Déchets : le principe de REP est durablement structurant




Cela fait 20 ans que les Assises permettent aux industriels, aux collectivités locales, aux représentants des usagers et aux pouvoirs publics de dialoguer, confronter idées et expériences sur un problème central pour notre société : les déchets. C’est toute la réussite de ces Assises biennales que d’avoir réussi, dans un climat jamais démenti d’échange, de partage et même de convivialité, à traiter ce thème en profondeur. Un thème qui est loin de s’épuiser. Pour mémoire, la production de déchets en France était de 868 millions de tonnes en 2008, dont 45 millions de tonnes pour les ménages et collectivités, des chiffres qui ne cessent de croître.

La gestion des déchets était initialement centrée sur des enjeux sanitaires. Dans les dernières décennies, la problématique s’est élargie, nous confrontant à de véritables défis économiques et sociaux : quelle rentabilité économique et quels financements des traitements, quelle acceptabilité sociale pour les décharges et usines d’incinération... Il y a une dizaine d’années, les enjeux du recyclage et de la réutilisation se sont une première fois imposés, entraînant la mise en place de filières de recyclage de plus en plus structurées et efficaces. Avec la récente crise économique, le recyclage et la réutilisation trouvent toute leur actualité. D’autant que la Directive déchet et les possibilités de sortie du "statut" de déchet laissent entrevoir de nouvelles opportunités de traitements. L’ensemble de ces éléments, associés au développement intense de l’utilisation de MPS (Matières Premières Secondaires), permet de conforter les filières de recyclage.

Plus que jamais : en complémentarité des enjeux de recyclage et d’éco-conception, la nécessité de sensibilisation du public à la production de déchets, ou plutôt à la réduction de production, est un axe de travail incontournable. Eu égard notamment aux difficultés d’implantation de nouveaux incinérateurs et au contexte général de limitation de l’enfouissement, nous serons amenés tôt ou tard à questionner à nouveau les formes "contractuelles" qui lient les producteurs, les traiteurs de déchets, l’administration et les usagers.

En effet, je crois que nous nous apprêtons à prendre un tournant important, notamment avec le concept de REP. Ce principe de responsabilité élargie des producteurs, repris par la Directive 2008/98/CE et décliné dans le Grenelle II, permet par exemple d’envisager de nouveaux modes de gestion, basés de plus en plus sur la responsabilisation du producteur, en intégrant l’ensemble du cycle de vie dès la conception du produit. Cette émergence du rôle central du producteur peut devenir je crois durablement structurante. Correctement encadré, notamment par les Pouvoirs publics qui jouent ici un rôle essentiel de garant et de vigie, ce positionnement du "producteur" au cœur du processus de gestion aurait l’avantage de permettre à la fois de limiter la production de déchets et de conforter l’efficacité des filières de recyclage et des actions de prévention.



