travaux et d’études ailleurs en France » …

Autre cas de figure, la kata sanitaire : vache folle, grippe aviaire… ou encore H1N1, avec à la clé des personnels malades et donc absents…
Comment répondre à la demande et aux besoins de collecte ??? Le Grand Lyon s’est penché sur ce schéma catastrophe et founrit sa conclusion : « une usine d’incinération peut continuer de fonctionner et stocker avec moins de personnels en place, du moins dans un premier temps. A la suite de quoi, on réduirait l’entretien préventif sur une courte période au bénéfice du stockage et de l’évacuation des mâchefers… Cela étant, il ne faudrait pas que ma situation de crise perdure trop longtemps », témoigne Roland Silvain…
Et Jacky Bonnemains de rappeler pour conclure qu’il vaut mieux avoir anticipé afin de travailler proprement parce qu'il y a de ssituations provisoires qui durent, qui durent...  et que tout n'est pas rose, notamment en cas de marée noire.
« C’est l’histoire d’une petite île qui a été réquisitionnée par l’Etat pour réceptionner des déchets d’hydrocarbures suite à la marée noire provoquée par le Torrey Canyon... (voir cet article). Depuis, on y a ajouté les déchets générés par le scandale de l’Amoco Cadiz (voir ou revoir quelques images )… Depuis lors, rien n’a changé : 44 ans de souillures sont encore en place ! Robin des Bois a ressorti le dossier et travaille avec le ministère afin d’évacuer ces déchets dans les meilleurs délais »…