Emplois aidés : ils concernent aussi, la collecte et le tri des déchets

Si certains élus approuvent au plan politique, le coup de frein donné aux emplois aidés, il est difficile d'être aussi affirmatif dès lors que l'on est employeur, alors que les restrictions budgétaires sont plus que jamais d'actualité dans les collectivités locales. Nombreux en effet sont les syndicats qui comptent parmi leurs effectifs, notamment en matière de collecte et de tri des déchets, des personnes bénéficiant de ce régime des emplois aidés. Aussi, quand l'Exécutif a dévoilé pendant l'été sa décision d'en réduire le nombre, il est clair que cette annonce n'est pas sans inquiéter, à l'échelon local...
Au Simer, syndicat intercommunal chargé de la collecte des déchets dans le sud de la Vienne, qui dispose d'une plateforme de tri à Sillars, entre Lussac-les-Châteaux et Montmorillon, on s'inquiète des conséquences que pourrait avoir la suppression même partielle, des emplois aidés, jugés inefficaces et coûteux par la ministre du Travail Muriel Pénicaud (le lundi 31 juillet, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a posé les fondations, en annonçant sa volonté de lancer une réflexion sur l'avenir des contrats aidés dans les mois à venir, ndlr), mais indispensables par de nombreux élus locaux et communes : dans le cadre de la collecte et du tri, des déchets, un employé sur cinq est concerné, au Simer... autant dire une part non négligeable des effectifs.

Aussi, qu'il s'agisse des dispositifs CAE (contrat d'accompagnement dans l'emploi), de contrats d'initiative emploi, de contrats d'insertion par l'activité économique ou de contrat d'avenir, l'annonce du gouvernement (les contrats aidés passeraient de 459 000 à 310 000, soit une diminution record de 149 000 contrats), interpelle tout autant qu'elle inquiète sur le terrain : « dans le cas du Simer, nous avons 25 emplois aidés dont 22 au service de gestion des déchets, parmi lesquels dix travaillent à la chaîne de tri et sept à la collecte », expose Yves Bouloux, le président du syndicat, et maire de Montmorillon.
Dans ce contexte, on comprendra que le sujet soit brûlant, l'élu ne cachant pas que si l'on peut comprendre le choix d'un point de vue strictement politique, du fait que ces emplois aidés coutent en effet à l'Etat, on est simultanément confronté au résultat sans appel d'un rapide calcul : en qualité de président d'un organe qui emploie du personnel en utilisant ce régime, force est de constater que l'économie pour la collectivité est substantielle : « ainsi, en 2016, le recours aux emplois aidés a généré pour le Simer une économie de 247.000€. En d'autres termes, c'est le montant qui n'est pas à répercuter sur le compte des contribuables locaux acquittant la redevance à l'enlèvement des ordures ménagères ».

C'est si vrai, que « certaines années, des sous-préfets nous ont incités à "faire" des emplois aidés car il y avait des budgets et que le gouvernement d'alors voulait faire baisser les chiffres du chômage. On nous a poussés à profiter de l'effet d'aubaine », dénonce le président du syndicat, qui ignore s'il y aura renouvellement ou pas, des contrats aidés gérés par le Simer, dont certains arrivent à échéance dans quelques semaines, à peine...
