
Dans une étude qui vient d'être publiée, l'ONG Foodwatch révèle que des aliments de grande consommation tels que le riz, le couscous, les lentilles, les corn flakes, le cacao en poudre ou les pâtes, conditionnés dans des emballages carton (souvent recyclés), sont contaminés par des huiles minérales, hydrocarbures dangereux pour la santé. L'examen de plus d’une centaine de produits européens examinés en laboratoire montre que la France fait figure de mauvais élève : 6 produits testés sur 10 achetés dans l'Hexagone présenteraient un risque cancérogène. Le problème est connu depuis des années par l’industrie et les autorités, mais pas du tout réglé (voir notre article de 2011 : Emballages alimentaires : de quoi se faire un sang d'encre ?). Foodwatch demande donc des mesures urgentes et lance une pétition en France, en Allemagne et aux Pays-Bas...



Les aliments peuvent être contaminés à toutes les phases : chaîne de production, stockage, transport. Mais l’étude montre que la plupart des huiles minérales ont migré dans les aliments à partir des emballages en papier ou carton recyclés. "Le recyclage du papier est, bien sûr, important pour l’environnement, mais les emballages fabriqués à partir de fibres recyclées présentent un danger réel pour la santé si les aliments ne sont pas protégés de façon adéquate", indique l'ONG.
"L’écrasante majorité des aliments que nous avons testés (y compris des aliments consommés par les enfants, ou bio) sont contaminés par des dérivés de pétrole, des huiles minérales dangereuses pour la santé. Le problème est connu des fabricants, des politiques et des experts depuis de nombreuses années. Mais ni la France ni l’Union Européenne n’ont mis en place de législation destinée à protéger les consommateurs. Des solutions existent pour empêcher la migration des substances toxiques dans notre alimentation. Il faut les rendre obligatoires de toute urgence", explique Ingrid Kragl, Directrice de l’information de Foodwatch France.
André Cicolella, chimiste, toxicologue, Président du Réseau Environnement Santé (RES), se félicite de l’initiative de Foodwatch car elle met le doigt sur un problème encore largement sous-estimé, celui de la contamination de l’alimentation. Le RES avait lancé l’alerte en février 2015 : "On ne pourra pas faire face à l’épidémie mondiale de maladies chroniques sans mettre en place une politique sérieuse de santé environnementale qui s’attaque au problème majeur de la contamination chimique généralisée", souligne M. Cicolella.
Suite à cette étude alarmante, Foodwatch lance une pétition qui permet à tous de demander directement au Commissaire européen en charge de la Santé et de la Sécurité alimentaire, Vytenis Andriukaitis, de passer enfin à l’action. Compte tenu de l’urgence de la situation, l'ONG interpelle également les pouvoirs publics en France pour réclamer des mesures immédiates :

Fixer des limites spécifiques pour les substances nocives présentes dans les aliments et appliquer le principe de "tolérance zéro" pour les hydrocarbures aromatiques d’huile minérale (MOAH), particulièrement dangereux.

