Filières REP : le temps de la consolidation serait-il venu ?

Les sénatrices Évelyne Didier et Esther Sittler, au nom de la commission du développement durable, ont rendu public, ce mercredi 20 novembre, leur rapport sur l'action des filières REP. Elles dressent un bilan mitigé, font part de leur conviction que la stratégie des filières doit être revue pour se centrer sur l'éco-conception, la valorisation matière, et formulent 22 recommandations pour accompagner cette évolution. Elles préconisent aussi de ne pas lancer de nouvelles filières REP...
Depuis les années 90, seize éco-organismes ont été créés dans des domaines variés. S'ils ont permis aux producteurs de s'acquitter de leurs obligations, leur action en termes d'amélioration de l'exploitation des ressources naturelles, de l'économie circulaire, de la valorisation matière reste à redéfinir tant en termes stratégique que d'objectifs. A telle enseigne, que les rapporteurs conseillent de « ne pas lancer de nouvelles filières REP avant d'avoir évalué le fonctionnement et de s'être assuré que les filières existantes ont atteint leurs objectifs. Faire précéder toute création future de filière d'une étude d'impact circonstanciée ». Les sénatrices Évelyne Didier et Esther Sittler estiment que les filières REP ont été parfois lancées « sans étude d’impact approfondie, et sans vision d’ensemble ni stratégie globale en matière de gestion des déchets ».Les parlementaires constatent aussi que « la pression financière et politique est d’abord placée sur le citoyen consommateur, désigné comme le pollueur ». « Il lui est demandé de diminuer sa production de déchets, de financer pour une grande partie la gestion des déchets, tout en ayant un comportement le plus vertueux possible », écrivent Évelyne Didier et Esther Sittler dans leur rapport. Elles recommandent donc que « la politique des déchets ne se traduise pas à l’avenir, par un alourdissement supplémentaire des coûts pour le citoyen ».


Ces résultats en demi-teinte conduisent à s’interroger sur l’efficacité de la structuration et du fonctionnement des filières La collecte des gisements demeure imparfaite, ce qui limite les incitations à l’écoconception. Des efforts de communication et de simplification du geste de tri doivent donc être entrepris tout en évitant la hausse des coûts de gestion pour le citoyen. Les débouchés pour les produits issus du recyclage doivent être consolidés. La commande publique peut jouer un rôle d’accélérateur dans ce domaine.
Le contrôle insuffisant des pouvoirs publics conduit à ne pas collecter l’intégralité des gisements et à ne pas percevoir l’ensemble des contributions dues par les entreprises. Il est dès lors nécessaire de renforcer le contrôle de l’État, dont le financement pourrait être assuré par un prélèvement sur les contributions perçues par les éco-organismes.
Pour améliorer la performance des filières en termes de collecte et de traitement des déchets, la gouvernance, les procédures d’agrément et le nombre d’éco-organismes par filière doivent être revus.

S’agissant du contrôle par les pouvoirs publics, les sénatrices estiment qu’il est « insuffisant ». Et « conduit à ne pas collecter l’intégralité des gisements et à ne pas percevoir l’ensemble des contributions dues par les entreprises ». C’est pourquoi, elles proposent en particulier de « faire appliquer strictement la réglementation relative aux entreprises non déclarantes au sein de chaque filière », en majorant, le cas échéant, les amendes administratives encourues. En conclusion, Évelyne Didier et Esther Sittler recommandent de faire « une pause » avant de lancer de nouvelles filières REP.


