Guyane : incendie d'une décharge sujette à caution

Le 23/09/2019 à 18:48  

Guyane : incendie d'une décharge sujette à caution

Décharge illégale en Guyane (photo AFP Archives J. Amiet) A l'ouest du département, Maripasoula, une commune de plus de 12 000 habitants, dont bon nombre sont incommodés depuis quelques jours, par les fumées résultant d'un incendie qui s'est déclaré dans une décharge illégale (dont l'existence avait été condamnée en 2007 par l'Union européenne), ce qui pourrait raviver les débats entre l'Etat et la communauté de communes : le collège accueillant 700 élèves a été fermé jusqu'à ce lundi au moins...

 La Communauté de Communes de l'Ouest Guyanais a annoncé la fermeture du collège de la commune de Maripasoula, située au coeur du Parc Amazonien de la Guyane, en raison de l'incendie survenu en début de semaine dernière, dans une décharge illégale, générant des fumées jugées potentiellement toxiques, le site ayant réceptionné des produits dangereux pour la santé.
L'incendie a pris depuis mardi sur ce site, implanté à proximité du bourg de cette commune forestière et fluviale de plus de 12.000 habitants, se plaignant de longue date des mouches, comme de l'odeur. Selon un communiqué du syndicat Se Unsa, "des fumées envahissent le collège et plusieurs quartiers de la ville depuis quelques jours". Et "compte-tenu des nuisances que produisent ces fumées" sur le personnel et les élèves du collège (700 collégiens), "l'établissement est fermé jusqu'à lundi", a confirmé le rectorat de Guyane.
"L'agence régionale de santé, en alerte, n'a pas été saisie de signalements pouvant laisser craindre à des intoxications aigües", a par ailleurs indiqué  la CCOG, qui intervient "depuis jeudi" sur cet incendie pour "ensevelir les zones incandescentes" et poursuivra son action "jusqu'à la suppression des fumées et la stabilisation de la situation".

 la gestion des déchets y est pour le moins chaotique et depuis des années. Condamnée le 29 mars 2007 par la Cour de justice de l'Union européenne par arrêté pour manquement d’État face à l'existence de décharges illégales ou incontrôlées en Guyane, la France devait se mettre en conformité avant 2011.
En 2010, la préfecture de Guyane a pris la maîtrise d'ouvrage déléguée et mené des opérations consistant en la mise en oeuvre d'un plan d'urgence (7 millions d'euros) pour créer des plateformes de gestion des déchets (dans les trois communes concernées par la condamnation), lesquelles ont été livrées avec 4 ans de retard, pour finalement n'être jamais utilisées car "les investissements portés par l’État (...) ne comprennent pas la mise à disposition d’une puissance électrique suffisante pour leur mise en route", ne cesse de déplorer la communauté de communes, qui refuse de reprendre la compétences déchets sur le Maroni (fleuve qui fait office de frontière entre la Guyane et le Suriname jusqu'à son embouchure commune avec le fleuve Mana) et attend de l’Etat un engagement sur "l’impossible équation financière" de ce plan d'urgence, "chiffré à 1,78 M€ par an", tandis que la préfecture soutient que la CCOG "n'a pas avancé" sur le dossier global "malgré les fonds d'investissement mobilisés et alors qu'elle s'y était engagée". 

 On est pas sorti d'affaire... la persistance de ces profonds désaccords entre l'Etat et la CCOG quant au financement de la gestion des déchets étant aussi, liée en partie au fait que l'ex président de la Communauté de Communes,  Léon Bertrand, ancien ministre, a été condamné pour favoritisme et corruption passive dans une affaire de marchés frauduleux.
Et c'est ainsi que pendant que l'on poursuit ce dialogue de sourds et que l'on se renvoie la balle, le site continue de réceptionner des déchets déversés par les bennes à ordures, aggravant d'autant la situation (30 000 tonnes y seraient stockées, ou plutôt éparpillées, à l'air libre et à même le sol), ce qui a encore été constaté récemment, alors que le ministre de la Transition écologique François de Rugy était attendu en Guyane le 13 juin dernier.