Gaspillage alimentaire et déchets : le ministère met la pression

Le 31/08/2015 à 11:11  
Gaspillage alimentaire et déchets : le ministère met la pression
Gaspillage alimentaire Les supermarchés sont dans le viseur du ministère de l’Ecologie : la ministre recevait ce jeudi les patrons de la grande distribution afin de les « inviter » à mettre en œuvre des politiques qui permettront de limiter ce gâchis économique estimé globalement à environ 20 milliards d’euros par an. L’idée mise en avant est de parvenir à ce que soit signée une convention d’engagement de sorte que les invendus alimentaires des commerces de plus de 400 m2 soient donnés à des associations, ou en direct à des particuliers lorsque les produits approchent de leur date limite de consommation… Si personne ne semble trouver la pilule amère, quelques grandes enseignes ayant commencé à œuvrer en ce sens, il va sans doute falloir mettre les bouchées doubles…

 Deux solutions sont possibles pour limiter la casse : la loi, toujours contraignante (c'était initialement prévu jusqu'à ce que le Conseil constitutionnel ne retoque l'article 103 du texte sur la transition énergétique le 13 août dernier) ou l’obtention d’un engagement volontaire de mieux organiser les choses, afin de limiter les tonnages de déchets que l’on pourrait éviter avec à la clé, les sommes astronomiques qui correspondent à cette « logique » de gâchis alimentaire, le tout partant chaque année à la poubelle (cela correspondrait à des montants compris entre 12 et 20 milliards d’euros). Si la grande distribution est clairement dans le collimateur, ce seraient les particuliers qui gâcheraient l’essentiel de ce qui est jeté en la matière. Il n’empêche : Ségolène Royal entend arriver à ses fins par la volonté politique. Quant aux grandes enseignes, elles ont préféré de loin opter pour un engagement volontaire, plutôt que d'avoir à se plier à une contrainte réglementaire.

D’ores et déjà l’enseigne Auchan, s’est dite prête à signer et « pleinement favorable à cette approche pragmatique, qui permet de s'appuyer sur les actions déjà entreprises, de partager les bonnes pratiques et de structurer la démarche, et qui prévoit un suivi dans le temps de la mise en oeuvre des engagements », tandis que le groupe Casino (et donc Géant, Franprix, Monoprix, Leader Price...) a indiqué dans un communiqué qu’il signera « la convention du ministère de l'Ecologie (...) afin de réaffirmer son engagement dans la lutte contre le gaspillage alimentaire ».
Les deux géants ont profité de l’occasion pour rappeler qu'ils ont déjà mis en oeuvre dans leurs magasins la plupart des engagements que va leur réclamer Ségolène Royal, Auchan précisant que 100% de ses hypermarchés « pratiquent chaque jour le don avec différentes associations: restaurants du coeur, banques alimentaires, épiceries sociales, secours populaire...), tandis que chez Casino, « 100% des hypers, 80% des supermarchés et plus de 180 magasins Monoprix ont déjà établi une convention avec une association caritative », ce qui correspond à l’échelle du groupe à 4 300 tonnes de produits redistribués en 2014.
Ces deux industriels ayant par ailleurs mis en place des procédures de valorisation de leurs déchets non consommables via la méthanisation.

« Les grandes marques qui ne voudront pas s’engager dans ce contrat, je le ferai savoir. Je pense que ça ne leur fera pas une bonne publicité parce que les Français sont conscients du scandale », a prévenu la ministre… C’était de gré, ou de force : les enseignes ont choisi la bonne volonté, jugeant qu'un encadrement volontaire sera mieux adapté aux réalités du terrain, comme aux besoins des associations.
La convention n’a pas encore été signée, mais toutes les enseignes présentes (Système U, Auchan, Intermarché, Lidl, Picard, Carrefour -qui a précisé à l'AFP dès mercredi 26 août qu'il signerait également le texte proposé par le ministère-, Simply Market, Monoprix, Casino, Cora, Leclerc et ALDI), soit la quasi-totalité du secteur de la grande distribution, ont annoncé leur intention de la ratifier ... étant entendu que le pacte reprend les grandes lignes de ce qui avait été retoqué par le Conseil Constitutionnel (lequel avait sanctionné des erreurs de procédure : il a estimé en effet que ces dispositions qui avaient recueilli l’unanimité aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat, résultaient d’amendements introduits au cours de la seconde lecture du texte de loi, et n’étaient donc pas en lien direct avec celle-ci), et notamment l’interdiction de la javellisation des produits à jeter. Scandaleux en effet, que cette destruction intentionnelle des invendus, quand on sait que plus nombreuses, chaque année, sont les personnes à ne pas pouvoir boucler les fins de mois. Cela dit, il faudrait revoir la législation dans son ensemble, car trop restrictive dans la définition des dates limites de consommation et de péremption. « De nombreux produits pourraient être conservés bien plus longtemps. Par excès de précaution, producteurs et distributeurs préfèrent ne pas les maintenir en rayon, car leur responsabilité civile est énorme », a rappelé Michel-Edouard Leclerc à notre confrère Le Parisien, ce 27 août...