Economie circulaire : et si la feuille de route ne tournait pas rond ?

Le 13/02/2018 à 7:56  

Economie circulaire : et si la feuille de route ne tournait pas rond ?
Feuille de route économie circulaire C'est en substance la question que pose Amorce, dont les adhérents, se déclarant d'ores et déjà soucieux du faible impact au cœur des territoires de la feuille de route sur l'économie circulaire telle qu'elle se profile, s'inquiètent de savoir ce que vont devenir les millions de tonnes de déchets non recyclés car non recyclables qui remplissent les décharges (les jouets, les équipements de sports, le matériel de bricolage, les ustensiles de cuisine et de ménages...), si l'on se concentre sur le retour de la consigne...

 Avec une production de 350 millions de tonnes par an, il y a de quoi faire. Pour autant, et quand bien même un tiers environ des déchets propduits par les Français n’ont aucune solution de recyclage… la feuille de route sur l'économie circulaire jouerait petit bras. C'est du moins le ressenti d'Amorce, qui défend les intérêts des collectivités territoriales, l'association constatant désabusée que pour l'heure et malgré l'énorme chantier, on semble se focaliser (après 3 mois de concertation), sur le retour à la consigne pour quelques milliers de tonnes de bouteilles plastiques et sur une lourde augmentation de la taxe sur le service public des déchets (payée par les contribuables).

Et de déplorer le peu de réponses du Gouvernement aux problématiques de fond (une vraie éco-conception de tous les produits, une vraie information du consommateur, de vrais moyens financiers pour développer l’économie circulaire), « quand elles ne sont pas imprécises, voire contre-productives, tant elles donnent le sentiment que la priorité a consisté à ménager les metteurs sur le marché et de trouver de nouvelles ressources fiscales à l’État, plutôt que d’atteindre les objectifs environnementaux fixés par le Président de la République ».

La consigne sur les bouteilles en plastique ! Parlons-en... (voir aussi Consigner les emballages : une fausse bonne idée pour collecter plus?)
Elle ne concernerait même pas 0,5% des déchets français, et on en fait des tonnes, alors même que la collecte sélective des déchets d'emballages ménagers englobe déjà ces bouteilles... Pourquoi souhaiter instaurer une collecte concurrente (privant le service public de gestion des déchets d’une fraction de l'un des rares matériaux qui permet de dégager une recette) alors qu'il est question de densifier les flux afin d'alimenter des centres de tri à moderniser ou à construire en version XXL, ce qui ne sera pas gratuit !?.
Et si la seule réponse au problème posé doit consister à balancer une lourde augmentation de la taxe sur le service public d’élimination des ordures ménagères, ça risque de rester en travers de nombreux gosiers d'ores et déjà inquiets, voire courroucés.
Et de un parce que la taxe est payée par les collectivités et donc par le contribuable local (on avance déjà une somme qui pourrait être de 500 millions d’euros ) et de deux, parce que si on ne s'attaque « que mollement au problème », on ne risque pas de le résoudre...

Après avoir fait un tri soigné de ce qui est proposé, aux yeux d'Amorce, le seul point à ne pas jeter en bloc, c'est la TVA réduite sur les opérations de prévention, de collecte sélective et le recyclage, proposée par le Gouvernement, même si celle-ci ne compenserait que très partiellement les 500 millions de prélèvement supplémentaires de TEOM.
Nul doute que dans ce contexte jugé inquiétant, les représentants des collectivités en charge de la gestion des déchets monteront prochainement au créneau afin de faire part au Gouvernement « d'une déception évidente et profonde », assortie de « propositions constructives, face à un projet de feuille de route pour l’économie circulaire qu’ils jugent déséquilibré, inefficace, et couteux pour les contribuables ». Restera à savoir s'ils seront entendus et compris...