Déchets toxiques ivoiriens : Justice doit être rendue

Le 12/08/2008 à 8:27  

Déchets toxiques ivoiriens : Justice doit être rendue

Okechukwu Ibeanu, Rapporteur de l'ONU déchets toxiques ivoriens A la fin de sa visite en Côté d'Ivoire, le Rapporteur de l'ONU, Okechukwu Ibeanu, concernant l'affaire du déversement des déchets toxiques du Probo Koala, a déclaré que la situation des victimes restait préoccupante et nécessitait des efforts de prise en charge tant au niveau sanitaire que financier. Plus grave, il a indiqué que de nombreux sites n'étaient toujours pas décontaminés menaçant la santé de dizaine de milliers d'habitants. Face à cette crise dramatique, il a affirmé que le gouvernement ivoirien ne pouvait pas être préparé, et que les "victimes doivent obtenir la justice qu’elles méritent"...

Trafigura et ses dirigeants sont prévenus....Les conséquences dramatiques liées à la pollution via le déversement des déchets toxiques du Probo Koala ne sauraient être résolues par un simple accord financier entre la société de négoce international et le gouvernement ivorien. Cette affaire dépasse le cadre national et est exceptionnelle. Dans ce cas, il faut que Justice soit rendue et il s'agit là d'une question pénale et internationale qui devrait être traitée aux Pays-Bas où le Probo Koala a commencé son voyage.

Le Gouvernement n’avait ni les capacités, ni n’était préparé à gérer une crise du genre de celle causée par le déversement de déchets toxiques sur le territoire ivoirien le 19 août 2006, a estimé vendredi dernier à Abidjan, le Rapporteur spécial sur les conséquences néfastes des mouvements et déversements illicites de produits et déchets toxiques et nocifs pour la jouissance des droits de l’homme..

S’exprimant lors du point de presse marquant la fin de sa visite d’une semaine en Côte d’Ivoire, M Okechukwu Ibeanu a rappelé face à l’envergure et à la tâche colossale suscitée par une telle situation, les ministères techniques et la cellule présidentielle qui ont été mobilisés pour y faire face n’avaient « ni la capacité ni le budget voulu pour gérer une telle crise ».

Par ailleurs, aux dires de M. Ibeanu, le manque de coordination a rendu inefficace la réaction face à cette crise. C’est pourquoi il a appelé le gouvernement « à inclure la société civile et les associations de victimes dans le suivi de cette crise » dont la « voix est essentielle et pertinente dans l’information du gouvernement en ce qui concerne les besoins des populations et la réalité sur le terrain » a-t-il précisé.

Face au constat qu’il a dressé, à savoir que sur les 18 points dans 7 sites, situés à Abobo, Akouedo, Koumassi, Maca, Plateau Dokui, route d’Alepe et Vridi depuis deux ans, ceux-ci n’ont toujours pas été décontaminés et continuent de menacer la vie et la santé de dizaines de milliers d’habitants appartenant à toutes les couches sociales d’Abidjan. Il a exhorté le Gouvernement à assurer la prise en charge sanitaire et financière des victimes. Son appel s’est étendu à la communauté internationale. « Je l’exhorte à fournir d’urgence davantage d’assistance technique à la Côte d’Ivoire. Je salue des organes tels que le Programme de Nations Unies pour l’environnement, la Convention de Bâle qui ont apporté un concours technique en aidant le Gouvernement à mettre en place une installation de traitement des déchets ainsi qu’un laboratoire souterrain à Abidjan » a plaidé M Ibéanu.

Il a également lancé un vibrant appel Gouvernement ivoirien pour harmoniser les listes des victimes en vue d’une meilleure l’indemnisation de celles-ci. Selon lui, beaucoup reste à faire. « D’aucuns se plaignent de n’avoir pas réussi à s’inscrire pour obtenir d’indemnisation, d’autres regrettent que l’indemnisation reçue ne soit pas suffisante, tandis que d’autres encore n’avaient strictement rien obtenu » a révélé le Rapporteur spécial.

Il a estimé que face l’ampleur de ce fléau des mesures urgentes sont à prendre. Donner plus de ressources financières et de médicaments au Ministère de la santé afin d’assurer le suivi voulu dans l’intérêt des victimes et de surveiller les sites de déversement de déchets toxiques. Il a déploré que si, au début de la crise des soins médicaux gratuits ont été prodigués aux victimes, cela n’est plus le cas à l’heure actuelle.

« J’ai eu l’occasion de rencontrer de nombreuses victimes qui manifestent encore de graves symptômes suite à une exposition aux déchets …. Parmi les victimes, j’en ai rencontré de particulièrement vulnérables : elles n’ont pas assez d’argent pour se nourrir, sans parler des frais onéreux des soins »

C’est pourquoi il a souhaité que le Gouvernement prenne de façon urgente des mesures pour installer des blocs de soins intensifs dans les grands hôpitaux afin d’y soigner les nouvelles manifestations d’affections liées au déversement de déchets et surtout relance la procédure pénale en souffrance à l’égard des particuliers et des entreprises impliqués dans cette catastrophe. « Cela aurait pour effet d’envoyer un message haut et fort aux autres entreprises transnationales et aux autres individus afin qu’ils sachent que de tels crimes ne peuvent demeurer impunis et que l’Afrique n’est pas une décharge dont on peut faire bon marché. Les victimes doivent obtenir la justice qu’elles méritent » a indiqué M Ibéanu qui a annoncé qu’après l’étape de Côte d’Ivoire, il va se rendre d’ici la fin de l’année Royaume des Pays-Bas. « Vous n’êtes pas sans savoir que le Probo Koala avait entamé son périple à Amsterdam. Ma mission dans ce pays comprendra des entretiens avec diverses parties prenantes, dont l’entreprise intéressée, Trafigura » a-t-il rappelé pour mémoire

Source : African Organization Press