Déchets plastiques : une menace mortifère pour les oiseaux

Le 17/05/2019 à 13:01  
Déchets plastiques : une menace mortifère pour les oiseaux
 A l’occasion de la Journée mondiale des oiseaux migrateurs, célébrée le 11 mai dernier (voir ici), 2 instruments des Nations Unies sur la faune sauvage joignent leurs voix aux écologistes du monde entier pour appeler à une action urgente concernant l’élimination de la pollution plastique et souligner ses conséquences désastreuses sur les oiseaux de mer et les oiseaux migrateurs...

 "Un tiers de la production mondiale de plastique est non recyclable et, chaque année, au moins 8 millions de tonnes de plastique continuent d’affluer sans relâche dans nos océans et nos plans d’eau. Ce plastique se retrouve dans l’estomac des oiseaux, des poissons, des baleines et pollue notre sol et notre eau. La Terre étouffe sous les déchets plastiques ; et il en va de même pour nos oiseaux", déclare Joyce Msuya, Directrice exécutive par intérim du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE).

 La pollution plastique représente une triple menace pour les oiseaux. La plus manifeste de toutes est probablement l’enchevêtrement dans des équipements de pêche ou d’autres déchets plastiques, mais ce n’est pas la plus meurtrière. L’ingestion de déchets plastiques est omniprésente et peut toucher de nombreuses espèces. Lorsque les oiseaux confondent le plastique avec de la nourriture, ils finissent par mourir de faim tandis que leur estomac se remplit de plastique non digeste. Le plastique est également utilisé comme matériel de nidification. Nombre d’oiseaux collectent des morceaux de plastique qu’ils utilisent ensuite pour tapisser leur nid, au lieu de se servir de feuilles ou de brindilles, ce qui peut causer des blessures et entraver la mobilité chez les poussins.

 Les équipements de pêche abandonnés sont responsables de la plupart des prises accidentelles d’oiseaux en mer, dans les rivières, les lacs et même sur terre. Les oiseaux de mer sont les plus touchés. En outre, un nombre considérable d’oiseaux de mer victimes d’enchevêtrement ne sont pas recensés du fait qu’ils se trouvent loin des côtes et donc loin de nos regards. Afin de recueillir de nouvelles données sur les enchevêtrements en mer, des scientifiques comme Peter Ryan se sont tournés vers Google Images et d’autres sources sur le web pour obtenir une image plus complète de la menace. Leurs travaux ont permis de revoir à la hausse le nombre d’espèces d’oiseaux touchées.

 Sur les 265 espèces d’oiseaux qui se sont empêtrées dans les déchets plastiques, au moins 147 étaient des espèces d’oiseaux de mer (soit 36% des espèces d’oiseaux de mer), 69 étaient des espèces d’oiseaux d’eau douce (soit 10% des espèces d’oiseaux d’eau douce) et 49 étaient des espèces d’oiseaux terrestres (soit 0,5% des espèces d’oiseaux terrestres). Ces chiffres indiquent que presque tous les oiseaux marins et d’eau douce sont exposés au risque de s’empêtrer dans des déchets plastiques et autres matériaux synthétiques. Les oiseaux terrestres, aussi bien les aigles que les pinsons, sont également touchés, et la situation devrait encore s’aggraver.
 Les recherches démontrent qu’environ 40% des oiseaux de mer ont du plastique dans l’estomac. Les canards marins, les huards, les pingouins, les albatros, les pétrels, les grèbes, les pélicans, les fous de Bassan et les morus, les goélands, les sternes, les mergules et les oiseaux tropicaux sont particulièrement exposés au danger. L’ingestion de plastique peut provoquer leur mort ou causer des blessures graves, et le plastique accumulé risque de bloquer ou d’endommager le tube digestif de l’animal ou de lui donner un faux sentiment de satiété ; l’animal finit alors par mourir de faim ou de malnutrition. En outre, des additifs chimiques provenant de matière plastique ont été trouvés dans les œufs d’oiseaux d’environnements éloignés, tels que l’Arctique canadien.
 Pour régler le problème de la pollution plastique et réduire le nombre d’oiseaux victimes d’ingestion et d’enchevêtrement, le PNUE a lancé la campagne "Clean Seas" en février 2017. Celle-ci, qui cible en particulier la pollution plastique marine, agit en amont et demande aux particuliers, aux gouvernements et aux entreprises de prendre des mesures concrètes afin de réduire leurs propres empreintes plastiques.