Du gaspillage alimentaire aux biodéchets : comment éviter le gâchis?

Le 04/02/2016 à 21:05  

Du gaspillage alimentaire aux biodéchets : comment éviter le gâchis?

gâchis alimentaires Les quantités de biodéchets sont trop souvent étroitement liées au gaspillage alimentaire. L'association Amorce étant on ne peut plus attentive à ce qui risque de se programmer en matière de collecte obligée de ces biodéchets, a travaillé (avec l'Ademe) sur la notion de gâchis, lesquels, s'ils étaient mieux maîtrisés, éviteraient les déchets... Et s'il n'y avait que cela...
 Amorce vient de publier une étude mettant en avant la gestion actuelle des invendus alimentaires et la réalité des dons aux associations sur deux territoires sélectionnés pour ce faire : Grenoble Alpes Métropole et la communauté d’agglomération Tour(s)plus, tous les 2 particulièrement investis sur l’aide alimentaire. Deux données parlent d'elles mêmes : les associations récupèrent moins de 10 % du gaspillage alimentaire des 2 territoires étudiés, soit environ 14 500 tonnes de nourriture. Cette récupération et redistribution de produits alimentaires coûte aux associations 0.5 €/kg en moyenne alors que la valeur des produits récupérés est en moyenne de 2 €/kg...

Ces travaux quantifient, pour ces territoires, les gisements d’invendus alimentaires récupérés par les associations et permettent d’estimer les gisements qu’ils peuvent potentiellement mobiliser. Les enjeux sont importants puisque 82 à 146 kg/hab de denrées alimentaires sont gaspillées chaque année en France (à mettre en parallèle avec 7 millions de personnes qui subissent l’insécurité alimentaire), ce qui génère évidemment des déchets qui pourraient être évités.
La situation est d'autant plus regrettable (restons sobre dans le propos) que les associations caritatives, dont les 4 associations têtes de réseau (Banques Alimentaires, Restos du Cœur, Croix-Rouge Française et Secours Populaire Français), se voient régulièrement dans l’obligation de refuser des dons par manque de moyens logistiques (véhicules de transport, zones de stockage) et humains (fonctionnement s’appuyant essentiellement sur le bénévolat). C’est notamment le cas lorsque les quantités données sont trop faibles ou que le donneur est trop éloigné géographiquement.

Entre 14 000 tonnes et 15 000 tonnes de produits alimentaires seraient potentiellement mobilisables sur les deux territoires étudiés, mais pour l’instant, moins de 10 % du gisement est capté par les associations. Sur le territoire de Grenoble Alpes Métropole, cela correspond à 24 % du gisement des grandes et moyennes surfaces, 8 % de celui des industries agroalimentaires et 0,1 % de celui des agriculteurs. Pour limiter l’insécurité alimentaire et réduire les impacts économiques et environnementaux du gaspillage, il y a un vrai projet de territoire en perspective, impliquant l’ensemble de ses acteurs (collectivités, producteurs, distributeurs, restaurateurs, associations). Un coût de collecte et de redistribution des invendus par les associations 4 fois moins cher que l’achat de denrées Le contexte est favorable au soutien des associations d’aide alimentaire : le gouvernement a fixé l’objectif de réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025 et les grands distributeurs français se sont officiellement engagés à donner leurs invendus aux associations qui en feraient la demande. L’étude souligne que répondre à cet objectif de nourrir la population en insécurité alimentaire via les associations d’aide alimentaire apparaît par ailleurs économiquement pertinent.

En effet, le coût total de gestion (principalement logistique) de ces produits donnés revient, pour les associations, à 0,5 €/kg d’aliments ; la valeur des produits récupérés est en moyenne de 2 €/kg. Ces coûts peuvent toutefois être rationalisés et sécurisés. Renforcer les moyens de ces associations (en les associant à des objectifs) y contribuerait, de même qu’une meilleure implication dans la logistique des entreprises donatrices. Ces dernières peuvent s’impliquer dans cette logistique et en défiscaliser la valeur comme elles le font pour le don de produits - mais le font très rarement. C’est pourtant une piste intéressante qui permettrait de récupérer davantage de produits. Par ailleurs, cette baisse d’activité sur la logistique permettrait aux associations de se recentrer sur l’accompagnement et l’aide sociale des personnes, au cœur de leur mission.