Déchets : Semardel injecte son biométhane et distille quelques messages...

Le 11/10/2018 à 21:12  

Déchets : Semardel injecte son biométhane et distille quelques messages...

Plateforme de valorisation du biogaz de Semardel A l'occasion de l'inauguration ce 9 octobre, de la nouvelle plateforme de valorisation du biogaz provenant de ses installations de stockage des déchets ultimes de Vert-le-Grand / Echarcon, qui lui permettra d’injecter directement du biométhane dans le réseau de distribution de GRDF... Eric Braive, Président du Conseil d'administration de Semardel, ne mâchant pas ses mots, a prononcé un discours remarqué, véritable plaidoyer en faveur d’une fiscalité faite de bonus pour les bonnes pratiques et de malus pour ceux qui se contentent du minimum réglementaire, d'une politique drastique vis-à-vis des émetteurs de produits non valorisables sur le marché, d’une politique incitative très forte pour l’utilisation des matières recyclées, par les industriels : « laisser croire qu’il suffira de réduire les capacités d’enfouissement de moitié, laisser croire qu’il suffit de ce fait de laisser augmenter les tarifs et ainsi dissuader de recourir à l’enfouissement est un leurre»...

 La Société d’Economie Mixte d’Actions pour la Revalorisation des Déchets et des Energies Locales collecte, traite, valorise les déchets pour mettre à disposition de nouvelles ressources (matières et énergies) ; créée en 1984, elle n'a cessé d'ajouter des cordes à son arc depuis lors.

A travers sa filiale Semavert, dédiée à la la valorisation des déchets non dangereux ultimes stockés, des biodéchets (déchets verts et alimentaires) et des déchets de chantiers, Semardel capte depuis 13 ans, le biogaz produit par la dégradation des déchets stockés et le valorise sous forme d’électricité injectée sur le réseau et de chaleur utilisée en interne. La SEM francilienne injecte désormais, depuis août 2018, du biométhane directement dans le réseau de distribution de GRDF, une installation qui a été inaugurée ce 9 octobre.  70 personne dont Jean-Philippe Dugoin Clément Vice-président de la Région Île-de-France et de nombreux élus de la Région et de l’Essonne, le Directeur territorial (Val d’Oise, Yvelinnes, Essonne) de GRDF avaient répondu à l’invitation de Eric Braive, Président du Conseil d’administration de Semardel, et Brigitte Vermillet, présidente du Conseil d’administration de Semavert.

«C’est un jour important aujourd’hui pour Semardel, qui célèbrera l’année prochaine ses trente-cinq ans d’existence. Il est important de ne jamais oublier d’où nous venons, comment nous sommes arrivés là. De ce passé je retiens surtout une dynamique et une volonté.
La volonté, il faut la garder intacte : permettre au territoire dans lequel nous évoluons de répondre à l’enjeu de la collecte, le traitement et la valorisation des déchets sous maîtrise publique, dans les meilleures conditions techniques, et au tarif le plus juste.
La dynamique il faut l’entretenir, la renouveler en permanence, pour continuer à aller de l’avant.
Je ne sais pas si depuis trois ans il y a une accélération mais je sais qu’on se mobilise tous azimuts pour permettre à Semardel de continuer à faire œuvre utile pour l’Ile de France
», a exprimé Eric Braive.

 2 ans après la signature de la convention d’injection dans le réseau et de multiples défis technologiques surmontés, les premiers kW/h deMichel Piazza, Directeur territorial Val d’Oise, Yvelinnes, Essonne de GRDF, Jean-Philippe Dugoin-Clément, Vice-président de la Région Île-de-France, Denis Duplessier, Directeur général de Semardel. biométhane issus de la valorisation des déchets circulent en effet dans le réseau. Semardel est elle-même première consommatrice du biométhane pour alimenter ses véhicules de collecte équipés de moteur au Gaz Naturel pour Véhicules (GNV). « Des déchets pour chauffer les habitations et pour faire rouler nos camions, c’est concret », annonce Eric Braive, qui rappelle que cela fait longtemps que la SEM n'est plus seulement une entreprise de gestion des déchets, mais aussi une productrice de ressources pour le territoire. 
« Avec ce projet, la dynamique de développement de la filière biométhane se confirme et prend de l’ampleur en Ile-de-France. Ce projet contribue à notre ambition d’injecter 30% de gaz vert dans les réseaux à l’horizon 2030 »,  a indiqué pour sa part, Michel Piazza, Directeur Territorial de l’Essonne, des Yvelines et du Val d’Oise de GRDF. De fait, la plateforme de valorisation du biogaz produit, d’une part, 30 000 MWh/an d’électricité soit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 6 400 foyers et, d’autre part, 16 000 MWh/an de biométhane soit
la consommation annuelle de 1 340 foyers en gaz (avec un objectif de 60 GWh/an – 5 000 foyers - d’ici 5 ans).
« Tout comme nous avions été les premiers à mettre en place des barrières passive et active pour protéger les nappes phréatiques il y a 30 ans, nous sommes aujourd’hui le premier centre de stockage de la région francilienne à avoir mis en œuvre un projet de ce type et le troisième en France, sur plus de 250 centres de stockage de déchets », s'est félicitée la vice présidente du Conseil départemental de l’Essonne, Brigitte Vermillet, qui préside Sermavert. « L’électricité fournie par cette installation représente la consommation électrique annuelle de 6 400 foyers. Le biométhane injecté équivaut à la consommation annuelle de gaz de 1 330 foyers et nous visons les 5 000 foyers d’ici 5 ans », a complété Denis Duplessier, directeur général de Semardel

Les actionnaires ne touchent pas de dividendes, mais en contrepartie « nous ne les avons jamais sollicités pour mettre au pot, comme on dit. Les activités de Semardel répondent à des business plans qui doivent permettre de financer son propre développement et améliorer les taux de valorisation. Ce cercle vertueux fonctionne depuis trois décennies et nous comptons poursuivre en ce sens, et avoir toujours un temps d’avance. Brigitte l’a indiqué, permettez-moi d’insister. Sur plus de 250 Centres de stockage il n’y en a que trois en France qui réinjectent du biométhane dans le réseau (...) Choisir d’investir 7 millions d’euros, tout de suite, dès que les possibilités réglementaires et techniques ont été ouvertes, c’est cela mettre en œuvre une volonté politique. Pourquoi est-ce possible ici et seulement plus tard ailleurs ? Peut-être parce qu’on ne considère pas l’enfouissement comme une vache à lait. Que l’on soit administrateur ou collaborateur de Semardel, on partage cette vision depuis très Eric Braive (Semardel)longtemps. Ce qui est stimulant c’est d’œuvrer à ce que toujours moins de déchets aillent dans les centres de stockage. D’où notre engagement pour collecter, trier et valoriser les déchets d’activité économique parallèlement à ceux des habitants du territoire», a pousuivi Eric Braive.

Mais en faire une priorité, œuvrer par tous les moyens à réduire les ultimes ne suffit pas les faire disparaître les besoins. « Oui nous enfouissons. Mais nous n’enfouissons pas n’importe comment : je ne reviendrais pas sur la question des dépôts sauvages, pour ne pas parler de décharges sauvages qui fleurissent un peu partout et qui sont un véritable cauchemar pour les élus locaux et le voisinage. Quid des nappes phréatiques dans ces cas ? Quid du risque auquel on expose les habitants ? Quid de la valorisation ?...
Nous enfouissons, et nous ne couvrons pas, avec les 330 000 tonnes de l’arrêté préfectoral, les besoins du territoire en la matière. Laisser croire qu’il suffira de réduire les capacités d’enfouissement de moitié, laisser croire qu’il suffit de ce fait de laisser augmenter les tarifs et ainsi dissuader de recourir à l’enfouissement, est un leurre».

Selon l'élu, tout doit être mis en œuvre pour que l’enfouissement ne soit pas une réponse à la problématique des déchets. Mais pour cela, plaide Eric Braive, on a besoin d’un politique drastique vis-à-vis des émetteurs de produits non valorisables sur le marché, d'une politique incitative très forte pour l’utilisation des ressources secondaires par les industriels, « je pense évidemment au plastique recyclé, au bois B, au CSR, étant entendu que nous avons besoin aussi, d’un soutien plein et entier à la R&D pour permettre l’émergence de nouvelles méthodes de traitement et valorisation des déchets, sans oublier une fiscalité faite de bonus pour les bonnes pratiques et de malus pour ceux qui se contentent du minimum réglementaire (...) Les industriels, le secteur économique qui produit 80% des déchets dans notre pays, ne saurait être l’objet d’une simple politique d’encouragement, tandis que nos concitoyens se voient imposer des contraintes de plus en plus fortes. C’est malheureusement le cas de la timide feuille de route de l’économie circulaire. Le paquet législatif qui devrait l’accompagner sera, je l’espère, l’occasion d’enfiler les bottes de sept lieux et en finir avec "la politique des petits pas" ».
 

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