DEEE : la Tunisie dispose de sa première unitié de recyclage industriel

Le 04/01/2017 à 23:26  

DEEE : la Tunisie dispose de sa première unitié de recyclage industriel

DEEE 24 000 tonnes par an ; telle est la capacité de traitement de la première unité de démantèlement des DEEE de cette importance pour le pays qui a reçu un don de 3,6 millions de dollars (soit 7 millions de dinars) de la part de l’Agence coréenne de coopération internationale, lequel a complété la mise de fonds de l'Etat tunisien (2 millions de dinars) afin de concrétiser le projet. Située non loin de Tunis, elle a ouvert ses portes en novembre dernier...

 Avec 24 000 tonnes de capacité de traitement, la mise en service de la première unité de démantèlement de DEEE de Tunisie et plus globalement du continent africain, mérite d'être saluée à plus d'un titre. Située à Borj Chakir, non loin de Tunis, opérationnelle depuis novembre dernier, elle marque la volonté de travailler sur ces déchets de manière professionnelle et moderne. Pour mettre sur pied puis concrétiser ce projet d'envergure (qui s'inscrit dans le cadre du renforcement du système de la gestion des déchets, instauré depuis 2009), la Tunisie a bénéficié d'un don de 7 millions de dinars (environ 3,6 millions de dollars) de la part de la KOICA (Agence coréenne de coopération internationale) qui s'est ajouté à la mise de fonds de l'Etat tunisien qui a participé à hauteur de 2 millions de dinars.

 Cette nouvelle installation témoigne non seulement de la volonté du pays de poursuivre son développement en matière de traitement des déchets, mais aussi de souhaiter traiter ses déchets correctement... En parallèle et depuis maintenant un certain nombre d'années, le développement économique, tout comme l'industrialisation du pays, ont généré de nouveaux modes de consommation, avec bien évidemment un recours de plus en plus chronique aux équipements électriques et électroniques, avec pour corollaire, une société de consommation de plus en plus exigeante via une hausse globale des revenus et par conséquent du niveau d'équipements intégrant les foyers...
Le revers de cette médaille, on le connait bien dans nos contrées, les DEEE (plus de 75 000 tonnes par an), un phénomène récent en Tunisie, et donc la prise de conscience de la nécessité d'un traitement de ceux-ci qui soit approprié, de sorte à pouvoir récupérer les métaux ferreux et non-ferreux, les tubes cathodiques, les condensateurs au PCB ou bien sûr, les cartes électroniques.

 C'est ce nouveau contexte qui a incité les autorités à légiférer et à adopter, dès 2000, des mesures qui classifient les déchets pouvant être dangereux pour la santé publique ou devant faire l'objet d'un traitement spécifique. Ainsi, le décret n°2339 du 10 octobre 2000 régit les conditions de collecte, de tri et d'élimination des déchets, notamment par leur valorisation et leur recyclage.

Cinq ans plus tard, une circulaire du Premier ministre (19 avril 2005), encourageait la réutilisation des équipements informatiques des entités publiques vieillissant, au profit des collectivités locales ou d'associations.
Le texte précise que les équipements ayant plus de 7ans pouvaient être confiés à des ONG en vue de leur remise en état ou réparation, en vue d'une redistribution aux collectivités.
Ces mesures complétées par l'obligation de dépôt (pour certains produits électroménagers et électroniques) auprès de l'Agence nationale de gestion des déchets (ANGED), ont été renforcées en amont, par la construction d'une filière pour une bonne gestion de ces D3E, mise en œuvre par le ministère de l'Environnement. Cette filière, qui s'inspire de ce que nous connaissons en France notamment, consiste en la reprise et la valorisation des déchets et l'instauration de taxes sur les produits électroniques et électriques prélevées sur les industries polluantes avec obligation pour ces dernières de récupérer ou recycler leurs déchets.

Pour en revenir à l'unité flambant neuve, elle est dédiée à la transformation et au recyclage des DEEE, visant à récupérer plastique, ferraille, cuivre, aluminium et bien sûr, les cartes électroniques.
L’ANGED supervise l’exploitation du site qui comprend trois lignes, l'une qui se consacre au recyclage des réfrigérateurs, et la seconde au recyclage des machines à laver et la dernière au recyclage des ordinateurs, climatiseurs et autres équipements électroménagers.
Dix autres centres de transformation des déchets devraient voir le jour d'ici la fin de cette année, a confirmé le ministre des Affaires locales et de l'environnement, Riadh Mouakher.
Deux centres d'enfouissement contrôlés devraient être créés afin de capter les déchets dans les règles de l'art, étant entendu que l'on parle de manière officielle de n'enfouir que les déchets ultimes : un récent conseil des ministres a cliarment opté pour le développement des éco-pôles de tri, de valorisation et de recyclage des déchets. Une fois ce programme finalisé dans la région de Tunis (qui génère 30% des déchets du pays), il est question de le dupliquer ailleurs, puis de le généraliser à l'échelle du territoire national.