Gaspillage alimentaire : l'Europe doit se reprendre

Le 27/01/2017 à 15:41  
Gaspillage alimentaire : l'Europe doit se reprendre
 Selon un nouveau rapport publié par la Cour des Comptes Européenne (CCE), certaines politiques de l'UE permettent de lutter contre le gaspillage alimentaire, mais leur potentiel n'est guère exploité. L'action entreprise jusqu'à présent a été fragmentée et sporadique, et la coordination au niveau de la Commission Européenne fait défaut. La dernière proposition en date de l'Union pour enrayer le gaspillage alimentaire, en l'occurrence la création d'une plateforme, ne permettra pas de résoudre tous les problèmes pointés dans le rapport, expliquent les auditeurs…

 Le gaspillage alimentaire est un problème mondial, qui requiert une action à tous les niveaux de la chaîne. Selon les estimations actuelles, un tiers environ des aliments destinés à la consommation humaine est perdu ou gaspillé à l'échelle mondiale, ce qui a de lourdes conséquences sur les plans économique et environnemental. "L'absence de définition commune pour le gaspillage alimentaire et de niveau de référence bien établi pour cibler les réductions dans ce domaine a été un frein, en dépit des appels répétés en faveur d'une réduction du gaspillage alimentaire lancés par le Parlement européen, le Conseil, le Comité des régions, le G20 et d'autres instances", note la CCE.

 "Dans le rapport que nous avons adressé à la Commission, nous relevons un certain nombre d'occasions manquées et d'améliorations susceptibles d'être apportées sans passer par de nouvelles initiatives législatives ou nécessiter davantage de fonds publics. Mais en centrant son attention sur la création d'une plateforme, la Commission laisse passer une nouvelle occasion de s'attaquer efficacement au problème. Ce qu'il nous faut maintenant, c'est une harmonisation des politiques existantes, une meilleure coordination et un objectif politique clair en matière de réduction du gaspillage alimentaire", explique Bettina Jakobsen, le Membre de la CCE responsable du rapport.

Bettina Jakobsen Dans leur rapport, les auditeurs de la Cour ont examiné comment les politiques actuelles pourraient être utilisées avec plus d'efficacité. A cet égard, ils recommandent à la Commission :
 de renforcer et de mieux coordonner la stratégie de l'UE en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire, notamment en élaborant un plan d'action pour les années qui viennent et en donnant une définition claire du gaspillage alimentaire ;
 de tenir compte de la problématique du gaspillage alimentaire dans ses futures analyses d'impact et de mieux harmoniser les différentes politiques susceptibles de renforcer la lutte dans ce domaine ;

 de cerner et de lever les obstacles juridiques au don alimentaire, d'encourager le recours aux possibilités de don existantes, et d'examiner comment encourager cette pratique dans d'autres domaines politiques.
 Mme Jakobsen souligne que la nouvelle plateforme anti-gaspi (voir ici) ne contribuera pas de manière significative à la stratégie menée en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire et qu'une définition claire et univoque en la matière fait toujours défaut. "Nos recommandations relatives à la manière d'élaborer la future politique dans ce domaine n'ont été que partiellement acceptées, quand elles n'ont pas été ignorées. Dans son projet d'orientations, la Commission se contente de transférer le problème aux Etats membres", indique-t-elle.
 Dans leur rapport, les auditeurs se sont intéressés aux actions entreprises jusqu'à présent par l'UE pour réduire le gaspillage alimentaire. Ils ont également analysé l'efficacité des divers instruments politiques. Ils sont arrivés à la conclusion que l'Union n'avait pas contribué à une bonne utilisation des ressources dans la chaîne alimentaire à cause d'un manque d'efficacité dans sa lutte contre le gaspillage alimentaire.
 D'après les auditeurs, le gaspillage alimentaire constitue un problème à chaque étape de la chaîne. Il faut dès lors prévoir tout au long de ce processus des actions ciblées, en mettant l'accent sur la prévention, étant donné qu'éviter le gaspillage s'avère plus avantageux que de s'y attaquer par la suite. Enfin, ils ont constaté qu'il n'y a pas eu d'évaluation de l'impact des différentes politiques de l'UE sur la lutte contre le gaspillage alimentaire. Les domaines politiques majeurs, comme l'agriculture, la pêche et la sécurité alimentaire, ont tous un rôle à jouer et pourraient être utilisés pour renforcer cette lutte.

 Pour plus d'informations et consulter/télécharger l'intégralité du rapport "Lutte contre le gaspillage alimentaire : une occasion pour l’UE d’améliorer l’utilisation des ressources dans la chaîne alimentaire", rendez-vous ici.