Des conteneurs de déchets mettent le cap sur la France et Hong Kong

L'Indonésie vient de réexpédier vers la France et Hong Kong quelques centaines de tonnes de déchets contenus dans sept conteneurs illégalement importés. C'est ce qu'a confirmé ce mardi, un responsable local, alors que les pays d'Asie du Sud-Est multiplient ce type d'opérations. S'il est légitime de ne pas ne souhaiter réceptionner tout et n'importe quoi sur un territoire, il faut garder en mémoire aussi, que lorsque les capacités de recyclage locales ne sont pas en nombre suffisant ou ne sont pas dotées des techno adéquates...il y a en bout de ligne de probables problèmes de débouchés, ce qui peut expliquer l'adoption de réglementations plus restrictives. De là à considérer que tout ce qui est exporté relève d'activités pratiquées par des margoulins, expédiant "leurs poubelles", c'est abuser puisqu'il y a une frontière entre le trafic, et le commerce.
L'Indonésie a renvoyé vers la France et Hong Kong sept conteneurs de déchets qui renfermaient des déchets non souhaités : déchets ménagers, déchets plastiques et même des matériaux dangereux, lesquels avaient été introduits en violation des règles d'importation, selon les Douanes de l'île de Batam. Les autorités locales attendent par ailleurs les autorisations nécessaires pour renvoyer 42 autres conteneurs de déchets vers les Etats-Unis, l'Australie et l'Allemagne.

A la clé, un report massif des transferts vers les pays voisins, ce qui a aggravé une pollution déjà endémique, puisque la Chine "à la belle époque", importait près de la moitié des déchets recyclables mondiaux. Sauf qu'aucun des autres pays d’Asie du sud-est ne disposait des infrastructures comparables à celles de la Chine pour traiter les déchets déroutés : ni en matière de ports, de réseaux routiers, ou d'usines de recyclage. Les installations ouvertes pour l’occasion ont rapidement été fermées, faute de respecter les normes, laissant à l’abandon des stocks orphelins de déchets en attente de transformation.
Si la politique d'importation de certains pays a été modifiée et s'est durcie en ce qui concerne les qualités acceptées, il est des cargaisons qui ne laissent aucun doute quant à la volonté des expéditeurs de se débarrasser à pas cher de déchets très spéciaux (ou bien se livrer à des trafics on ne peut plus douteux) : ainsi, fin juillet, la Douane du Sri Lanka a ordonné le renvoi en Grande-Bretagne de 111 conteneurs abandonnés sur le port de Colombo depuis près de deux ans, qui avaient été chargés de déchets biomédicaux d'hôpitaux et même provenant de morgues, illégalement importés (on ne peut en douter), dont la puanteur avait évidemment mis les autorités en alerte. La question qui s'impose immédiatement est : comment a-t-on osé ? Et pour faire quoi ? L'importateur sri-lankais avait présenté le contenu des conteneurs comme étant des déchets destinés au recyclage. Leur cargaison effective – comprenant donc des organes humains - n'avait pas été déclarée (comment pourrait-on le faire de pareille cargaison) et violait clairement les lois internationales en vigueur...


Il est avéré en tout cas qu'il y a des plastiques dont le recyclage dans nos pays coûte cher, et même trop cher compte tenu de la faible valeur de la matière qui en résulte, pour étre économiquement viable. La tentation consiste donc à trouver preneur ailleurs, ce qui est légal puisque des lois et conventions encadrent ce commerce, puis à expédier ces marchandises dans des pays où la main d'oeuvre est encore bon marché et où le recyclage existe, étant entendu que le fret maritime ne coute quasi rien... L'ensemble constituant alors, une économie qui n'a rien de négligeable pour l'expéditeur, et aussi, une source de revenus liés à une activité économique dans le pays qui accepte ces tonnages pour permettre à des entreprises d'exercer leur métier.
Cette activité n'ayant rien à voir avec de fausses déclarations indiquant un contenu qui n'est pas conforme à la réalité : là, il y a matière à sanctions et peut être sera-t-il opportun de faire le ménage chez nous, de sorte à distinguer les entreprises et négociants qui travaillent dans les règles de l'art du recyclage, et ceux qui opèrent comme des margoulins. Ne serait-ce que pour qu'il n'y ait pas d'amalgame possible et afin de restaurer une certaine confiance.
Cela dit, il faudra incontestablement rebattre les cartes rapidement : on ne peut pas continuer à expédier des matières dans des pays qui n'ont pas les capacités suffisantes pour les traiter. Notre pays n'est pas un mauvais élève du recyclage, mais car il y a un Mais, si ses exportations de ont peu à peu progressé au fil de ces dernières années, c'est en raison d'un mode de consommation effréné pour le tout emballé voire suremballé, mais aussi d'un manque de capacités et d'exutoires. Les motifs ne manquent pas pour expliquer ce constat. Phénomène Nimby oblige, la population riveraine n'est pas souvent encline à accepter de nouvelles installations dédiées aux déchets ou au recyclage de ceux-ci. De la même manière que les industriels ont besoin de visibilité économique et politique pour investir, puisque la moindre unité de traitement et ou de recyclage de déchets nécessite des investissements très importants... Ceci devant être accompagné de débouchés fiables et pérennes pour ce qui est de la matière recyclée qui en résulte.

De fait, la majeure partie des déchets (au sens juridique du terme) qui ont été exportés par l'Europe, sont des matières triées vendues à des pays demandeurs desdites matières, dans le cadre du commerce international, et des règles de la convention de Bâle.
Aussi, il est dommageable de lire un peu partout, que l'Occident en général, et l'Europe en particulier, exporte ses ordures dans la région sud-est asiatique ... ce qui laisse entendre que la pratique est systématique, d'une part, et que l'industrie du recyclage ne serait qu'un vain mot alors qu'elle existe bel et bien, et ce à l'échelle planétaire, le BIR en étant le représentant mondial.
