Gestion des déchets : la Cour des Comptes épingle Genève

La Cour des comptes helvétique a rendu public son rapport concernant la gestion des déchets ce jeudi. Elle souhaite les explications du Canton de Genève qui ne taxe pas les sacs de collecte, ce qui constitue un cas atypique au regard des exigences fédérales suisses… Si l’exception à un principe, est permise, elle doit être justifiée, documents à l'appui : la haute instance attend donc les explications…
La Cour des Comptes, qui s’est auto saisie du sujet, du fait des enjeux réglementaires et financiers qu'il revêt, a rendu un document fourni, quant à la gestion des déchets sur le Canton de Genève.


« Il est possible de ne pas adopter cette taxe à Genève, car la loi tolère des exceptions», a indiqué Stanislas Zuin, magistrat à la Cour des Comptes. Mais pour en bénéficier, il est impératif de fournir les pièces justificatives, avec en conséquence, des données concrètes, les raisons qui justifient une dérogation, et les réexaminer périodiquement. Il est par exemple, admis que si l’introduction de la taxe au sac génère trop de décharges sauvages (des décharges sauvages sont apparues un peu partout où la taxe au sac a été introduite, bien que ça se soit arrangé avec le temps ndlr), il vaut mieux y renoncer. Mais la Cour des Comptes constate dans son rapport que « ni l’Etat, ni les communes, n’ont fourni la moindre justification, ce qui place Genève dans une situation juridique délicate par rapport aux exigences fédérales». A cela s'ajoute qu'en 2000, le Conseil fédéral a été clair : l’usage de l’exception est limité dans l’espace et dans le temps.

Du côté de la Cour, on ne manque pas d'arguments contraires : un bon taux de recyclage ne constitue pas une alternative au principe du pollueur-payeur, tandis que le financement du traitement des déchets par l’impôt est contraire au droit fédéral (du fait qu'il n'y a alors aucun effet incitatif pusique la quantité des déchets produits par les contribuables n’influe en rien le montant des impôts à payer)...

Enfin, la Cour des comptes suggère d'étudier la prolongation de trois ans de l'usine d'incinération des Cheneviers – dont la mise hors service est actuellement prévue en 2022 – afin de générer davantage de réserves financières qui serviront à rembourser une partie de ses dettes (60 millions de francs) et à financer sa déconstruction (14 millions de francs estimés). Pour l'heure cette UIOM, propriété des Services industriels de Genève, est la plus chère de Suisse : 24% de ses coûts sont liés à des décisions historiques, et parfois d'ordre politique. Aussi, la Cour souhaite que les exploitants du site revoient les charges... Ce qui est sûr, c'est que Cheneviers IV, sera en mesure de pratiquer des tarifs du même ordre que le niveau moyen en Suisse...
