Economie circulaire : déclinée en région, l'intérêt est manifeste

Le 24/10/2016 à 19:52  
Economie circulaire : déclinée en région, l'intérêt est manifeste
Economie circulaire L’économie circulaire, paradigme dans une économie dite « linéaire », a vocation à constituer bien plus qu’un concept alternatif. Dans ce contexte, BioVallée Lauragais et l’Institut de l’Economie Circulaire organisaient, en collaboration avec plusieurs partenaires (l’Adema et la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée, la CCI de Toulouse, Organic Vallée) et grâce au soutien de nombreux financeurs, les 3ème Rencontres Régionales qui se sont tenues le 13 octobre dernier à Revel en Haute Garonne : à travers 2 tables rondes et 3 temps d’échanges, plus de 30 intervenants régionaux et nationaux ont présenté les enjeux et rouages de cette nouvelle façon denpenser l'avenir en région...
 Organisé par Biovallée Lauragais en lien et grâce au soutien de nombreux partenaires publics et privés (Région, Ademe, CCI de Toulouse...), le rendez-vous du 13 octobre dernier, se proposait d’offrir un véritable diagnostic des potentialités en matière d’économie circulaire afin de faire émerger de nouvelles initiatives régionales. Plus de 20 intervenants régionaux et nationaux ont inventorié les différentes facettes de l’économie circulaire autour de tables rondes et d’échanges interactifs, tandis que plus de 300 personnes ont honoré ces Rencontres Régionales, articulées autour de trois thématiques fortes : ressources locales et approvisionnement durable, économie fonctionnelle et de partage, transition énergétique.

 La première table ronde a permis de faire état du contexte national et régional (stratégique, réglementaire…), la seconde visait quant à elle à valoriser des actions concrètes et économiquement viables engagées dans ce domaine par des grands groupes et des acteurs publics ; quant aux échanges de l’après-midi, ils ont permis de partager les expériences et bonnes pratiques. Que retenir de ces échanges?
« Pour favoriser le déploiement de l’économie circulaire, il s’avère aujourd’hui nécessaire de soutenir la mise en réseau et les échanges entre acteurs » a souligné François-Michel Lambert, Président de l’Institut de l’Economie Circulaire, parrain de l’événement.  En ce sens, les outils numériques jouent un rôle essentiel, puisqu'ils favorisent la collecte des données et leur analyse.
Eric Gouardes, Directeur Régional Adjoint de l’Ademe Occitanie a confirmé qu'avec « plus de 40 milliards de données à traiter, la révolution de la data révolutionnera notre rapport à la ressource ». En effet, les logiciels et plateformes numériques peuvent permettre d’identifier rapidement les besoins d’un secteur tout en limitant l’utilisation de nouvelles ressources et la production de nouveaux déchets.
Telle est d'ailleurs, l’ambition de la plateforme Act’if portée par la CCI Midi-Pyrénées dont « l’objectif est d’identifier, de quantifier et de géolocaliser à l’échelle d’un territoire les flux des entreprises afin de mettre en correspondance les offres et besoins. Cette plateforme permet ainsi de favoriser les collaborations entre les acteurs socio-économiques et d’accroître leur compétitivité. » a mentionné Jean-François Rézeau, Président de la Commission Développement durable de la CCI de Toulouse et de la CCI de région Midi-Pyrénées.
De même, le projet Miam 31 porté par le Conseil Départemental de la Haute-Garonne dont l’objectif est de mettre en relation les agriculteurs et collèges du département pour alimenter les cantines en produits locaux et/ou sous signe officiel de qualité, repose sur l’existence et l’exploitation d’outils numériques partagés. « Le projet Miam 31 existe depuis 3 ans. Aujourd’hui 84 des 96 établissements du département de la Haute-Garonne disposant d’une cuisine autonome ont adopté cette démarche. Quotidiennement près de 50 000 collégiens bénéficient de cette initiative qui vise plus largement à les sensibiliser au gaspillage alimentaire. Les données recueillies au travers de cette plateforme telles que la fréquence des achats, le choix des produits ou encore les quantités commandées, sont autant d’informations clés pour lutter contre la surproduction et le gaspillage alimentaire », a précisé Gilbert Hébrard, Secrétaire à l’agriculture et à la ruralité au Conseil Départemental 31.
 L’économie circulaire réside également dans le fait de faire appel à des ressources (matières premières, énergie) disponibles localement et accessibles sur le long terme. Plusieurs exemples présentés lors de cette journée ont démontré la viabilité des démarches faisant appel à ce principe.
Tel est le cas du projet Energido, mené par le groupe Veolia, et qui utilise le potentiel thermique des eaux usées pour répondre aux besoins de chauffage et de climatisation. De même, GRDF accompagne au niveau national plus de 20 projets reposant sur la production de biométhane à partir de déchets organiques récupérés localement en vue de son injection directe dans le réseau de gaz naturel. Le projet Aquapole, porté par Grenoble Alpes Métropole et utilisant les boues de stations d’épuration a permis d’illustrer ce procédé. « La production de biogaz en France représente à ce jour environ 10% de la revente totale de gaz. Nous espérons atteindre d’ici 2050 plus de 50% de gaz vert injecté dans le réseau » a confirmé Véronique Pinet, Déléguée Territoriale Nord-Isère de GRDF.
Un autre exemple d’approvisionnement local durable viable économiquement : les systèmes industriels innovants basés sur la nanofiltration conçus par l’entreprise héraultaise Nereus. A destination des agriculteurs, producteurs de biogaz et gestionnaires d’établissements, les technologies développées permettent de valoriser les déchets liquides polluants sous forme d’eau haute qualité, d’engrais et même d’énergie.
« Ces processus à faible consommation énergétique sont déjà exploités en Allemagne et au Benelux. Fort de ce succès, les partenaires régionaux nous ont sollicité pour engager leur déploiement en région Occitanie » a complété Emmanuel Trouvé, Président de Nereus.

 Le thème de l’économie de la fonctionnalité présenté au cours de l’après-midi a soulevé de nombreuses questions quant au business model adopté par les acteurs qui s’y emploient. En effet, ce concept repose non pas sur l’achat à proprement parler d’un produit ou d’un service mais sur la location de leur usage. Tourné vers l’économie de partage, ce modèle se présente comme un véritable levier pour l’économie circulaire puisqu’il élargit considérablement son champ d’intervention jusqu’alors centré sur le couple « ressource-déchet ».
Pour illustrer ce pilier de l’économie circulaire : le projet Jean Bouteille. Cette initiative consiste à distribuer des produits alimentaires liquides en vrac (huile, vin, vinaigre…) en utilisant des bouteilles de verre consignées. Au cœur de l’économie circulaire, elle permet de fournir une solution « zéro déchet », 30 % moins chère que les produits courants pré-emballés, tout en concentrant les points de vente et de lavage des bouteilles dans un rayon de 50 km maximum. Cette initiative nationale a concerné en 2015 plus de 40 000 bouteilles consignées et a généré un chiffre d’affaire d’environ 500 000 €.

 A l’heure où trouver des réponses et des solutions aux défis environnementaux s’impose comme une priorité, ces 3e Rencontres Régionales de l’Economie Circulaire ont permis de découvrir des projets innovants, transférables à de nouveaux territoires et économiquement viables confirmant le rôle majeur de l’économie circulaire en faveur de la transition énergétique.
« Dans 30 ans, il y aura 3 milliards d’habitants supplémentaires. Il s’agit dès aujourd’hui d’anticiper les besoins énergétiques de demain » a souligné Pascal Duhoo, Directeur du Business Development du groupe Colas initiateur du projet Wattway. Les spécificités de cette technologie ? Equiper les routes déjà existantes de dalles photovoltaïques capables de capter l’énergie solaire et de la redistribuer dans le réseau électrique local.
Au-delà des grands groupes, les PME et start-up œuvrent également au quotidien en faveur de la transition énergétique. Tel est le cas de la société Bulane qui propose aux industriels une flamme hydrogène, propre et performante issue de l’électrolyse de l’eau. Les résultats sont probants : une production d’hydrogène sur demande, pas de stockage de gaz limitant les risques professionnels, 92% de réduction de l’impact environnemental comparé au procédé classique utilisant l’oxy-acétylène. Le projet, démarré en 2010, remporte aujourd’hui un franc succès auprès de grands groupes comme Thalès et De Dietrich...