La grande conso deviendrait-elle écolo???

Le 15/11/2007 à 16:14  

La grande conso deviendrait-elle écolo???

Supermarché La grande consommation se mobilise avec Eco-Emballages pour la prévention et le recyclage. En attendant le concret, le Grenelle et ses conclusions aura peut être eu pour mérite de faire réfléchir… De fait, les sociétés de produits de grande consommation (conditionneurs, importateurs…) semblent se mobiliser aux côtés d’Eco-Emballages pour réduire les déchets d’emballages ménagers à la source, augmenter le taux de recyclage, promouvoir l’usage des matériaux recyclés et sensibiliser les consommateurs. Assisterions-nous aux prémisses d’une révolution ??? Un début de réponse était apporté le 7 novembre dernier…

L’ANIA (Association Nationale des Industries Alimentaires) et l’ILEC (Institut de Liaisons et d’Etudes des industries de Consommation) s’associent avec Eco-Emballages dans un partenariat étroit qui vise, d’ici à 2012, à :

contribuer à la réduction des déchets à hauteur de 1kg/an/habitant,

augmenter, par paliers, le taux de recyclage des emballages ménagers à 75%

introduire progressivement des matériaux recyclés (jusqu’à 25%) dans les bouteilles et flacons en plastique.

A cette fin, les sociétés de produits de grande consommation demandent aux pouvoirs publics de soutenir leurs actions en instaurant une fiscalité locale incitative sur les ordures ménagères, de mener des campagnes de sensibilisation du grand public sur la défense de l’environnement, et de lever les barrières réglementaires existantes, conditions indispensables à la poursuite des efforts accomplis.


Souvenons nous… Il y a quelques années, Antoine Riboud et Jean-Louis Beffa, deux grands patrons de l’agro-alimentaire et de l’emballage, remettaient des rapports qui ont fait couler beaucoup d’encre. Dans la foulée, on adoptait un décret et on assistait à la naissance du premier éco-organisme de France, Eco Emballages. C’était en 1992…

Cette année là, comme dit la chanson, un groupe de sociétés de la grande consommation s’engageait auprès des pouvoirs publics pour valoriser les déchets d’emballages ménagers et mettre en place la collecte sélective via l’entreprise Eco-Emballages. Quinze ans après, le tri des emballages ménagers appartient au quotidien des Français et le recyclage des emballages s’est développé, alors même que les quantités d’emballages mises sur le marché ont baissé et que la prévention donnerait des résultats encourageants :

Les déchets d’emballages ménagers représentent moins de 5 millions de tonnes annuelles, sur les 46 millions de tonnes de déchets municipaux et les 849 millions de tonnes de déchets nationaux (source Ademe) ;

75 % des Français citent le tri comme le premier geste pour réduire les déchets, défendre l’environnement et éviter le gaspillage ;

60 % des tonnes d’emballages ménagers sont recyclés (dont une bouteille en plastique sur deux), alors que l’objectif européen n’est que de 55 % en 2008 ;

Les emballages représentent seulement 25 % de la poubelle des ménages, alors qu’ils contribuent à hauteur des deux tiers à la performance française en matière de recyclage des ordures ménagères (19 %)

C’est le seul flux de déchets dont le tonnage a diminué entre 1994 et 2006 (4,6 à 4,4 millions de tonnes), tandis que la consommation, mesurée par le PIB, augmentait de 25% sur la même période ;

Entre 2003 et 2006, et pour la première fois, la quantité de déchets d’emballages ménagers a diminué de près d’un demi-milliard d’unités.

Soucieux de participer à la dynamique initiée par le Grenelle de l’environnement, et avec le soutien des pouvoirs publics, l’ANIA et l’ILEC souhaitent aujoud'hui initier, avec le soutien d’Eco- Emballages, les actions suivantes pour réduire les déchets d’emballages ménagers :

Amplifier le recours à l’éco-conception des emballages en évaluant les résultats obtenus. Ces mesures s’inscrivent dans le cadre d’une contribution à l’objectif national de réduction des déchets au moins égale à 1kg/an/habitant.

- Poursuivre la réduction à la source en organisant 3 500 jours d'accompagnement des PME, en partenariat avec l'ESIEC, à l’horizon 2010 ;

- Réaliser 1 000 diagnostics sur des sites industriels de grandes et moyennes entreprises, d'ici 2011 ;

- Mener, d'ici 2010, 100 démarches globales d'éco-conception dans les grandes et moyennes entreprises n’ayant pas encore engagé ce type d’initiative.

- Suivre et concrétiser les progrès de la Recherche & Développement : modélisation informatique globale de la « fonction emballage », puces RFID… ;

- Engager, dans certaines branches professionnelles, des opérations chiffrées et planifiées de réduction à la source d’emballages ménagers et industriels : suremballages, écorecharges, etc. ;

- Réduire la consommation de matière partout où cela a du sens écologiquement et économiquement, y compris par l’usage d’emballages de transport réutilisables.

Renforcer les actions engagées dans le tri et le recyclage des emballages ménagers

- Promouvoir une réforme nationale de la fiscalité locale en matière d’ordures ménagères (notamment par la mise en place effective d’une taxation incitative et de la redevance spéciale artisans-commerçants). Cette mesure permettrait d’augmenter le taux de recyclage des emballages ménagers à 75 % en 2012 (60 % en 2006,

65 % en 2008, 70 % en 2010).

- Créer sur la base du Point Vert une signalétique harmonisée volontaire pour les emballages ménagers destinés au tri et au recyclage et/ou qui contiennent des matières recyclées.

- Elaborer des actions en partenariat avec les collectivités locales selon trois axes : harmoniser les consignes de tri sur l’ensemble du territoire (généralisation du bac jaune), optimiser les opérations locales de collecte et de tri, améliorer la collecte sélective en habitat vertical.

Mieux informer les consommateurs-citoyens et les sensibiliser à leur rôle dans la prévention des déchets

- Elaborer, en coordination avec les pouvoirs publics, un plan de communication qui viserait tant à promouvoir et maintenir les gestes de tri, qu’à informer les citoyens sur les efforts mesurables de prévention menés par des industriels ;

- Créer un site internet "bien trier.fr" destiné au grand public : consignes de tri par collectivité locale, informations sur les gestes éco-responsables, exemples de réduction à la source, performances de tri par collectivité locale, exemples de produits recyclés, etc. ;

- En vue de la présidence française de l’Union européenne, dès juillet 2008, étudier l’élaboration d’un référentiel d’informations environnementales relatives à l’emballage sur le principe de la « méthode de type carbone » en partenariat avec l’ADEME et en tenant compte des développements européens. Afin d’être un repère fiable et utile au consommateur, et dans un souci d'équité entre les acteurs, celui-ci devra faire l’unanimité et son usage être strictement encadré.

Promouvoir l’usage du recyclé. Cà, c'est la cerise sur le gateau. Il semblerait que l'on comprenne enfin que recyclé ne sert à rien si le produit ne trouve pas de débouché...

- Signer une « Charte des adhérents à Eco-Emballages », centrée sur l’utilisation de matières recyclées, l’éco-conception des emballages, et le respect de l’environnement ;

- Introduire progressivement jusqu’à 25 % de matériaux recyclés dans des emballages en plastique grand public (bouteilles et flacons), dès lors que les approvisionnements seront sécurisés, certaines barrières réglementaires et techniques levées (notamment problématique du contact alimentaire), et dans la mesure où ils contribuent réellement à améliorer l’écobilan global des produits ;

- En conséquence, améliorer le fonctionnement économique des marchés secondaires aujourd’hui trop marqués par la phase initiale de mise en place de la filière recyclage.

Pour concrétiser cette phase d’approfondissement et lui donner un poids correspondant à celui des enjeux, l’ANIA, l’ILEC et Eco-Emballages vont concevoir dans les six mois un rapport destiné au gouvernement. Y seront évaluées avec soin les conséquences de ces propositions sur l’emploi, en particulier l’emploi de proximité.

La mise en oeuvre de ce plan sera suivie par un comité de pilotage ad hoc, composé de ses signataires, qui pourront consulter des représentants des autres acteurs de la chaîne de l’emballage dont l’Interfilières matériaux et le CNE (Conseil National de l’Emballage). L’avancée de ses réalisations sera communiquée aux pouvoirs publics.