
Jean-Louis Borloo présentait le 29 septembre dernier, le projet de loi de finances 2011 dédié au Grenelle Environnement et plus globalement à son Ministère de l’Écologie. Jean-Louis Borloo s’est voulu rassurant dans son discours, affirmant que le budget alloué au Grenelle Environnement ne serait pas rogné. Découvrez en détail les investissements à venir et les réactions politiques d’Europe Ecologie, du PS …

le visage de la crise, tout d’abord, le plus évident pour tout le monde.
La crise est née du monde financier mais elle a vite fait de révéler une crise économique bien plus profonde, qui touche l’ensemble de nos sociétés ; le visage des changements climatiques, ensuite, avec tout à la fois son cortège d’illustrations dramatiques (les inondations au Pakistan récemment) et ses espoirs : il y a aujourd’hui une prise de conscience planétaire de ces défis, même s’il reste tant de chemin à parcourir.



La réduction du déficit est aujourd’hui un impératif, non pas pour sacrifier à un quelconque dogme, mais pour préserver un modèle économique, social et environnemental, auquel notre société est profondément attachée. L’idée veut, du moins c’est ce qui a tendance à ressortir des articles de presse, qu’écologie ou, si je personnalise, que Borloo rime avec déficit public. Vous savez mon attachement au développement durable. Eh bien, les finances publiques ne sont pas en dehors de son champ ! Il faut dépasser la caricature pour se convaincre qu’il n’y a pas d’opposition entre, d’un côté, réduction du déficit et, de l’autre, politique de transition environnementale.
Un exemple : le bonus/malus écologique sur les voitures. On nous reproche un déficit de 500 M€ en 2009 ; un déficit du même ordre de grandeur cette année. Il est vrai qu’on est loin de l’équilibre mais, pour autant, coûte-t-il vraiment 500 M€ à l’Etat ? Non. C’est oublier que, sur ces 2 années, le bonus/malus a été un puissant dispositif de soutien à notre industrie automobile, un complément indissociable de la prime à la casse. Ensemble, ces deux dispositifs ont préservé l’emploi et, donc, des cotisations et des impôts. Ensemble, ils ont constitué un puissant outil de soutien des ventes, qui a préservé des recettes de TVA.
Qui en parle ?
Personne.
Si vous faites l’analyse, vous vous rendez compte que l’Etat n’est pas perdant, qu’il a regagné en TVA ce qu’il a versé dans le bonus/malus. Au-delà de la seule dimension financière, si vous adoptez une approche socioéconomique, plus juste de la réalité, la France est même largement gagnante !
Pour en revenir aux perspectives de 2011, le budget de ce ministère ne déroge pas à l’exigence de responsabilité. Il s’inscrit pleinement dans l’objectif de maîtrise des dépenses, à la fois budgétaires et fiscales, sans pour autant renoncer, je le souligne, à nos ambitions.

les économies sur le coût des niches fiscales : tout le monde est appelé à contribuer. Sur 75 Md€ de dépenses fiscales, il y a à l’évidence des économies possibles.On s’est beaucoup ému, dans la presse, de la baisse de 10% des crédits d’impôts « verts ». J’assume tout à fait cette baisse. Pour moi, il n’y a rien d’anormal à ce que l’avantage fiscal soit ajusté au même titre qu’un certain nombre d’autres dispositifs - c’est plus la question de l’exception au « rabot » qui devrait faire débat.
La baisse de 10 % ne remet pas en cause l’efficacité des outils que nous nous sommes donnés avec ces crédits d’impôt – 90 % de l’avantage fiscal est maintenu !
Je suis persuadé qu’on trouve un meilleur équilibre entre le coût pour le contribuable et l’incitation économique pour le consommateur ou le propriétaire d’un logement.
les réductions d’effectifs : le ministère a une longue tradition de modernisation. Il a su montrer par le passé qu’il savait s’adapter, à la première puis à la seconde vague de la décentralisation ; il le prouve encore avec le succès de la création de ce grand ministère. Cette réorganisation des structures, qui va de pair avec une modernisation de notre action et une réorientation de nos activités sur les priorités du Grenelle, permet de poursuivre l’effort de réduction des effectifs - ce sont 1.287 emplois qui ne seront pas remplacés en 2011. Il ne s’agit pas de la pure application d’une norme arbitraire : ces réductions d’effectifs s’appuient sur des réformes précises, pertinentes ; elles n’empêchent pas de renforcer les moyens sur les politiques du Grenelle.
la maîtrise des dépenses : ce budget affiche une stricte stabilité de ses moyens en 2011. Ce résultat recouvre, à l’intérieur, une baisse de 2% des crédits budgétaires, compensée par une légère progression des ressources extrabudgétaires (le fonds Barnier notamment).Stabilité ne veut pas dire identité : les économies que nous réalisons, par exemple en diminuant nos dépenses de fonctionnement de 10 % en 3 ans, nous permettent de dégager des moyens supplémentaires sur nos priorités.
Et nos priorités ne changent pas. La première d’entre elles reste bien la rupture du Grenelle Environnement dans notre façon d’envisager les modes de production et les politiques de consommation, pour aller dans le sens d’un développement plus durable. Mon objectif est de consolider aujourd’hui l’avance que nous avons prise avec le Grenelle Environnement.En moins de 2 ans, notre pays a connu des bouleversements dans tous les chantiers que nous avons ouverts : l’énergie, le bâtiment, les transports, la biodiversité, l’agriculture …
La prise de conscience collective, que nous devons à tous les acteurs du Grenelle Environnement, débouche maintenant sur des résultats clairement visibles.

Dans un contexte marqué par une contrainte budgétaire forte, le financement des actions du Grenelle Environnement a ainsi été préservé sur toute la durée couverte par le budget 2011-2013, alors que les autres postes de dépenses devaient globalement être réduits de 10 % :



Ce sont au total 2,3 Md€ qui seront investis sur ces actions d’ici 2013, contre une programmation de 1,7 Md€ initialement prévue en 2008. Par exemple, le fonds « chaleur » sera doté au total de plus de 1,2 Md€ d’ici 2013 : nous ne visions qu’un montant de 1 Md€ initialement ; l’Agence consacrera 700 M€ d’ici 2013 (contre 400 M€ initialement prévus) pour promouvoir une politique de gestion et de valorisation des déchets plus responsable.

Sans cette taxe, nous ne pourrions pas les faire. Nous attendons d’ici la fin de semaine les offres des candidats à l’appel d’offres pour pouvoir confirmer le calendrier précis définitif de mise en place de la taxe poids lourds. Je pense que nous pouvons tenir l’échéance de mi-2012.Au total, nos engagements financiers sont au rendez-vous. Il y a 2 ans, quand je vous avais présenté la programmation financière du Grenelle Environnement pour la période 2009-2011, je vous avais annoncé un engagement de 19 Md€ sur 3 ans (dont 7,3 Md€ en paiements). Nous n’en sommes pas loin ; nous l’avons même dépassé, si je fais abstraction du décalage au début de l’année 2012 du lancement du projet de canal Seine-Nord-Europe.
Cet effort va même en réalité bien au-delà, avec la mise en oeuvre du plan de relance et l’accélération donnée par le grand emprunt.




Sans attendre cette 2ème étape, je signalerais 2 points :

même si le PLF 2011 ne comporte pas de disposition, j’ai l’intention d’aller beaucoup plus vite dans l’évolution du bonus/malus. Nous avions déjà anticipé de 1 an la baisse de 5g du barème en 2011 (elle n’était prévue qu’en 2012). On doit pouvoir aller encore plus loin en 2012 : je ferai des propositions prochainement.


Le grand emprunt vient encore démultiplier l’effort sur le financement de la recherche et les technologies vertes. Comme je l’indiquais à l’instant, près de 6 Md€ sont ainsi plus particulièrement ciblés pour aider des projets porteurs de ruptures technologiques, au service d’une croissance plus durable. Avec ce programme exceptionnel, qui prolonge l’effort déjà sans précédent initié par le Grenelle Environnement, nous nous donnons les moyens d’accélérer notre avance pour faire de la France un acteur incontournable de l’économie verte de demain.

Il va de soi que le discours de Jean-Louis borloo a suscité des réactions au sein de la classe politique...Pour Europe Ecologie, "l’attaque contre le crédit d’impôt écologique symbolise l’absence de stratégie du gouvernement". Dans un communiqué de presse, la formation écologiste dénonce "Alors que le gouvernement s’attaque au crédit d’impôt pour les énergies renouvelables ou les économies d’énergie, l’argent public ne vaut pas cher lorsqu’il s’agit de soutenir des projets d’infrastructures inutiles, d’aider nos grands « champions » du nucléaire, du béton, de l’agriculture intensive… Construction de routes, aéroport Notre-dame-des-Landes, agrocarburants, dérapage financier d’ITER : ce sont des milliards qui sont gaspillés. En refusant d’engager fortement la France dans l’économie verte, on la condamne à une double-peine : on ne réduit en rien la délocalisation des entreprises traditionnelles et on passe à coté des emplois industriels de demain lies à la révolution écologique".
"Face au clientélisme économique et au fatalisme industriel, Europe Ecologie a dévoilé lundi 27 septembre un budget alternatif. Un budget qui, par un impôt juste et écologique et l’abandon des mesures socialement et écologiquement inefficaces, permet à la fois de réduire le déficit de l’Etat de 27 milliards d’euros en 2011 et d’investir 14 milliards dans la conversion écologique de l’économie et dans la solidarité. Au budget dogmatique et court-termiste du gouvernement, Europe Ecologie oppose un budget juste, économe et stratège. C’est dans ce sens que ses député-e-s déposeront des amendements au projet de loi de finances 2011 lors de son examen à l’Assemblée Nationale".

