Ferrailles : un homme de fer a succombé…

Homme de fer qui n'était pas de bois, prince du monde de la ferraille, allant de l'avant avec, toujours, un moral d’acier, Jacques Tapiau vient de rendre son dernier souffle. Il avait 84 ans.

Dur moment que d’avoir à constater que les pages tournent…
Mais il est des hommes qui marquent l’histoire de leur empreinte et qui restent dans les mémoires. Ce sera, sans aucun doute le cas de Jacques Tapiau, qui vient de nous quitter à l’âge de 84 ans.


Et ce fut la guerre, puis la « montée à Paris »… avec l'un de ses trois frères, André Tapiau.
Les aléas de la vie et de l’histoire, sa parfaite complémentarité avec André, sa persévérance et son irrémédiable envie de ne pas se laisser abattre, ont fait de cet homme une exception …
Peut-être d'ailleurs est-ce grâce à la tour, qu’il est devenu, peu à peu, un monument. Car jamais, il n’a souhaité changer véritablement de métier. En revanche, il a œuvré pour changer LE métier, SON métier…

Homme de fer, souvent ganté de velours, il s’est rapidement forgé une solide réputation, visant toujours le meilleur pour l’entreprise qui était la sienne et qu’il avait à coeur de développer pour en faire la première.
Précurseur tout autant que visionnaire, véritable locomotive, il ne s’est jamais contenté de viser les tonnages et allait, toujours de l’avant.
Après un voyage initiatique aux Etats-Unis, à l’heure où ce n’était pas encore « la mode » de ce côté de l'Atlantique, et ne craignant rien des critiques qui ne manquaient pas de ponctuer ses nombreuses initiatives, il installait la presse la plus puissante qui soit, puis l'un des tout premiers broyeurs européens en France, informatisait tous les sites constituant la société, bétonnait les chantiers, travaillait sur la dépollution automobile des VHU et faisait breveter des procédés que nul alors, n’avait mis en œuvre, ceci, bien sûr, avec le concours de ses précieux collaborateurs...

Sphinx à ses heures, il savait aussi être à l’écoute et se comporter en père protecteur. La pérennité de l’entreprise, comme sa vision industrielle du métier, étaient étroitement liées avec le souhait qu’il avait de toujours protéger ses équipes. C’était tout cela à la fois, Jacques Tapiau…

Blessé en profondeur d’avoir été ainsi trahi par quelques uns, au sein même du sérail, il aura beaucoup de peine d’avoir à quitter ce qu’il avait bâti dans des conditions manquant singulièrement d’élégance. Mais Jacques Tapiau connaissait trop bien l’âme humaine et les défauts majeurs que peut avoir l’homme, capable parfois d’actions, voire de trahisons, pour des causes dont la valeur lui échappait …

« Le petit père Tapiau », comme on l’appelait affectueusement dans le cercle des initiés, est devenu, à la force du poignet et grâce à une compréhension du métier et surtout du devenir de celui-ci, un grand monsieur dans le monde très fermé de la récupération de l’époque.
Pensez !
Ferrailleur !...
Car il fut un temps qui a duré bien longtemps, où ce n’était guère reluisant que d’arborer cette étiquette.

Faut-il rappeler en effet, que Jacques Tapiau négociait avec Francis Mer en personne, qu’il a été félicité publiquement par Pierre Bérégovoy, alors Premier ministre de la France ?
On ne s’étendra pas davantage sur les gens haut placés que Jacques a pu côtoyer et avec lesquels il a œuvré au service de sa profession : il n’aimerait pas. Ce qu’il a fait, en ce temps là et pendant toutes ces années, ce fût pour son entreprise, et donc ses très nombreux collaborateurs, mais aussi pour un métier qu’il aimait et qu’il voulait voir reconnaître à part entière, tant il en était fier…

Il repartira vers les terres de son enfance et sera inhumé auprès des siens, dans la Ville Rose. Ses obsèques auront lieu mardi 23 juin, en l'église de Lavernose (sur la commune de Lavernose Lacasse, 31410) à 14 30.
A son fils, Jean-Louis, et à sa famille, nous disons notre profonde tristesse et présentons nos très sincères condoléances.


