Déchets : la gouvernance au coeur des débats

Le 05/04/2012 à 16:09  

Déchets : la gouvernance au coeur des débats

Jean-Yves Menou Si les prochaines Assises nationales de la prévention et gestion territoriale des déchets sont du même tonneau que la dernière édition, nul doute qu'on ne s'ennuiera pas, tant les sujets abordés avaient été riches d'enseignements. Elles ouvriront leurs portes dans 3 mois et se tiendront au stade Charléty, à Paris. Idéal Connaissances, l’Observatoire Régional des Déchets d’Ile-de-France (ORDIF) et la Région Ile-de-France sont à l'initiave de ce grand rendez-vous dont la programmation mettra la gouvernance au cœur des débats. Pour connaître les enjeux que recouvre cette notion, Jean-Yves Menou, maire de Ploubezre (22) et président du Smitred Ouest d’Armor, nous explique son point de vue...

« La gouvernance ne doit pas échapper au monde politique ! » martèle Jean-Yves Menou. Cette responsabilité s’impose en effet aux élus de par la loi qui les oblige à assurer la gestion des déchets, de la collecte au traitement. Car leurs électeurs sont aussi des consommateurs et des producteurs de déchets. « Nous sommes au carrefour de deux intérêts : celui des collectivités dont le rôle est de protéger ses administrés et celui des industriels à la recherche de profits » rappelle l'homme politique, « si l’élu n’est plus présent autour de la table, il y aura un déséquilibre ». L’enjeu est donc là : comment faire participer le monde de l’industrie et de la distribution tout en plaçant les collectivités au cœur de la gouvernance ?

Avec un secteur des déchets morcelé en une multitude de filières, le secteur public appréhende leur récupération par le monde industriel, ce qui entraînerait un manque de cohérence dans la gestion des déchets. C’est ce que déplore l'élu : « l’instauration de la REP (Responsabilité Elargie Producteur) en France, selon le principe du pollueur-payeur, est une bonne décision, mais je regrette qu’elle ait conduit à rendre ces filières trop autonomes et cloisonnées les unes des autres ». Sans synergie entre elles ni mutualisation des moyens, le risque serait donc de faire peser aux contribuables d’éventuels surcoûts. « Le rôle des collectivités aurait dû être renforcé lors de la mise en place de ces filières au lieu de les dessaisir, notamment sur les plus juteuses financièrement ».

Certaines filières sont en effet une manne économique pour les producteurs qui en ont la charge. C’est le cas des DEEE qui possèdent une part de métaux précieux conséquente. Leur laisser l’exclusivité de cette filière revient donc à en délaisser d’autres qui, moins porteuses économiquement mais essentielles pour l’environnement, peinent à se mettre en place faute de moyens. C’est pourquoi Jean-Yves Menou défend le cycle de vie des produits, où l’amont (l’industrie) vient financer l’aval (le traitement des déchets), avec la collectivité au cœur du processus. « L’idée serait de financer via les REP, un fond unique national de péréquation qui viendrait soutenir les collectivités avec leur savoir-faire sur toutes les filières ».

Jean-Yves Menou associe toujours le mot « ressource » au terme « déchet ». Nouvelle matière première, il est sûr que « cela sera un enjeu pour notre industrie et l’économie du 3e millénaire ». L’impact d’une mauvaise gestion des déchets sur l’environnement est catastrophique, tout le monde le sait. Nous savons aussi que nos ressources naturelles s’amenuisent au fil du temps. Et si l’on pensait autrement ? C’est ce que revendique M. Menou : « il devient plus judicieux pour notre industrie de considérer le déchet comme une nouvelle source de matière première, d’où l’intérêt de pousser au maximum la valorisation matière ». Réutiliser la matière d’un objet pour en fabriquer un autre, c’est sans doute la meilleure perspective pour le secteur des déchets.

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