Grenelle II: une « caisse à outils » à tout casser

Hier, 7 janvier, le ministre d’État et ministre de l’Ecologie de l’Energie du Développement durable et de l’Aménagement du territoire, Jean-Louis Borloo, présentait en conseil des ministres puis à la presse, son projet de loi portant «engagement national pour l’environnement», autrement dit le «Grenelle II». Un texte qui pèse son poids, puisque constitué de 104 articles répartis dans 6 « tiroirs », qui devrait, si tout se passe bien, être inscrit au calendrier parlementaire pour un vote avant l’été, après une procédure d’urgence…

Passé au Conseil d'Etat à la mi-décembre, le projet n'a pas été modifié sur le fond par rapport à sa version de novembre – sauf une réécriture juridique du titre sur la gouvernance - mais un article sur la réforme du régime d'enregistrement des installations classées pour la protection pour l'environnement (ICPE) a été retiré pour être inscrit dans le projet de loi sur le plan de relance, qui devait être discuté à l'Assemblée nationale hier, 7 janvier. L'idée est de créer un régime intermédiaire entre les deux procédures actuelles d'enregistrement, l'autorisation préalable (régime très contraignant concernant les 54 000 établissements les plus pollueurs) ou la simple déclaration d'activité (450 000).

Il est bon de se souvenir que le processus du Grenelle avait réuni des représentants des collectivités territoriales, des associations de protection de l’environnement, des syndicats, des secteurs professionnels et de l’État et qu’il « a conduit à un ensemble d’engagements accepté par tous», a rappelé le ministre.
Alors que le «Grenelle I» sera présenté aux sénateurs le 27 janvier prochain, le «Grenelle II» devrait être examiné en première lecture à l'Assemblée en mars. Une seule lecture par chambre est prévue (urgence déclarée), l’objectif du ministre du ministre de l’Ecologie étant de le faire adopter avant l'été.

Il prévoit aussi l’introduction d'un nouveau chapitre dans le Code de l'environnement dédié à la pollution lumineuse et sonore. Cette disposition élargit le rôle de l'Autorité de contrôle des nuisances sonores aéroportuaires (Acnusa) qui deviendrait l'Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires.
Il introduit également dans le Code de l’environnement le principe d’une surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les lieux recevant du public ou des populations sensibles.

Le projet de loi prévoit notamment l’instauration d’une filière de responsabilité élargie du producteur (REP) aux déchets d'activité de soins à risques infectieux (DASRI). Déja, l’avant-projet de loi Grenelle II prévoyait d’instaurer une filière de responsabilité élargie du producteur (REP) aux déchets d’activité de soins à risques infectieux (Dasri). L’exposé des motifs indique qu’un projet de décret a déjà été notifié à la Commission européenne et devrait être examiné d’ici peu en Conseil d’Etat. Des boîtes adaptées au conditionnement de ces déchets devraient être distribuées gratuitement aux patients, qui devront être rapportées –une fois pleines– en pharmacies ou officines. Enlèvement et traitement seront à la charge des producteurs.
Dans le respect de l'avant projet un article prévoit aussi d'imposer, progressivement et à partir de 2012, un tri, à des fins de valorisation, aux grands producteurs et détenteurs de déchets organiques: restaurants de grande taille, les marchés et les grands espaces verts. Son organisation doit être déterminée par un décret en Conseil d’Etat.

Des plans de gestion des déchets issus de la démolition et de la construction d’un bâtiment devront être réalisés dans tous les départements sur le même modèle que les plans départementaux de gestion des déchets ménagers. Avant la démolition de bâtiments, la réalisation d’un diagnostic relatif à la gestion des déchets devient obligatoire.

Il prévoit notamment l'obligation et les collectivités de plus de 500 000 habitants (et les entreprises de plus de 500 salariés), d'établir un bilan de leurs émissions de gaz à effets de serre (GES). Il contraint également toutes les collectivités de plus de 50 000 habitants à adopter des plans climats territoriaux d’ici 2013.




Soumis en effet à amendements et promis à de longues heures de discussion, cet énorme texte - qui touche déjà à tout - va encore grossir lors de son passage au parlement et changer, sans doute, fortement sous l’effet de tel ou tel lobby. Ensuite, il faudra attendre encore plusieurs mois (au minimum…) avant la publication de tous les décrets et arrêtés d’application.

